Léon Daudet
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Nom de naissance | Alphonse Marie Vincent Léon Daudet |
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Naissance | 16 novembre 1867 Paris |
Décès | 30 juin 1942(à 74 ans) Saint-Rémy-de-Provence (Bouches-du-Rhône) |
Activité principale | écrivain, journaliste, homme politique |
Genres | Romans, Essais, Critiques, Pamphlets, Mémoires |
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Œuvres principales
Souvenirs des milieux littéraires, politiques, artistiques et médicaux (six volumes), 1914-1921
Léon Daudet[1] est un écrivain, journaliste et homme politique français, né le 16 novembre 1867 dans le 4e arrondissement de Paris[2] et mort le 30 juin 1942(à 74 ans) à Saint-Rémy-de-Provence.
Républicain converti au monarchisme, antidreyfusard et nationaliste clérical, député de Paris de 1919 à 1924, il fut l'une des principales figures politiques de l'Action française et l'un des collaborateurs les plus connus du journal du mouvement.
La bibliographie des œuvres de cet écrivain engagé et prolifique est énorme : plus de 300 notices sur le catalogue de la BNF. Son œuvre de mémorialiste est conséquent, six volumes de « souvenirs » de 1880 à 1921, « prodigieux Souvenirs », comme disait Marcel Proust, qui ajoutait : « Les ressemblances entre Saint-Simon et Léon Daudet sont nombreuses : la plus profonde me semble l'alternance, et l'égale réussite, des portraits magnifiquement atroces et des portraits doux, vénérants, nobles[3]. »
Sommaire
1 De la République à l'antidreyfusisme
2 Le polémiste de l'Action française
3 Député de Paris, mort de Philippe Daudet et emprisonnement
4 Les années 1930 et Vichy
5 Léon Daudet, écrivain
6 Extraits des Souvenirs : quelques portraits
7 Œuvre
7.1 Romans
7.2 Essais
7.3 Pamphlets
7.4 Mémoires
7.5 Souvenirs à la mémoire de son père
8 Notes et références
9 Voir aussi
9.1 Articles connexes
9.2 Bibliographie
9.3 Liens externes
De la République à l'antidreyfusisme |
Léon Daudet est le fils aîné de l'écrivain Alphonse Daudet et de son épouse, Julia née Allard, le frère de Lucien Daudet et d'Edmée Daudet, future Mme André Germain. Son père, écrivain renommé mais aussi homme enjoué et chaleureux, a beaucoup d'amis. Les réceptions du jeudi de Mme Daudet attirent de nombreuses personnalités du monde de la culture. « Fils d'un écrivain célèbre et qui avait non seulement le goût, mais la passion des échantillons humains, depuis le vagabond de la route jusqu'au plus raffiné des artistes, j'ai été en relation avec beaucoup de gens[4] ». Aussi Léon fréquente-t-il dès son enfance des écrivains et des journalistes, les uns, comme Gustave Flaubert, visiteurs épisodiques, les autres, comme Edmond de Goncourt, presque membres de la famille. Maurice Barrès, Émile Zola, Édouard Drumont, Guy de Maupassant, Ernest Renan, Arthur Meyer, Gambetta, entre autres, marquent ses souvenirs d’enfance. Il est également ami de jeunesse de Marcel Proust, alors inconnu.
Quoique ayant bénéficié, lors de ses débuts à Paris, de la protection de l'impératrice Eugénie et du duc de Morny, Alphonse Daudet se targue de sentiments républicains, qu'il communique à son fils. Les grands hommes, chez les Daudet, outre la figure tutélaire de Victor Hugo, sont successivement Gambetta et Clemenceau. Au soir de la victoire électorale de Boulanger à Paris, le 27 janvier 1889, Léon Daudet et ses camarades étudiants lancent à tue-tête, dans les rues du Quartier Latin, des slogans hostiles au général.
Déjà, Léon Daudet est sensible aux sirènes de l'antisémitisme. La révélation antisémite lui est donnée dès 1886 par la lecture de La France juive, d'Édouard Drumont, que son père fait publier chez Flammarion et Marpon la même année. Dès lors, il le promeut au rang des grands génies de son temps. Eugen Weber parle d'une adhésion à la ligue antisémite dès la fin de la crise boulangiste, sans citer de source.
Après de brillantes études au lycée Louis-le-Grand, où il reçoit l'enseignement du philosophe kantien Auguste Burdeau, qui a déjà été, à Nancy, le professeur de Maurice Barrès, et qui entreprend une carrière parlementaire et ministérielle, il entame en 1885, des études de médecine qu'il mène jusqu'au bout, thèse exceptée. Il voit de l’intérieur le monde médical et fréquente des sommités comme Charcot jusqu’à son échec au concours de l'internat, en 1891. Cette expérience lui permet d'écrire Les Morticoles (1894), caricature amère du monde médical, qui le fait connaître.
Son premier roman, L'Héritier, paraît en 1892, en feuilleton dans La Nouvelle Revue de Juliette Adam. En 1900, il est critique de théâtre au journal Le Soleil, collabore au Gaulois et à La Libre Parole. Il débute ainsi une carrière d'écrivain et de journaliste qu'il continue à un rythme enfiévré jusqu’à sa mort : il laisse environ 9 000 articles et 128 livres dont une trentaine de romans, une quinzaine d'essais philosophiques, des ouvrages de critique littéraire, des pamphlets (une dizaine), de l'histoire, et enfin ses Souvenirs, publiés avec succès de 1914 à 1921 qui restent son premier titre de renommée littéraire.
Le 12 février 1891, à Paris, il épouse Jeanne Hugo, petite-fille de Victor Hugo (celle-là même que le poète a célébrée dans L'art d'être grand-père), sœur de son meilleur ami Georges Hugo, à la mairie du XVIe arrondissement[5]. Le mariage est civil, Victor Hugo ayant défendu à sa descendance la pratique du mariage religieux. Ce mariage lui fait découvrir de l'intérieur le monde qui gravite autour du poète national : sa famille et le parti républicain. Le beau-père de son épouse est Édouard Lockroy, homme de gauche, député de 1871 à 1913, ministre de 1886 à 1899. Ils ont un fils, Charles Daudet (1892-1960), mais le ménage n'est pas heureux et, le 21 décembre 1894, Jeanne quitte le domicile conjugal. Le divorce est prononcé l'année suivante. Jeanne Hugo épouse en secondes noces l'explorateur Jean-Baptiste Charcot, puis en troisièmes noces un capitaine grec, Michel Négroponte. Pour expliquer l'antiparlementarisme et l'antirépublicanisme de Léon Daudet, Eugen Weber a parlé de réaction contre le clan Hugo et de haine pour Lockroy. Cette thèse en vérité ne semble pas sérieuse: si, dans ses Souvenirs, spécialement dans Fantômes et Vivants, Léon Daudet exprime souvent un mépris violent pour les républicains, précisément Lockroy, qu'il apprécie par plusieurs côtés, fait exception. D'ailleurs, il explique d'où vient le républicanisme de sa jeunesse, bien avant d'entrer dans le clan Hugo ; c'était le résultat de son éducation : « J'étais élevé dans le respect, ou mieux dans la vénération de Hugo. Tous deux poètes, tous deux romantiques, tous deux républicains à la façon de 48, mes grands-parents maternels savaient par cœur Les Châtiments, La Légende des siècles, Les Misérables. Ils eussent mis à la porte quiconque se serait permis la moindre appréciation ironique sur L'Histoire d'un crime. Mon père et ma mère étaient dans les mêmes sentiments ».
Quelques jours après le départ de Jeanne, Léon Daudet, accompagné de Maurice Barrès, assiste, pour le compte du Figaro, à la dégradation du capitaine Dreyfus. L'article qu'il rédige alors fait forte impression, tant l'écrivain y verse son venin méprisant de polémiste. Ses formules sont restées célèbres : « il n'a plus d'âge. Il n'a plus de nom. Il est couleur traître. Sa face est terreuse, aplatie et basse, sans apparence de remords, étrangère à coup sûr, épave de ghetto » (Le Figaro, 6 janvier 1895). Léon Daudet reste toute sa vie persuadé de la culpabilité de Dreyfus.
La publication de la brochure de Bernard Lazare, en novembre 1896, ne l'ébranle pas. Ce n'est pas le cas de tous, parmi son entourage. Le 7 décembre 1897, il assiste au premier dîner des balzaciens, au cours duquel la rupture est consommée entre écrivains dreyfusards (Zola, France) et antidreyfusards (Barrès, Coppée, Bourget). Si Zola est encore de ceux qui, quelques jours plus tard, portent les cordons du poêle, aux obsèques d'Alphonse Daudet, Léon le poursuit bientôt de sa haine, surtout après la publication du J'accuse. Alors qu'il est à même, plus tard, de reconnaître les vertus littéraires d'un Gide ou d'un Céline, il ne cesse de dénoncer l'influence néfaste de Zola sur la littérature et s'obstine à le surnommer « le Grand Fécal ».
S'il est encore républicain, Léon Daudet s'affiche alors clairement comme nationaliste et clérical. Le 19 janvier 1899, il assiste, avec sa mère, à la première réunion de la Ligue de la Patrie française, dont l'un comme l'autre ont été parmi les premiers adhérents. La même année, il entre dans la rédaction du Soleil, puis, en 1900, dans celles du Gaulois et de la Libre parole. Là, il se livre sans retenue au combat antidreyfusard et nationaliste, regrettant que ses appels à la résistance violente contre les ennemis de la Patrie et de la Religion ne soient pas suffisamment relayés par la presse dans laquelle il s'exprime. Ses attaques personnelles lui valent de multiplier les duels. Le premier l'oppose, en 1901, au député socialiste Gérault-Richard. En 1901 toujours, son antiparlementarisme s'exprime dans un ouvrage polémique : Le Pays des parlementeurs.
Émancipé de l'ombre tutélaire de son père, Léon Daudet est devenu un homme d'influence. Exécuteur testamentaire d'Edmond de Goncourt, il est chargé, en 1900, au terme d'un procès avec les héritiers de l'écrivain, de mettre sur pied l'Académie Goncourt, dont il est élu l'un des dix membres. Au printemps 1903, il entre dans le comité exécutif de la Fédération nationale antijuive de Drumont, sans pour autant s'engager dans un militantisme actif.
Le polémiste de l'Action française |
Bien qu'il connût déjà Charles Maurras et Henri Vaugeois, c'est sa rencontre en 1904 avec le duc d'Orléans qui décide de sa vocation monarchiste, vocation renforcée par son mariage, en 1903, avec sa cousine Marthe Allard, qui partage ses idées.
L'affaire des fiches (1904), suivie de l'affaire Syveton, dans laquelle il s'obstine à voir un assassinat, renforcent son engagement dans la politique réactionnaire et anti-parlementaire. En 1908, il est l'un des fondateurs, avec Charles Maurras, Henri Vaugeois et Maurice Pujo, du quotidien L'Action française dont le financement est largement assuré par l'héritage que son épouse reçoit de la comtesse de Loynes, l'égérie de Lemaître et de la Ligue de la patrie française, dont il fréquente le salon. Il devient éditorialiste et rédacteur en chef, puis codirecteur à partir de 1917, tandis que son épouse tient la rubrique culinaire sous le pseudonyme de « Pampille ».
Léon Daudet est dès lors une figure de la vie culturelle et politique : articles polémiques au style populaire, vif et amusant, charriant les injures, voire les appels au meurtre, mais aussi essais, livres d'histoire et romans se succèdent à un rythme soutenu. Le personnage est un colosse truculent, sanguin, pittoresque, mangeant, buvant (plusieurs bouteilles de bourgogne par repas), écrivant, discourant sans cesse. Celui qu'on surnomme « le gros Léon » défraye la chronique, autant par ses écrits que par les duels que lui valent ses insultes et les coups qu'il donne ou reçoit au cours de manifestations qui se terminent souvent au poste.
À partir de 1912, il entame une campagne dénonçant une prétendue infiltration des milieux des affaires et de la politique par des agents à la solde de l'Allemagne, campagne pour laquelle il produit de faux documents, ce qui lui vaut d'être condamné pour diffamation en 1920[6],[7]. Il continue cependant à répandre des accusations, souvent à tort[8], qui mènent à l'arrestation de Miguel Almereyda (affaire du Bonnet rouge et du Chèque Duval) pendant la Première Guerre mondiale en 1917, suivie de celles de Malvy et de Caillaux, accusés de forfaiture et qu'il aurait voulu voir fusillés en compagnie d’Aristide Briand. Toutes ses allégations furent « entièrement réfutées. »[9] Son livre L'Avant-Guerre, paru le 5 mars 1913, voit ses ventes passer de 12 000 exemplaires à 20 000 au début du conflit. Entre la fin de l'année 1914 et le début de l'année 1916, il s'en vend 50 000 exemplaires de plus. C'est grâce à la persévérance de Léon Daudet que l'enquête contre Malvy sera poursuivie, condamnant Malvy à l'exil pour trahison. Les allégations de Léon Daudet seront confirmées par l'enquête judiciaire.
Aristide Briand, onze fois Président du Conseil, huit fois ministre des Affaires étrangères, est véritablement sa « tête de turc », qui avait inspiré à Clemenceau ces mots : « Un cabinet qui parle de la guerre sans jamais la faire » et « un pur-sang (lui) ne peut faire attelage avec une grenouille ».
Briand personnifie à ses yeux « la nocivité de la démocratie » et justifie sa haine du régime républicain. Dans ses mémoires politiques, il ne cesse de le traîner dans la boue, le faisant passer pour une « gouape », voire un « maquereau » ou un « souteneur ». Il justifie ces injures par une affaire d'outrage à la pudeur commis au « pré de Toutes Aides », quartier actuellement bien connu de Saint-Nazaire, où Briand aurait trempé, et qui l'aurait fait condamner par le tribunal de Redon à un mois de prison avec sursis, le 2 novembre 1891. Ce jugement aurait été confirmé par la cour d'appel de Rennes, le 2 février 1892, avant d'être définitivement annulé par le tribunal de Poitiers, quelques années plus tard. Cette justification semble évidente dans un article du journal bonapartiste de l'époque L'Autorité (dont la devise était : « Pour Dieu, Pour la France »), interpellant tout à la fois Louis Lépine, Préfet de police, Georges Clemenceau, Président du Conseil, et dont le Ministre de la Justice, lors de la parution de l'article en question, les 13 et 14 mai 1908, n'était autre qu'Aristide Briand lui-même[10].
Député de Paris, mort de Philippe Daudet et emprisonnement |
Léon Daudet | |
Léon Daudet en 1922. | |
Fonctions | |
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Député 1919-1924 | |
Gouvernement | IIIe république |
Groupe politique | Indépendants |
Biographie | |
Résidence | Seine |
modifier |
De 1919 à 1924, il est député[11] de l'Union nationale à Paris, principal porte-parole des nationalistes et, même s'il estime plus tard avoir perdu là quatre ans et demi de sa vie, les occasions ne lui manquent pas d'animer les débats par ses boutades et ses invectives. Il est battu en 1924. Lire à propos de cette période Député de Paris, publié vers 1932.
En 1923, son fils Philippe, âgé de quatorze ans, fait une fugue, tente de s'embarquer au Havre pour le Canada, puis rentre à Paris, où il prend contact avec des milieux anarchistes[12]. Quelques jours plus tard, il se suicide dans un taxi. Une lettre à sa mère annonçait son intention de mettre fin à ses jours. Léon Daudet affirme dans un premier temps que son fils est mort d'une méningite, puis, quand le suicide est rendu public, il refuse toujours de l'admettre, soutient que son fils a été assassiné et porte plainte pour homicide volontaire et complicité contre plusieurs hauts fonctionnaires de la Sûreté Générale, accusée d'être une police politique au service du régime républicain. Le procès ayant confirmé le suicide et conclu à un non-lieu contre les inculpés, Léon Daudet refuse le verdict. Une « enquête » est publiée jour après jour dans l'Action française. Accusant de faux témoignage un des principaux témoins, il est condamné pour diffamation en 1925 à cinq mois de prison ferme.
En 1927, ayant épuisé tous les recours et se disant victime d'une machination policière, Léon Daudet transforme pendant quelques jours les locaux de l'Action française en Fort Chabrol avant de se rendre. Incarcéré à la Santé, il est libéré deux mois plus tard par les Camelots du roi qui sont parvenus, grâce à Charlotte Montard, ancienne standardiste aux P&T, à détourner les communications téléphoniques de la prison et déployant les dons d'imitateur de Pierre Lecœur, à faire croire à son directeur M. Catry que le ministre de l'intérieur Albert Sarraut lui ordonnait d'élargir discrètement Léon Daudet, Joseph Delest et, pour faire bonne mesure, le député communiste Pierre Sémard.
Suivent deux ans d'exil à Bruxelles, durant lesquels il continue sa collaboration avec le quotidien monarchiste et la publication effrénée d'essais, de pamphlets, de souvenirs et de romans. En 1929, il écrit que l'antisémitisme ne fait plus partie de sa personnalité :
« En ce qui concerne l'antisémitisme, il y a belle lurette que j'en suis détaché de toutes manières […] et que le développement de mon être intérieur m'a plutôt porté à essayer de comprendre Israël et la raison de ses coutumes et de leur persistance qu'à la maudire. Je ris quand j'apprends que des personnes me croient encore dans le même état moral vis-à-vis des fils de Sem qu'il y a trente ou vingt-cinq ans. […] Dans toute cette affaire de décomposition et de l'enjuivement de l'État français, c'est la démocratie qui est coupable et non le juif. Cela Drumont n'a jamais voulu le comprendre, pas plus qu'il n'a voulu admettre que la thèse des deux races, l'une envahissante — le Franc — l'autre envahie — le Gaulois — anéantie par Fustel de Coulanges, était une erreur. »
— Léon Daudet dans Paris vécu, rive droite[13]
Les années 1930 et Vichy |
De retour à Paris après avoir été gracié, il reprend sa place au journal et participe activement à la vie politique : il dénonce la corruption du régime, il prédit la guerre, soutient le fascisme de Mussolini, mais redoute le relèvement de l’Allemagne et espère, lors de la manifestation du 6 février 1934, la chute de la République (la « Gueuse »), dénonçant Camille Chautemps (démissionnaire de la présidence du conseil depuis quelques jours en raison de l'affaire Stavisky) comme le « chef d'une bande de voleurs et d'assassins »[14]. Sa mère meurt en avril 1940 à l'âge de 95 ans.
Il souhaitait depuis plusieurs années l'arrivée du maréchal Pétain au pouvoir lorsque la défaite amène, pour reprendre l'expression de Charles Maurras, la « divine surprise ». Mais l'occupation allemande désole cet antigermanique viscéral. Son antisémitisme demeure virulent jusqu'à la Seconde guerre mondiale, comme l'atteste sa chronique quotidienne dans l'Action française où il dénonce sans relâche « le Juif Blum » — sa bête noire tout au long des années 1930 —, « le parasitisme juif », « la Guerre judéo-soviétique d'Espagne », etc.[15]
Il meurt en 1942 à Saint-Rémy-de-Provence, dans le pays des Lettres de mon moulin. Sa tombe est visible au cimetière de Saint-Rémy.
Léon Daudet, écrivain |
Il entreprend la rédaction de ses Mémoires à quarante-sept ans en 1914, voulant offrir à ses lecteurs « un tableau véridique sans l’atténuation qu’apporte aux jugements un âge avancé ». Il les intitule Souvenirs des milieux littéraires, politiques, artistiques et médicaux. Il a, dès son enfance, côtoyé des écrivains (du salon d’Alphonse Daudet au grenier Goncourt, du salon de Mme de Loynes à la création de l'Académie Goncourt), des scientifiques, des hommes politiques, des journalistes (du Gaulois au Figaro), des hommes de théâtre, et a été proche de nombre d'entre eux. Son sens de l'observation, son style enlevé et sa férocité lui ont permis de graver à l’eau forte des milliers de pages de portraits et d’anecdotes qu'on dirait saisis sur le vif.
« Nul n’a su comme lui faire le portrait au vitriol de ses contemporains, esquisser une silhouette en quelques traits mordants, décerner des surnoms qui collent à la peau, trouver la formule assassine qui étend raide l’adversaire, décrire avec une verve prodigieuse les ridicules d’un salon, d’une académie, d’une assemblée parlementaire, d’un tribunal, évoquer l’ambiance hallucinante des hôpitaux de sa jeunesse. Tout un monde, toute une époque, ressurgissent sous sa plume, avec les couleurs de la vie même. », rappelle Bernard Oudin, qui a établi les notes de l'édition de Léon Daudet : souvenirs et polémiques dans la collection Bouquins (1992).
Si ses romans - il poursuit toute sa vie une carrière de romancier avec un insuccès littéraire à peu près total - ont beaucoup vieilli, si son œuvre de polémiste ne suscite plus l'intérêt, ses Souvenirs restent une mine pour tous ceux que la IIIe République intéresse. Ils révèlent un réel bonheur d'écriture, surtout lorsqu'il s'agit de traîner dans la boue tel ou tel de ses ennemis politiques, notamment parmi les juifs et les dreyfusards. Comme si son incontestable talent ne pouvait s'épanouir que sur le terreau de la contestation, de la contradiction.
Mais ses jugements à l'emporte-pièce et ses partis pris souvent dictés par ses haines politiques n'empêchent pas des opinions originales et un anticonformisme qui l’a parfois fait classer dans les « anarchistes de droite », et lui a même permis de défendre des œuvres ou des auteurs auxquels son entourage traditionaliste était hostile. Ainsi a-t-il fait obtenir en 1919 le Prix Goncourt à Marcel Proust (pourtant de mère juive et surtout dreyfusard) qui le lisait et est resté son ami (Proust lui dédie Le côté de Guermantes), tenté sans succès de le faire attribuer à Céline pour Voyage au bout de la nuit, ouvrage alors honni par les patriotes, écrit, au grand dam de son clan, un article élogieux sur André Gide, loué Picasso et confié « qu'il n'a pas connu d'idéaliste plus complet que Marcel Schwob », alors que celui-ci était juif et dreyfusard.
Il a également poursuivi une œuvre essayiste à caractère philosophique, cherchant à lier les sciences naturelles aux humanités, qui l'a amené à développer toute une réflexion sur la présence et l'évolution des représentations culturelles à partir de substrats naturels, le conduisant à formuler une théorie de l'hérédisme, notamment à travers plusieurs ouvrages publiés entre 1916 et 1935[16]. Ces travaux annoncent non seulement ceux de Jean Piaget, Gilbert Durand et Pierre Debray, mais aussi ceux d'Anne Ancelin Schützenberger et de Serge Lebovici : la présence inconsciente des ancêtres et leurs troubles agirait sur les descendants[17].
Extraits des Souvenirs : quelques portraits |
- Marcel Proust au restaurant Weber entre 1900 et 1905 (Salons et Journaux, chap. IX)
« Vers 7 heures et demie arrivait chez Weber un jeune homme pâle, aux yeux de biche, suçant ou tripotant une moitié de sa moustache brune et tombante, entouré de lainages comme un bibelot chinois. Il demandait une grappe de raisin, un verre d’eau et déclarait qu’il venait de se lever, qu’il avait la grippe, qu’il s’allait recoucher, que le bruit lui faisait mal, jetait autour de lui des regards inquiets, puis moqueurs, en fin de compte éclatait d’un rire enchanté et restait. Bientôt sortaient de ses lèvres, proférées sur un ton hésitant et hâtif, des remarques d’une extraordinaire nouveauté et des aperçus d’une finesse diabolique. Ses images imprévues voletaient à la cime des choses et des gens, ainsi qu’une musique supérieure, comme on raconte qu’il arrivait à la taverne du Globe, entre les compagnons du divin Shakespeare. Il tenait de Mercutio et de Puck, suivant plusieurs pensées à la fois, agile à s’excuser d’être aimable, rongé de scrupules ironiques, naturellement complexe, frémissant et soyeux. C’était l’auteur de ce livre original, souvent ahurissant, plein de promesses : Du côté de chez Swann, c’était Marcel Proust. »
- Robert de Montesquiou au grenier Goncourt vers 1890 (Fantômes et Vivants, chap. V)
« Robert de Montesquiou, qui s’est depuis terriblement banalisé et galvaudé – conséquence fatale de l’amour de la célébrité – passait pour un être rare, lointain, distant et fermé […] L’homme était mystérieux comme l’auteur, long et mince, sans âge, tel que verni pour l’éternité, les rides du front savamment déplissées, habillé avec ce goût rarissime qui aboutit à un ensemble neutre par l’harmonie, le fondu de détails voyants, fleuri quant à la boutonnière, et aussi quant au discours. Il racontait, comme pour des adeptes, de longues et fastidieuses anecdotes consacrées à des arcanes mondains, méprisables mais inaccessibles, bafoués, mais à la façon des idoles ; puis, vers la fin de son monologue, le comte à écouter debout éclatait d’un rire aigu de femme pâmée. Aussitôt, comme pris de remords, il mettait sa main devant sa bouche et cambrait le torse en arrière, jusqu’à ce que son incompréhensible joie fût éteinte, comme s’il eût lâché un gaz hilarant. »
- Joris-Karl Huysmans au même grenier Goncourt
« J.-K. Huysmans, familier de Goncourt, était silencieux et grave comme un oiseau de nuit. Mince et légèrement voûté, il avait le nez courbé, les yeux enfoncés, le cheveu rare, la bouche longue et sinueuse, cachée sous la moustache floche, la peau grise et des mains fines de bijoutier ciseleur. Sa conversation, ordinairement crépusculaire, était toute en exclamations écœurées, dégoûtées sur les choses et les gens de son époque, qu’il exécrait également, qu’il maudissait, depuis la décadence de la cuisine et l’invention des sauces toutes préparées, jusqu’à la forme des chapeaux. A la lettre, il vomissait son siècle et le parcourait frileusement, comme un écorché vif, souffrant des contacts, des atmosphères, de la sottise ambiante, de la banalité et de l’originalité feinte, de l’anticléricalisme et du bigotisme, de l’architecture des ingénieurs et de la sculpture « bien-pensante », de la tour Eiffel et de l’imagerie religieuse du quartier Saint-Sulpice. […] Il fallait voir Huysmans, acculé par un raseur dans un coin du « grenier » Goncourt, allumant une cigarette, comme pour chasser un insecte, cherchant à s’évader par petits pas feutrés, et coulant vers son interlocuteur un regard de martyr qui eût voulu se faire bourreau. Un jour que j’étais arrivé à le dégager : « Merci, me dit-il, pour mes rotules ; je pensais ne jamais pouvoir les décoller de cet ignoble individu. » Il ne ménageait pas les termes, je vous assure, et ses coups de griffe laissaient, en général, cinq raies sanglantes sur le museau de son fâcheux. »
- Un dîner chez la princesse Mathilde vers 1890 (Fantômes et Vivants, chap. V)
« La princesse, à laquelle chacun s’accordait – je ne sais pourquoi – à trouver grand air, était une vieille et lourde dame, au visage impérieux plus qu’impérial, qui avait le tort de se décolleter. On citait d’elle des mots d’une brutalité assez joviale, notamment le cri fameux : « Nous qui avons eu un militaire dans la famille… ». En dépit de Taine, Renan et Sainte-Beuve, elle était demeurée épaisse et sommaire. Je l’ai vue ne parlant plus guère, fixant sur ses invités à la ronde des yeux bovins et méfiants. […] Edmond de Goncourt, afin de me faire briller, me demanda de conter une farce d’hôpital, que je sabotai et qui n’amusa personne. L’ennui immense pleuvait du plafond sur la table chargée d’aigles, de verreries et de fleurs, sur les convives, qui peinaient pour animer ce cimetière d’une société jadis brillante, sur la maîtresse de maison déjà lointaine, sur les mollets rebondis des larbins. On sortit de la table mortuaire, où la nourriture, je dois l’ajouter, était à la fois exécrable et parée, le poisson, sans goût ni sauce, prenant la forme d’une côtelette, et le rôti baignant sur une eau saumâtre, comme si le bœuf était demeuré toute la nuit assis dans une mare. »
- Portrait du comte Fleury, chargé de l'importante rubrique des « mondanités » au journal "bien-pensant" Le Gaulois dont Arthur Meyer est le directeur (Fantômes et Vivants, chap. IV)
« Pendant ma collaboration au Gaulois – dont la comédie perpétuelle m’enchantait - le « mondanitaire » en chef était le comte Fleury, fils d’un favori à la cour impériale, homme long, maigre, amer pareil à un casse-noix ébréché et privé de tout agrément. Il était non seulement recommandé, mais ordonné au dit Fleury d’assister à la plupart des cérémonies qu’il narrait quotidiennement aux lecteurs du Gaulois. On le voyait correct et sinistre, la tête dressée, tenant son haut-de-forme au bout de son parapluie, dans tous les cortèges nuptiaux ou funèbres à la mode. Chaque jour, il saluait deux cents fois et serrait cent cinquante mains. Quelquefois convié aux dîners somptueux – tout au moins sur le papier – dont il célébrait la composition et les menus, il devait plus habituellement se contenter de la soirée, de cette invraisemblable soirée mondaine stéréotypée, où des messieurs chauves jouent au bridge, puis conversent, d’un air malicieux, avec de jeunes personnes à transparence de bougie de luxe, lesquelles font semblant de rire de leurs propos ; où de vieilles dames écroulées s’entretiennent de la dernière pièce issue d’Henri Lavedan et du dernier roman pondu par Marcel Prévost. »
« Meyer exigeait de lui, comme de ses prédécesseurs, qu’il fût constamment en habit, à partir de sept heures du soir. Par la porte ouverte de son cabinet, on voyait l’infortuné, courbé en deux, alignant les bronzes et les sautoirs exposés à la noce de Untel, rappelant les hauts faits des ancêtres du nouveau marié, de la nouvelle mariée. […] Parfois, un des admis aux « mondanités » apportait lui-même sa notice, avec le tableau de ses alliances et la nomenclature des cadeaux. Alors Fleury, tout pâle et courbé jusqu’à terre, relisait ces magnificences d’une voix nasillarde, extasiée, comme si c’était pour lui que s’ouvrait la cataracte d’encriers de vermeil et de sucriers de cristal taillé promis aux tête-à-tête des conjoints. […] Un jour, il y eut un affreux scandale. Un typographe facétieux et spirituel – comme il n’en manque pas chez les Parigots – remplaça ce cadeau, un serpent qui se mord le dos, sujet en bronze et en argent, par cet autre : un sergent qui se mord le dos, sujet en bronze et en argent. Le numéro du Gaulois fit prime, à cause de cet incomparable coquille. Meyer en demeura sombre pendant tout un jour. Je ne sais s’il diminua à cette occasion les appointements de Fleury. »
Jules Massenet (Fantômes et vivants, chapitre premier):
« Je n'en dirai pas autant de Jules Massenet, mélange singulier de puérilisme, de science, d'énervement sexuel et de comédie. On le voyait arriver la mine au vent, l'air inquiet, les cheveux plats, rejetés en arrière, les mains dans les poches de son veston, mâchonnant toujours quelque chose qui finissait en compliment excessif. Incapable d'observation, n'ayant pas le temps de faire un choix, il partait de ce principe que les humains aiment les douceurs et qu'il faut les gaver de sucre jusqu'à l’écœurement. Il n'y manquait point. Quand il avait félicité sur leurs mines et sur leurs travaux toutes les personnes présentes, il se jetait dans un fauteuil et contrefaisait le petit enfant qui a soif et qui veut du lolo, ou le chien-chien à sa mémère qui désirerait un gâteau sec. On lui versait le lait et le thé, on lui donnait le gâteau. Il marmottait en jetant des miettes et buvotait, riant, contant des fariboles inachevées, inachevables et toujours louangeant. Les vieilles dames musicophiles accouraient minaudières, empressées, montrant ces architectures dévastées ou branlantes que l'on appelle euphémiquement de beaux restes. Massenet les traitait comme si elles avaient eu vingt ans, les couvrait de fleurs et de couronnes. Néanmoins son œil agile, franchissant le cercle de ces portraits de famille, cherchait la jolie et la jeune pour de bon, modestement demeurée en arrière. Quand il l'avait trouvée, il bondissait vers elle, se jetait à quatre pattes, dansait la pyrrhique, bref se signalait par mille folies, à la stupeur amusée ou hérissée de celle qui devenait aussitôt son point de mire, sa Dulcinée. Le sincère de la chose était une sensualité inflammable d'oiseau-lyre ou de paon qui fait la roue. Ses yeux pâmés et frivoles criaient, imploraient : « là, tout de suite ! ». Mais comme il y a des convenances mondaines et aussi des incompatibilités, comme les maris sont quelques fois là, comme l'existence est faite de traverses, il cherchait, vite résigné, une dérivation dans la musique et contait sa peine au piano. Là il était incomparable. »
- Le mandarinat médical : Charcot et ses collaborateurs à la Salpêtrière : Brissaud, Féré, Marie, Ballet, puis Gréhant au Muséum (Souvenirs)
« Charcot, avec un front trop bas, avait la rectitude du visage d’un Bonaparte replet, et j’imagine que cette presque ressemblance, soigneusement cultivée, influa sur ses manières et sur son destin. Je n’ai pas connu d’homme plus autoritaire, ni qui fît peser sur son entourage un despotisme plus ombrageux. Il suffisait, pour être fixé, de le voir, à sa table, promener un regard circulaire et méfiant sur ses élèves ou de l’entendre leur couper la parole d’un ton bref. (...) La sottise horripilait ce maître et son besoin de domination faisait qu’il était environné de médiocres. La fréquentation des écrivains et des artistes lui était donc un stimulant et un repos. (...) Autour de Charcot lmperator, comme une garde d’honneur, fidèle, soumise, éprouvée, se tenaient ses élèves, ses préférés. Leur situation n’était pas commode. Il leur fallait être laborieux, cela va sans dire, zélés dans le service, attentifs. Une certaine initiative, une certaine originalité leur étaient permises, à condition qu’elles n’allassent point contre les opinions et théories du maître. Toute dérogation aux doctrines établies par lui, concernant l’aphasie et la grande hystérie, l’ataxie et la sclérose en plaques par exemple, était considérée comme une trahison et punie comme telle. Il en est résulté un arrêt, une stupeur de vingt ans dans la pathologie nerveuse, qui compense amplement les découvertes de Charcot. (...)
Au fond, Brissaud fut un sentimental, un romanesque, prisonnier d’une école et d’un maître qui ne convenaient pas à son tempérament. D’où, vers la fin de sa vie, m’a-t-on raconté, un grand malaise. Chose étrange, il est mort d’une pachyméningite cérébrale, d’une lésion de l’organe qui l’avait toujours occupé et auquel il avait consacré des leçons souvent magnifiques. Tel Trousseau diagnostiquant son propre cancer par la phlébite symptomatique qu’il avait le premier décrite. On dirait que, chez certains médecins, le mal commençant s’impose à leur esprit et que leur cas particulier les tourmente d’abord sourdement, sous l’aspect de l’intérêt scientifique général.
L’aliéniste Féré était sommaire, taciturne et brutal. Imaginez un colosse velu, aux mains larges comme des côtelettes de veau, à l’œil terne, à la parole hésitante. Il ânonnait le syllabaire de la Salpétrière, sans y changer un mot. Je plains les malheureux déments qui sont depuis tombés sous sa coupe, qu’il a camisolés, gavés, trempés dans l’eau froide ou chaude, nourris de morphine et de bromure, soumis aux exercices fallacieux qui sont d’usage dans les maisons de fous. (...)
Les agrégés Marie et Ballet étaient, chacun dans son genre, des hommes ponctuels et raisonnables, assez sympathiques mais privés de génie et même d’originalité. Ils sont demeurés de bons élèves de Charcot, comme ils eussent été, dans d’autres professions, de bons élèves de Bétolaud, de bons employés de Chauchard ou de bons architectes ou de bons commerçants. Il ne leur est jamais venu à la pensée que le foie, le rein, le pédoncule cérébral pouvaient être construits autrement que ne l’avait décrété Charcot, ni se comporter autrement que ne l’avait établi Charcot. Comment supposeraient-ils une seule minute que ces organes osent désobéir quelquefois à Charcot, alors qu’eux-mêmes ont toujours accepté, même après sa mort, ses impérieuses directions ? (...)
Par contraste, et dès le début de mes études, il me fut donné de connaître un tout petit coin de la science française d’autrefois, alors que le mandarinat et les concours n’avaient pas encore desséché la veine de nos physiologistes et de nos anatomistes. Je veux parler du laboratoire de Gréhant au Jardin des Plantes, perdu dans la verdure, entre les ours et les blaireaux, formé de quelques corps de bâtiments juxtaposés, auxquels on accédait par une petite barrière, munie d’une sonnette dont j’entends encore le tintement. Le bras droit de l’aimable et bon Gréhant était le Dr Artaud, à qui m’avait recommandé Paul Belon, son camarade. J’ai passé là des heures exquises et laborieuses, recevant des conseils et des enseignements qui n’ont jamais quitté ma mémoire. »
Œuvre |
Romans |
1893 : L'Astre noir [1]
1894 : Les Morticoles, G. Charpentier et E. Fasquelle [rééd. Valère 1939, avec des illustrations de Lucien Boucher; Fasquelle 1956 ; Grasset, Les Cahiers rouges, 1994] [2]
1895 : Les Kamtchatka [3]
1896 : Le Voyage de Shakespeare
1896 : Suzanne
1897 : La Flamme et l'Ombre [4]
1899 : Sébastien Gouvès (roman contemporain)
1900 : La Romance du temps présent
1901 : Les Deux Étreintes [5]
1905 : Le Partage de l'enfant (roman contemporain)
1906 : Les Primaires (roman contemporain)
1907 : Un sauvetage
1907 : La Lutte (roman d'une guérison) [6]
1911 : La Mésentente (roman de mœurs conjugales)
1912 : Ceux qui montent (roman contemporain)
1912 : Le Lit de Procuste (roman contemporain)
1913 : La Fausse Étoile (roman contemporain)
1916 : La Vermine du monde (roman de l'espionnage allemand)
1917 : Le Cœur et l'Absence (roman du temps de guerre)
1917 : Le Bonheur d'être riche (roman)
1919 : Dans la lumière (roman contemporain)
1920 : L'amour est un songe
1921 : L'Entremetteuse (roman contemporain)
1922 : Sylla et son destin (récit de jadis et de toujours) [7]
1924 : Le Drame des Jardies (roman contemporain) [8]
1927 : Le Napus, fléau de l'an 2227, Ernest Flammarion (dystopie) [9]
1929 : Le Cœur brûlé
1931 : Les Bacchantes (roman contemporain)
1933 : Un amour de Rabelais
1935 : Médée
1937 : Phryné ou Désir et Remords (roman contemporain)
1938 : Les Lys sanglants (roman historique)
Essais |
1896 : Les idées en marche
1913 : L'Avant-guerre
1915 : Contre l'Esprit allemand. De Kant à Krupp, Paris, Bloud et Gay (64 p.)
1915 : Hors du joug allemand. Mesures d'après-guerre
1916 : L'Hérédo, Paris, Bernard Grasset.
1919 : Le monde des Images, suite de L'Hérédo
1922 : Le Stupide XIXe siècle
1927 : À boire et à manger, établi sous la direction de Charles Forot, dessins de Jos Jullien ; Éditions du Pigeonnier, collection Guirlande du pigeonnier, St Félicien en Vivarais. Édition Originale tirée à 160 exemplaires
Écrivains et artistes (huit volumes) :
1927 : Tome premier : Shakespeare - Rabelais - Ronsard - Molière - Léonard de Vinci - Auguste Rodin - Félix Masseau - Claude Monet - Dostoïevsky - Frédéric Mistral - Les Hauts de Hurle-Vent - Théodore Aubanel.
1928 : Tome deuxième : Baudelaire - Beethoven - Berlioz - Bizet - Stendhal – Prosper Mérimée - Flaubert - Barbey d’Aurevilly - Maupassant - Zola - Pierre Loti - Sainte-Beuve - Les faux chefs-d’œuvre.
1928 : Tome troisième : Marcel Proust - P.-J. Toulet - Santiago Rusiñol - Pol Neveux - Georges Hugo - François Coppée - Henry Céard - Gustave Geffroy - Anatole Le Braz - Rosny Aîné - Lucien Daudet - Pierre Benoit.
1928 : Tome quatrième : Maurice Barrès - Paul Bourget - Abel Hermant - Raoul Ponchon - Robert-Louis Stevenson - Thomas Hardy - Paul Morand - Eugène Marsan - Louis Chadourne - Du talent littéraire - Joseph Kessel - Henri Béraud - Georges Bernanos - Georges Grappe - Henri Longnon - Abel Bonnard - Paul Valéry - Édouard Manet - Critiques d’art.
1929 : Tome cinquième : Balzac - Victor Hugo - Oscar Wilde - André Antoine - Paul Hervieu - Mounet-Sully - Henry Bataille - Réjane - Georges Courteline - Maurice Donnay - Porto-Riche - Sarah Bernhardt - Alphonse Daudet - Henri Becque - Alexandre Dumas Fils - Francisque Sarcey - Ibsen - François de Curel - Maurice Mæterlinck - Lucien Dubech - Madame Cécile Sorel - La Loïe Fuller.
1929 : Tome sixième : Charles Maurras - Jacques Bainville - Henri Massis - Jerôme et Jean Tharaud - Louis Dumur - René Benjamin - Jehan Sennep.
1929 : Tome septième : Charles Le Goffic « Dixmude » - Henri Duteil. De Sauret la Honte à Mangin le Boucher - Camille Bellaigue. Propos de musique et de guerre - Maurice Mæterlinck - Marcel Schwob - Alfred Capus - De la conversation chez les écrivains - La mort d’André Beaunier - M. Louis Andrieux - L’unique dîner « Balzac » - À propos d’Anatole France. J.-J. Brousson, Marcel Le Goff - Pierre Gaxotte. Histoire de la Révolution française - Adrien de Meeüs. Histoire de la Belgique - La question de l’esprit - Livres rois et maîtres livres.
1929 : Tome huitième : Sur la misère du théâtre contemporain - Le théâtre, le public et la critique - Le théâtre et le cinéma - Shakespeare et le cinéma - À propos de Carpeaux - Une exposition d’Antoine Bourdelle - Eugenio d’Ors : Goya - Palacio Valdès : Le roman d’un romancier - René Béhaine : Avec les yeux de l’esprit - Contes et conteurs - Le temps, les écrivains, les livres - « Dessus de pendule » - La correspondance des écrivains et leur personnalité - À propos de Mme de Sévigné - À propos de Lady Hamilton - Une enfance provençale - La première… parce que la plus vraie - Ceux du trimard - Le deuxième goût - Léo Larguier : Avant le déluge - Le centenaire de Faust.
1928 : Courrier des Pays-Bas, Paris, Bernard Grasset [rééd. Grasset, 2000]
- tome 1 : La Ronde de nuit, Paris, Bernard Grasset.
- tome 2 : Les Horreurs de la guerre, Paris, Bernard Grasset.
- tome 3 : Mélancholia, Paris, Bernard Grasset.
- tome 4 : Les Pèlerins d'Emmaüs, Paris, Bernard Grasset.
1930 : Flammes (Polémique et Polémistes, Proudhon, les châtiments, Rochefort et Vallès, Clemenceau, Léon Bloy)
1933 : "Notre Provence", 1933, en collaboration avec Charles Maurras
1936 : Panorama de la IIIe République
1936 : Bréviaire du journalisme
1939 : Deux idoles sanguinaires. La révolution et son fils Bonaparte. Paris, Albin Michel, 1939. Édition numérique.- Réédition 8 volumes Ecrivains et Artistes. Paris, ditions Séguier, 2017.
Pamphlets |
1923 : La Chambre nationale du 16 novembre, portraits et tendances
1930 : Le Nain de Lorraine (Raymond Poincaré)
1930 : Le Garde des Sceaux (Louis Barthou)
1930 : Le Voyou de Passage (Aristide Briand) (sobriquet donné par G. Clemenceau à A. Briand, repris ensuite par L. Daudet)
Les Effondrements sociaux (quatre volumes) :
1930 : Vers d'Académie et vers de presse
1930 : Termites parlementaires
1931 : Les Humanités et la culture
1931 : Le Palais de police
Mémoires |
Souvenirs des milieux littéraires, politiques, artistiques et médicaux (six volumes) :
1914 : Fantômes et Vivants, 1914 (période 1880-1890 : Alphonse Daudet, Zola, Hugo, Goncourt)
1915 : Devant la douleur (études de médecine, maladie de son père)
1915 : L'Entre-Deux-Guerres (période 1890-1904 : "Le Figaro", Barrès, Schwob, Forain et Caran d'Ache)
1917 : Salons et Journaux (le salon de Mme de Loynes, le journal Le Gaulois, le salon de Mme Bulteau, le restaurant Weber- 1918 : Le Poignard dans le dos (L'affaire Malvy, Almereyda, le Bonnet Rouge, l'influence secrète de Caillaux)
1920 : Au temps de Judas (l'affaire Dreyfus, la ligue de la Patrie française, l'affaire Syveton)
1921 : Vers le roi (l'Action française, l'Académie Goncourt)
1932 : La Pluie de sang (Sur la Première Guerre mondiale 1914-1918)
1933 : Député de Paris (période 1920- 1924, « Chambre Bleu horizon »)
1929- 1930 : Paris vécu (en deux tomes, Rive droite, Rive gauche), écrit en exil à Bruxelles (souvenirs évoqués, non plus selon un ordre chronologique, mais au fil de promenades)
Souvenirs à la mémoire de son père |
1898 : Alphonse Daudet (écrit à la mort de son père)
1940 : Quand vivait mon père (écrit deux ans avant sa propre mort)
Notes et références |
« Mon père Daudet, Léon », sur Bibliothèques spécialisées de la Ville de Paris (consulté le 23 janvier 2018)
Archives de l’état civil de Paris en ligne, mairie du 4e arrondissement, acte de naissance no 3306, année 1867
Cité par K. Haedens dans la préface des Souvenirs Littéraires de Léon Daudet, Grasset, coll. Poche, 1968, p. 9 et 16.
Fantômes et Vivants, p. 1.
Giocanti 2013
Eugen Weber, L'Action française, éd. Hachette, 1985, p. 110.
« L'Action française, 27 décembre 1920 », sur Gallica (consulté le 1er mars 2018)
Eugen Weber, L'Action française, éd. Hachette, 1985, p. 114.
Eugen Weber, L'Action française, éd. Fayard, 1985, p. 127.
Régis Revenin, Homosexualité et Prostitution masculine à Paris : 1870 à 1914, Éditions l'Harmattan
http://www2.assemblee-nationale.fr/sycomore/fiche/%28num_dept%29/2156
Eugen Weber, L'Action française, éd. Fayard, 1985, p. 192.
Chantal Meyer-Plantureux, Les enfants de Shylock, ou l'antisémitisme sur scène, Éditions Complexe, 2005, 269 p., p. 148
Titre de l'éditorial de l'Action française du 10 janvier 1934.
À titre d'exemples, ses chroniques de janvier et février 1939 dans l'Action française.
L'Hérédo: essai sur le drame intérieur (1916), Le Monde des images (1919), Mélancholia (1928), La Recherche du Beau: corps et âme (1932), Les Universaux: essai sur les mouvements et les figures des idées et des passions humaines (1935).
Daniel S. Larangé, L'Hérédo - expression génét(h)ique de la culture: enjeux et dangers d'une métaphore de Léon Daudet, L'Esprit Créateur, vol. 52, N°2 (2012), pp. 25-41.
Voir aussi |
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Articles connexes |
- Académie Goncourt
Action française | Revue d'Action française
- Alphonse Daudet
- Philippe Daudet
- Maurrassisme
Bibliographie |
2017 : Édouard Leduc, Autour d'Alphonse Daudet, Editions Complicités, (ISBN 9782351200711)
Stéphane Giocanti, C'était les Daudet, Flammarion, janvier 2013, 402 p. (ISBN 9782081297678, lire en ligne).
2007 : Francis Bergeron, Léon Daudet, coll. Qui suis-je ?, Éditions Pardès, (ISBN 978-2867143908)
1992 : François Broche, Léon Daudet : le dernier imprécateur, Éditions Robert Laffont, (ISBN 978-2221072073)
1991 : François Maillot, Léon Daudet, député royaliste, Éd. Albatros, (ISBN 978-2727302896)
1988 : Jean-Paul Clébert, Les Daudet, une famille bien française, 1840-1940, Presses de la Renaissance (ISBN 978-2856164549)
1987 : Éric Vatré, Léon Daudet ou le Libre Réactionnaire, Éd. France-Empire, (ISBN 978-2704805617)
Jean-Étienne Dubois, « Enjeux et enseignements des élections intermédiaires au temps du Cartel (1924-1926). L'exemple de Léon Daudet, indésirable sénateur du Maine-et-Loire en juin 1925 », Histoire@Politique, Centre d'histoire de Sciences Po, no 24, 2014, p. 105-118 (lire en ligne).
Olivier Forcade, « L'Action française contre l'espionnage allemand : une rhétorique de la trahison devant l'opinion », Le Temps des médias, no 16 « Espionnage », printemps 2011, p. 9-18 (DOI 10.3917/tdm.016.0009).
Laurent Joly, « Les débuts de l'Action française (1899-1914) ou l'élaboration d'un nationalisme antisémite », Revue historique, Paris, Presses universitaires de France, no 639 « Religion et société », juillet 2006, p. 695-717 (lire en ligne).
Laurent Joly, « D'une guerre l’autre : L'Action française et les Juifs, de l’Union sacrée à la Révolution nationale (1914-1944) », Revue d’histoire moderne et contemporaine, Paris, Belin, nos 59-4, octobre-décembre 2012, p. 97-124 (lire en ligne).
Denis Pernot, « Léon Daudet et le roman de l'anarchiste », Revue d'histoire littéraire de la France, Paris, Presses universitaires de France, no 3 (99e année) « Anarchisme et création littéraire », mai-juin 1999, p. 423-437 (lire en ligne).
Claude Quétel, « Léon Daudet et « L'Hérédo » », Commentaire, Julliard, no 42, été 1988, p. 575-578 (DOI 10.3917/comm.042.0575).
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