Catégorisation
La catégorisation est une activité mentale qui consiste à placer un ensemble d'objets dans différentes catégories (classes, types, taxons) en fonction de leurs similarités ou de critères communs.
Il s'agit d'un processus cognitif fondamental dans la perception et la compréhension de concepts et d'objets, dans la prise de décision et dans toutes les formes d'interaction avec l'environnement[1]. Une catégorie cognitive est un ensemble d’objets « considérés comme équivalents » [réf. nécessaire], d'une certain point de vue, par l’individu.
Si catégorisation et classification sont à la base synonymes, le terme « classification » s'applique essentiellement aux processus et structures mathématiques ou techniques permettant la catégorisation, tandis que le terme « catégorisation » s'applique plutôt aux aspects psychologiques et au concept lui-même [réf. nécessaire]. Le terme « catégorisation » englobe de ce point de vue la constitution des classes ou catégories (pas au sens mathématique de ce terme) [réf. nécessaire].
Sommaire
1 Principe de catégorisation
2 Approche classique
3 Sciences cognitives
4 Organisation hiérarchique
5 Organisation en réseau
6 Modèles de catégorisation
7 Processus de catégorisation
8 Dynamique
9 Références
Principe de catégorisation |
Il s’agit de stocker l’information en la structurant de manière mémorisable et opérante[2].
Selon l’approche logique, une catégorie est définie sur la base d’une relation d’appartenance permettant de dire si oui ou non un élément appartient à une catégorie[3].
La catégorisation se révèle être une activité cognitive consistant à regrouper des objets ou des événements non identiques dans des catégories[4]. Il existe différentes approches de la catégorisation.
Approche classique |
Selon l'approche classique aristotélicienne, les catégories sont des entités discrètes qui se définissent par un ensemble de caractéristiques communes aux éléments qui les constituent. Ces caractéristiques sont les conditions à la fois nécessaires et suffisantes pour la constitution du sens lié à la catégorie.
Sciences cognitives |
Au cours des années 1970, les recherches de Eleanor Rosch et George Lakoff en particulier ont amené l'idée que la catégorisation peut être vue comme un processus fondé sur des prototypes. La théorie du prototype part ainsi du principe qu'une catégorisation n'est jamais idéalement réalisée mais s'approche graduellement d'un prototype ou modèle abstrait. En ce sens, cette approche s'éloigne de la conception aristotélicienne, alors que dans l'approche classique, un oiseau serait défini par un ensemble nécessaire et suffisant de caractéristiques (par exemple les ailes, les plumes, le bec, etc.). Dans la seconde approche, un moineau représente un meilleur prototype d'oiseau qu'un pingouin, et un ours se distingue trop du prototype idéal pour être catégorisé comme « oiseau ».
Organisation hiérarchique |
La catégorisation peut également être organisée hiérarchiquement. En particulier dans le cas des taxinomies chaque classe est associée à des « sous-classes » ou classes filles ainsi qu'à des « sur-classes » ou classes mères. Même avec cette structure, il existe des cas problématiques, pour lesquels il est difficile de définir précisément la classe dans laquelle ils doivent être rangés.
Le contenu, ou sens, d'une classe ainsi que sa portée, ou étendue, se définissent réciproquement. Les classes les plus générales ont une grande portée, mais un sens vague. Au contraire, les classes les plus spécifiques ont une portée très restreinte, mais un sens plus précis. Ainsi, le terme « mobilier » englobe une plus grande variété d'objets que le terme « chaise » (portée) et a une signification plus vague (sens).
Ces catégories cognitives sont hiérarchisées, c'est-à-dire que chaque catégorie est incluse dans la catégorie d’ordre supérieur. Les catégories les plus abstraites et les plus génériques correspondent aux catégories les plus englobantes[5].
Au sein de cette catégorisation, on trouve différents niveaux :
- Le niveau de base (ou niveau de référence) utilisé dans le traitement des informations
- Les catégories super-ordonnées
- Les catégories supra-ordonnées
Organisation en réseau |
Elle admet que les connaissances ne peuvent pas être dissociées et « rangées » dans des catégories indépendantes. Elles sont toutes liées les unes aux autres par des relations d’intensité variable. Selon Mervis et Rosch (1981)[6], la catégorisation se révèle être une activité cognitive consistant à regrouper des objets ou des événements non identiques dans des catégories, une catégorie cognitive étant un ensemble d’objets « considérés comme équivalents » par l’individu.
Barsalou (1983), souligne qu’il existe des catégories naturelles (ou taxonomiques) qui obéissent à l’organisation hiérarchique, et des catégories « ad hoc », dont la structure tend à s’approcher des réseaux, regroupant des éléments issus de différentes catégories naturelles mais répondant à un même but.
Modèles de catégorisation |
Les individus adoptent de manière consciente ou inconsciente l'un des modèles suivants pour effectuer un choix ou une comparaison de caractéristiques.
- La catégorisation par attributs : l’élément est affecté à la catégorie avec laquelle il a le plus grand nombre d’attributs en commun. L'analyse en composantes (componential analysis) correspond à cette méthode. Par exemple pour la catégorie "chat" on liste des traits comme "poil doux", "yeux oblongs", "oreilles triangulaires".
- La catégorisation prototypique (théorie du prototype) : la catégorie est organisée autour d’un élément central fictif, le prototype, résumé de la catégorie. La classification s'opère à partir de représentants typiques. L’appartenance d’un objet à la catégorie est déterminée par sa similitude au prototype, par un "air de famille". Par exemple pour la catégorie "chat" on se réfère au "chat de gouttière". Cette méthode a été développée par Eleanor Rosch pour les couleurs[7], par Brent Berlin[8] en ethnobiologie. Le prototype s'organise autour d'une moyenne : on se fonde sur les chats rencontrés, peut-être très différents de chats d'un autre continent.
- La catégorisation par l’exemplaire : la catégorie est organisée autour d’un de ses membres réel, l’exemplaire, qui définit au mieux, aux yeux de l’individu, la catégorie. La similitude d’un objet à l’exemplaire détermine l’appartenance de l’objet à sa catégorie.[9] Par exemple pour la catégorie chat on se réfère à d'autres exemples de la catégorie, stockés en mémoire : un persan est classé comme chat car il ressemble à des exemples en mémoire de la catégorie chat.
Processus de catégorisation |
Le processus de classification peut être holistique ou analytique
- Le processus holistique : Rosch et Mervis (1975) ont proposé le modèle prototypique des catégories cognitives. En se fondant sur la typicalité ou la similarité les individus font leur évaluation. Cette dernière ne se fait pas par le biais d’une analyse de différents attributs mais selon un processus global.
- Le processus analytique : il s'agit de comparer directement les attributs et non plus de recourir à un processus global. La catégorisation s’appuie sur la similarité entre les caractéristiques associées au stimulus et aux catégories cognitives existantes[10]
Dynamique |
L'apprentissage est l'ajout de nouveaux concepts, notamment dans l'acquisition du langage). Le nouveau concept ne pourra cependant être retenu que s'il est mis en relation avec des concepts existants. La catégorisation forme ainsi un système dans lequel chaque élément est défini notamment par ses relations avec les autres éléments du système : un ours n'est pas un oiseau car il se rapproche plus du prototype de l'ours que du prototype de l'oiseau. Plus le degré de connectivité est élevé et plus le nombre de connexions entre des termes qui sont pour d'autres personnes faiblement apparentés est grand, plus la créativité d'un individu est grande.
L'oubli est l'affaiblissement, voire la perte, de connexions (voir amnésie).
Le rêve est décrit par certains scientifiques comme une forme de test du système conceptuel pendant le sommeil. Par le rêve peuvent apparaître de nouvelles connexions, ou des connexions existantes être renforcées ou affaiblies.
Références |
M. I. Jordan et S. Russel: 'Categorization'. In: The MIT Encyclopedia of the Cognitive Sciences. The MIT Press, Cambridge, Massachusetts. 1999, S. 104-106.
Ladwein, 1995 « Catégories cognitives et jugement de typicalité en comportement du consommateur », recherche et applications en marketing, 10(2), 89-100.[1]
Piaget, 1972
Mervis et Rosch, 1981
Collins et Quillian 1969
Mervis, C. B., & Rosch, E. (1981). Categorization of natural objects. In M. R. Rosenzweig & L. W. Porter (Eds.), Annual Review of Psychology (Vol. 32).
Eleanor Rosch, Cognition and Categorization, Hillsdale (N. J.), 1978, p. 28-49.
Brent Berlin et Elois Ann Berlin, Ethnobiological Classification, Princeton University Press, 1992
D. L. Medin et M. M. Schaffer, "Context Theory of Classification Learning", Psychological Review, vol. 85, n° 3 (1978), p. 207-238.
Medin et Schaffer, 1978
(de) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en allemand intitulé « Kategorisierung (Kognitionswissenschaft) » (voir la liste des auteurs).
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