Forêt primaire






Troncs morts dans la forêt primaire de Białowieża.




Contrairement à une idée reçue, sauf sur ses lisières une forêt primaire est rarement impénétrable. La flore couvrant le sol, au printemps, peut être riche et dense (Parc national de Białowieża, Pologne).




Le bison, dernier grand herbivore des forêts d'Europe, a été réintroduit dans la forêt de Białowieża.


Une forêt primaire, ou plus couramment une forêt vierge, est une forêt intacte (ou originelle) ou une forêt à haut degré de naturalité n'ayant jamais été détruite ni très exploitée, ni fragmentée ni directement ou manifestement influencée par l'homme.


En zone tropicale (là où la biodiversité forestière est la plus élevée, mais aussi, souvent, là où les pressions humaines sont récemment devenues les plus élevées[1]), une étude de 2011 fondée sur la comparaison de nombreux échantillons de forêts plus ou moins dégradées a conclu que « pour maintenir la biodiversité tropicale, il n'y a pas de substitut possible aux forêts primaires »[1], même si, comme a conclu une autre étude datant aussi de 2011, elles restent néanmoins vitales quand elles sont dégradées[2].


Toutes les forêts anciennes ne sont pas primaires, elles sont dites secondaires quand elles sont régénérées depuis longtemps sur une forêt autrefois détruite ou dégradée, significativement modifiée ou exploitée par l'Homme.




Sommaire






  • 1 Dégradation et recul des forêts primaires


  • 2 Reliques de présences humaines


  • 3 Les grandes forêts primaires dans le monde


  • 4 En Europe


    • 4.1 En France




  • 5 Voir aussi


    • 5.1 Bibliographie


    • 5.2 Articles connexes


    • 5.3 Lien externe




  • 6 Notes et références





Dégradation et recul des forêts primaires |


Les zones de forêts primaires sont de plus en plus rares et relictuelles dans le monde. Elles sont aussi de plus en plus fragmentées et isolées, en particulier dans l'hémisphère nord.

La plupart des forêts dites anciennes n'y couvrent que de très faibles territoires (20 à 300 ha[3]) souvent sur des sols pauvres et acides.


Dans les années 1980, l'Europe a pris conscience de la nécessité d'en protéger les reliques, mais aussi de les intégrer dans un véritable réseau d'aires protégées, dont en Europe via le Conseil de l'Europe[4], dans le cadre d'un réseau écologique paneuropéen, mais ce travail n'a pas été subsidiairement suivi par les États-membres.


Selon le botaniste Francis Hallé, les forêts primaires risquent de disparaître totalement vers 2020 si rien n'est fait pour les protéger[5].



Reliques de présences humaines |


Sauf peut-être sur des îles isolées, toutes les forêts primaires dites vierges conservent quelques traces d'occupation humaine. Les botanistes constatent que des peuples anciens y ont notamment changé la distribution de certaines plantes[6]. Ainsi les palmiers domestiqués sont cinq fois plus susceptibles d'être surreprésentés en Amazonie que les non-domestiqués, surtout autour des vestiges de colonies précolombiennes - ou dans les zones très habitées avant l'arrivée de Christophe Colomb. Des modèles pourraient aider les archéologues avec l’aide de botanistes à découvrir des vestiges de colonies humaines encore inconnus[6]. La part des origines humaines et naturelle de ces espèces reste cependant difficile à établir, car les hommes choisissent aussi des zones riches en ressources où ils peuvent alors créer ou entretenir des conditions favorables aux plantes domestiquées.



Les grandes forêts primaires dans le monde |


Les trois grands pôles de forêts tropicales primaires sont situés :



  • en Amazonie, principalement Brésil, Pérou et Colombie,

  • en République démocratique du Congo (Bassin du Congo),

  • en Indonésie,


qui à eux trois regroupent au moins les deux-tiers des forêts primaires de la planète.


Proche du Brésil, la Guyane française, département français d'Outre-Mer, avec plus de 90 % de forêts primaires, en représente une des zones les plus vastes. Par ailleurs, la Patagonie (Chili et Argentine), la Tasmanie (Australie), l'État de Washington (États-Unis) et la Colombie-Britannique (Canada) possèdent l'essentiel des forêts primaires tempérées.



En Europe |


Sur le continent, des grandes forêts signalées ou décrites par les auteurs de l'Antiquité (forêt d'Ardenne, Forêt Hercynienne), seules subsistent quelques massifs tels que ceux de Białowieża en Pologne et en Biélorussie, Perućica en Bosnie-Herzégovine ou dans l'extrême nord de la Scandinavie et de la Russie ou sur les reliefs de la Roumanie[7]


La laurisylve de Madère a gardé un caractère de forêt primaire par endroits.



En France |


Article connexe : liste des réserves naturelles nationales de France.

Article connexe : Réserves biologiques en France.

Malgré son important patrimoine forestier, la France ne présente presque pas de forêts primaires mais des forêts anciennes, si ce n'est en Guyane. Les réserves intégrales sont généralement choisies par l'ONF dans des forêts anciennes.


Dans une Réserve biologique intégrale (RBDI / RBFI), toutes les opérations sylvicoles sont interdites, sauf cas particulier d'élimination d'essences exotiques invasives ou de sécurisation de cheminements ou voies longeant ou traversant la réserve.


En 1996, une chercheuse dénonçait : « En France, dont près de 15 millions d'hectares sont boisés, le total des réserves intégrales, toutes de trop petite taille, ne dépasse pas 1 000 ha. La plus grande, la réserve du Ventron 300 ha, se situe dans les Hautes Vosges. D'autres forêts, dites subnaturelles, évoluent vers un stade dit naturel à partir d'anciennes prairies, ou par abandon total de la sylviculture »[8].


La situation est de nos jours plus contrastée avec :




  • 64 373 ha à la réserve biologique intégrale de Lucifer Dékou Dékou


  • 2 600 ha à la réserve biologique intégrale de la Sylve d'Argenson


  • 2 531 ha à la réserve biologique intégrale des Maures dans le massif des Maures, où quelques pratiques de cueillette, de chasse et d'apiculture restent autorisées[9]


  • 2 160 ha à la réserve biologique intégrale du Vercors, à Saint-Agnan-en-Vercors et Saint-Andéol[10]



Voir aussi |


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Bibliographie |



  • Annik Schnitzler-Lenoble ; « En Europe, la forêt primaire ; L'extension de vraies réserves forestières est une nécessité scientifique » ; La Recherche.


  • (en) E.W. Jones, « The structure and reproduction of the virgin forest of the North temperate zone », The New Phytologist, 44 , 1945.


  • (en) R.A.A. Oldeman, Forests : elements of silvology, Springer-Verlag, New York, 1990.


  • (en) J.B. Falinski, Vegetation dynamics in temperate lowland primeval forests, Geobotany 8, Kluwer Academic Publishers, Dordrecht, 1986.


  • (en) F.E. Clements, Plant succession, An analysis of the development of vegetation, Carnegie Inst. Washington Publ., 1916 ; H.A. Gleason, « The individualistic concept of the plant association », Bull. Torrey Bar. Club, 53 , 7-26, 1926.

  • D.-Y. Alexandre, « La Survie de la forêt tropicale », La Recherche, 244, juin 1992.


  • (en) C.G.J. Van Steenis, Basic principles of rainforest sociology, Study of tropical vegetation, Actes du colloque de Kandy , Unesco, 1958.

  • R. Carbiener, « Les Écosystèmes forestiers : aspects fonctionnels liés à l'évolution bio-géographique et aux influences anthropiques », Colloques phytosociologiques , XX, 1991.

  • F. Terrasson, La Peur de la nature, Sang de la Terre, 1988.

  • D. Carbiener, Les Arbres qui cachent la forêt, La Gestion forestière à l'épreuve de l'écologie, Edisud, Aix-en-Provence, 1995.


  • (en) L.D. Harris, The Fragmented Forest, Chicago Press, 1984.


  • (en) F. Hallé, A.A. Oldeman et N. Tominson, Tropical Trees and Forests : An Architectural Analysis, Springer, 1978.



Articles connexes |



  • Agro-sylviculture

  • Forêt ancienne


  • Forêt boréale et forêt amazonienne (les plus grandes forêts vierges au monde)

  • Fragmentation des forêts


  • Gestion durable des forêts, FSC


  • Les insectes dans le milieu forestier, scolyte

  • Naturalité (environnement)

  • Paysage naturel


  • Gestion prosilva, Sylviculture, Forêt modèle

  • Produits forestiers autres que le bois

  • Réserve naturelle nationale de la forêt de la Massane



Lien externe |



  • (fr) Note INRA sur les "fragiles reliques de la forêt européenne" (Biodiversié, Science et Gouvernance, Paris 2005)


Notes et références |





  1. a et b(en) Luke Gibson, Tien Ming Lee, Lian Pin Koh, Barry W. Brook, Toby A. Gardner, Jos Barlow, Carlos A. Peres, Corey J. A. Bradshaw, William F. Laurance, Thomas E. Lovejoy, Navjot S. Sodhi, Primary forests are irreplaceable for sustaining tropical biodiversity, Nature, Archive, Volume 478, Issue 7369, 2011


  2. (en)Rhett D. Harrison, Tropical forests: Still vital when degraded; Nature 479, 178-179 doi:10.1038/479178d; 9 November 2011 (résumé en ligne)


  3. Annik Schnitzler-Lenoble ; L'extension de vraies réserves forestières est une nécessité scientifique ; En Europe, la forêt primaire, La Recherche, septembre 1996,


  4. R. Lofgren, « Importance et valeur d'un réseau de grandes forêts protégées. Situation des forêts anciennes naturelles et semi-naturelles d'Europe », Collection Rencontre Environnement, Conseil de l'Europe, 3, 1987.


  5. Marie Salerno, « Le trait d’union homme-nature », sur lejsl.com, 13 janvier 2011(consulté le 15 janvier 2012)


  6. a et bErin Ross (2017) Amazon rainforest was shaped by an ancient hunger for fruits and nuts ; People living in the area thousands of years ago may have changed the forest around them in ways that are still visible today. nature News, publiée le 2 mars 2017 doi:10.1038/nature.2017.21576


  7. Giurgiu, V., Donita, N., Bandiu, C., Radu, S., Cenusa, R., Dissescu, R., Stoiculescu, C., & Biris, I.A. (2001), Les forêts vierges de Roumanie. Asbl Forêt wallonne, Belgique


  8. Annik Schnitzler-Lenoble, « En Europe, la forêt primaire », La Recherche, no 290,‎ septembre 1996, p. 68 (lire en ligne)


  9. Arrêté du 18 juin 2008 portant création de la réserve biologique intégrale et réglementant les activités humaines dans la série d’intérêt écologique général de la forêt domaniale des Maures


  10. Arrêté du 16 octobre 2009 portant création de la réserve biologique intégrale du Vercors




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