Liturgie des Heures
La liturgie des Heures est une prière quotidienne chrétienne, répartie en plusieurs moments de la journée, appelés offices. Il y a de 3 à 8 offices par jour selon les systèmes (3 à 7 pour les laïcs). La liturgie des Heures a pris de nombreuses formes au fil des siècles, suivant les diverses confessions chrétiennes, mais le principe est resté le même : prier tout au long de la journée afin de « prier sans cesse ».
Sommaire
1 Définitions et terminologie
2 Composition catholique actuelle
2.1 Office séculier
2.2 Office monastique
3 Structure d'un Office
4 Bibliographie
5 Articles connexes
6 Liens externes
7 Dictionnaires en ligne
8 Références bibliographiques
9 Notes et références
Définitions et terminologie |
Il existe plusieurs appellations : « liturgie des Heures », « prière des Heures », « office divin », « bréviaire ». Deux autres désignations sont courantes : opus Dei, « horloge » (Églises orientales et orthodoxes). « L’office divin, d’après l’antique tradition chrétienne, est constitué de telle façon que tout le déroulement du jour et de la nuit soit consacré par la louange de Dieu. » (Concile Vatican II[sc 1])
Composition catholique actuelle |
Office séculier |
Les fidèles pratiquants prient tout ou partie de la liturgie des Heures et y sont fortement invités depuis le dernier Concile. Les prêtres et les diacres s'engagent eux à prier toute la liturgie des Heures. Cette liturgie des Heures est simplifiée par rapport à l'Office monastique. Prime est supprimé. Une seule des trois Petites Heures (Tierce, Sexte, None) est désormais obligatoire dans la célébration en dehors du chœur (Office du milieu du jour) On considère généralement trois prières obligatoires par jour, surtout pendant les Solennités et pendant les Temps de l'Avent ou de Carême. Les psaumes sont répartis sur quatre semaines. L'office des Vigiles ou Matines, initialement destiné à sanctifier la fin de la nuit, a été supprimé lors de la récente réforme liturgique pour être remplacé par un "office des lectures" qui n'a plus - comme tel - vocation à sanctifier un moment précis de la journée et peut être célébré à toute heure.[1]
La liturgie séculière actuelle :
Lectures : entre minuit et le lever du jour
Laudes : à l'aube
Tierce (troisième heure après le levant) : à 9 heures
Sexte (sixième heure après le levant) : à midi environ
None (neuvième heure après le levant) : à 15 heures environ
Vêpres : au début de soirée (vers 17 heures)
Complies : le soir, avant/après le coucher du soleil
Sept prières, en références au Psaume 119 de la Sainte Bible "sept fois le jour je te célèbre" (Ps 119,164)
Office monastique |
La règle de saint Benoît, fixée vers 530, donne une grande importance à la célébration de l'office divin: chapitre VIII à XIX. Le père des moines d'Occident indiquait ainsi les heures monastiques :
Vigiles : entre minuit et le lever du jour- Laudes : à l'aube
- Prime : au lever du soleil
- Tierce (troisième heure après le levant) : à 9 heures ou avant la grande messe[2]
- Sexte (sixième heure après le levant) : à midi environ
- None (neuvième heure après le levant) : à 15 heures environ
- Vêpres : (l'après-midi ou au début de soirée) : vers 17 heures
- Complies : le soir, avant ou après le coucher du soleil
Ainsi, traditionnellement, la liturgie des Heures des monastères est répartie en sept offices du jour et les Vigiles de la nuit. En effet, saint Benoît précisait dans la règle sa raison (chapitre 16[3]) : « Le Prophète a dit : Sept fois le jour j’ai chanté tes louanges (Ps 119,164). Nous remplirons aussi nous-mêmes ce nombre sacré de sept, si aux Laudes, Prime, Tierce, Sexte, None, Vêpres et Complies, nous nous acquittons des devoirs de notre service. Car c’est à ces heures du jour que s’applique la parole : J’ai célébré tes louanges sept fois le jour, comme c’est au sujet des Vigiles de la nuit que le même Prophète a dit : Au milieu de la nuit, je me levais pour te louer (Ps 119,62). Offrons donc à ces Heures-là nos louanges à notre Créateur des jugements de sa justice : c’est-à-dire aux Laudes, Prime, Tierce, Sexte, None, Vêpres, Complies ; et la nuit, levons-nous pour le louer ».
En tant qu'axes, les principales Heures restent toujours lors des Laudes au matin ainsi que des Vêpres au soir[sc 2],[4]. À la suite de la réforme tenue en 1971, ces deux offices sont dorénavant célébrés avec le même degré de solennité[5]. D'une part, il s'agit des temps du levant et du coucher de soleil, ou le début et la fin du jour, qui sont importants pour le travail manuel dont les abbayes ont besoin. D'autre part, dans le contexte historique, après les premiers siècles, une seule célébration des Vigiles se transforma en trois offices séparés, c'est-à-dire les offices de Vêpres ainsi que de Matines, de Laudes[6]. Pour l'office de la nuit, Vigiles ou actuellement Matines, saint Benoît citait le même psaume (chapitre 16[3]) : « Au milieu de la nuit, je me lève pour vous louer, à cause des jugements de votre justice (Ps 119,62). » C'est la raison pour laquelle un certain nombre de monastères célèbrent encore les Vigiles au milieu de la nuit[4],[sc 3]. Les Petites Heures, quant à elles, sont trois (selon la tradition, quatre) offices plus courts de la journée, vraisemblablement imitant les heures traditionnelles de la prière juive[6] : (Prime supprimé en 1964), Tierce, Sexte, None (toujours chapitre XVI). Les Complies sont d'ailleurs la prière avant le repos de la nuit (même chapitre)[sc 4].
De nos jours, la pratique de la liturgie des Heures n'est pas identique parmi les abbayes. En conservant la tradition ancienne, de nombreuses communautés monastiques sont en effet autorisées à continuer l'office de Prime, supprimé à la suite de la réforme liturgique introduite par le Concile Vatican II[sc 5] (Paul VI, motu proprio Sacram liturgiam du 16 février 1964)[7].
Si l'un de ces offices coïncide avec la célébration de la messe, celui-ci peut être intégré dans la messe[4].
Au regard des textes, un office comprenant des lectures plus longues de la bible et de la tradition chrétienne a lieu soit pendant la nuit, soit au petit matin, soit à un autre moment de la journée, à savoir aux Vigiles, aux Matines ou lors de l'office des lectures qui peut être récité au moment le plus favorable[4]. Les psaumes sont traditionnellement répartis sur une semaine selon la règle de saint Benoît, mais aujourd'hui sur deux ou un laps de temps plus long[sc 6]. Saint Benoît demandait d'exécuter 12 psaumes lors de l'office de Matines. Même de nos jours, cet office se constitue principalement d' « un moins grand nombre de psaumes[sc 7]. »
Structure d'un Office |
La prière de l'Office se nourrit principalement de l'Écriture sainte. Voici le schéma type d'un office[4] :
Introduction : verset en tant qu'invocation tirée du Psaume 70 (69), 2 : « Dieu, viens à mon aide, Seigneur à notre secours ». Au premier office du jour, cette invocation est remplacée par le verset « Seigneur ouvre mes lèvres, et ma bouche publiera ta louange » (Ps 51,17) selon la règle de saint Benoît (chapitre IX), suivi du psaume invitatoire, qui est traditionnellement le Psaume 94 (même chapitre), qui peut être remplacé par d'autres psaumes au choix depuis la réforme du concile Vatican II.
Hymne : texte chanté donnant la tonalité de l'Heure, généralement en rapport avec le temps liturgique ou le saint fêté ce jour-là.
Psaumes en nombre variable, précédés et suivis chacun d'une courte phrase chantée : l'antienne; l'office de Laudes intercale un cantique de l'Ancien Testament entre les deux psaumes, et l'office de Vêpres conclut les deux psaumes par un cantique du Nouveau Testament tiré des épîtres ou de l'Apocalypse.
Capitule : lecture d'un court passage de la Bible.
Répons, reprise chantée d'un passage biblique lié au temps liturgique ou au saint fêté ce jour-là.- Un cantique du Nouveau Testament : à Laudes, le « Benedictus » ou Cantique de Zacharie (Bible Segond 1910/Évangile selon Luc 1,68-79) ; à Vêpres, le « Magnificat » ou Cantique de la Vierge Marie (Bible Segond 1910/Évangile selon Luc 1,46-55) ; à Complies, le Nunc dimittis (« Maintenant ô Maître, tu peux laisser ton serviteur s'en aller dans la paix ») ou Cantique de Siméon. Le chant solennel de ces cantiques qui résument tout le sens de l'histoire du salut est le sommet vers lequel converge la célébration de la liturgie des Heures.
Prière litanique (ou intercession) : Kyrie eleison ou équivalent, accompagné d'invocations pour l'Église et pour tous les hommes.- Prière du Notre Père (Bible Segond 1910/Évangile selon Matthieu 6,9-13).
Oraison du jour (qui, à Laudes et à Vêpres, est souvent la collecte de la messe du jour).- Conclusion : Bénissons le Seigneur. / Nous rendons grâce à Dieu.
Les Petites Heures (Prime, Tierce, Sexte, None), ainsi que les Complies, sont plus courtes. L'office des lectures (qui est appelé Vigiles ou Matines chez les moines) comprend de plus longues lectures de la Bible et d'auteurs ecclésiastiques (Pères de l'Église, Docteurs de l'Église, papes, ou auteurs reconnus pour la valeur de leurs écrits). Le concile Vatican II a supprimé l'heure de Prime (constitution Sacrosanctum Concilium 89, d), qui a été considérée comme faisant double emploi avec les Laudes.
Chapitre XVII Combien de psaumes il faut dire à ces mêmes heures[8]
À Prime, Tierce, Sexte et None :
verset Deus, in adjutorium meum intende (Bible Segond 1910/Livre des Psaumes 70,3, actuellement verset 2 au lieu de ce verset 3)
hymne de l'Heure- trois psaumes (« Si la communauté est nombreuse, les psaumes se diront avec antiennes. »)
- leçon
- verset
- Kyrie eleison
- formules de renvoi
Aux Vêpres (Il est évident qu'il s'agit de la base de la structure actuelle.) :
- verset Deus, in adjutorium meum intende
- quatre psaumes avec antiennes
- leçon de l'Apôtre
- répons
- hymne ambrosienne
- verset
cantique de l'Évangile
- litanie
- oraison dominicale
- formules de renvoi
Aux Complies :
- trois psaumes sans antienne
- hymne de l'Heure
- leçon
- verset
- Kyrie eleison
- bénédiction
- formules de renvoi
Chapitre XII Comment célébrer l'office du matin ; Chapitre XIII Comment célébrer l'office du matin aux jours ordinaires ; Chapitre XIV Comment célébrer les Vigiles aux fêtes des saints
Aux Vigiles (actuellement Matines et Laudes) de la semaine :
- verset Domine, labia mea aperies, et os meum annuntiabit laudem tuam (trois fois, Bible Segond 1910/Livre des Psaumes 51,17)
- psaume 3
- Gloria
- psaume 94 avec antienne
- hymne ambrosienne
- six psaumes avec antiennes
- bénédiction de l'abbé
- trois leçons suivies des répons, avec des commentaires des docteurs orthodoxes et des pères de l'Église (en raison de la brièveté des nuits, depuis Pâques jusqu'au 1er novembre, une seule leçon de l'Ancien Testament suivie d'un répons bref)
- Gloria
- six psaumes avec Alléluia
- leçon de l'Apôtre
- verset
- Kyrie eleison
Aux Vigiles du dimanche et des fêtes de saints (Comme il n'y a pas de travail manuel ces jours-là, saint Benoît demandait aux moines de se lever plus tôt et de se consacrer à cet office plus longtemps. Ne souhaitant pas dépasser le nombre sacré des Apôtres 12 sauf les psaumes 3 et 94, il composa essentiellement le nocturne ajouté avec des cantiques et des hymnes, au lieu des psaumes[9].) :
- verset Domine, labia mea aperies, et os meum annuntiabit laudem tuam (trois fois)
- psaume 3
- Gloria
- psaume 94 avec antienne
- hymne ambrosienne
- six psaumes avec antiennes
- verset
- bénédiction de l'abbé
- quatre leçons suivies des répons
- Gloria
- six psaumes avec antiennes
- verset
- quatre leçons suivies des répons
- Gloria
- trois cantiques des Prophètes suivies de l'Alléluia
- verset
- bénédiction de l'abbé
- quatre leçons du Nouveau Testament suivies des répons
- Gloria
- hymne Te Deum laudamus
- leçon de l'Évangile par l'abbé
- hymne Te decet laus par l'abbé (composée par saint Benoît)
- bénédiction de l'abbé
- « Et la bénédiction étant donnée, ils commenceront l'office du matin. »
- psaume 67 (66)
psaume 51 (50) avec l'Alléluia
- psaume 118 (117)
- psaume 63 (62)
- les « Bénédictions » et les « Laudes (psaume 148, psaume 149 et psaume 150[10]) »
- leçon de l'Apocalypse par cœur
- répons
- hymne ambrosienne
- verset
- cantique de l'Évangile
- litanie
- (textes intégraux des Complies, deux versions bénédictines (2006 et 1938))
Bibliographie |
- Aquinata Böckmann, Bibliographia : Liturgia Horarum in Generale, Sur internet: [1]
- Isabelle-Marie Brault, Célébrer la splendeur de Dieu. De Liturgia horarum à Liturgie des heures, Chambray-les-Tours 1997.
Arnaud Join-Lambert, La liturgie des Heures par tous les baptisés. L’expérience quotidienne du mystère pascal, Leuven : Peeters, 2009 (collection Liturgia condenda 23) 353 p. (ISBN 978-90-429-2121-4).
Aimé-Georges Martimort, La prière des Heures, in : La liturgie et le temps, Paris 1983 (L’Église en prière 4) 169-294.- Vincenzo Raffa, Liturgie des Heures, in : Dictionnaire encyclopédique de la Liturgie 1, 1992, 641-658.
Aimon-Marie Roguet, Commentaire de la Présentation générale de la Liturgie des Heures, in : La prière du temps présent pour le peuple chrétien, Paris 1971, p. 101-192.- Robert Taft (jésuite), La liturgie des Heures en Orient et en Occident. Origine et sens de l’Office divin, Turnhout, 1991 (coll. Mysteria 2).
- CNPL, Prière du temps présent : comment s'y retrouver?, 1999.
Articles connexes |
- Heures canoniales
- Petites Heures
- Bréviaire (catholique)
- Livre d'heures
Règle de saint Césaire, Règle de saint Colomban, Règle de saint Benoît, Opus Dei
- Antiphonale monasticum
Liens externes |
Le texte officiel de la liturgie des heures - Conférence des évêques de France (français seul)
Émission de KTO sur la liturgie des heures (2010, 52 min) Interview d'un prêtre de la Communauté Saint-Martin et d'une laïque du Tiers Ordre franciscain.
Dictionnaires en ligne |
- Dom Robert Le Gall, Dictionnaire de liturgie, 3e édition, C.L.D., Chambray 1997
- heures
Matines, Laudes, Tierce, Sexte, None, Vêpres, Complies
- Définitions lexicographiques et étymologiques de « Prime » du Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales
Références bibliographiques |
Sacrosanctum concilium (Constitution sur la sainte liturgie) (1963) [lire en ligne]
chapitre IV, n° 84
chapitre IV, n° 89 a
chapitre IV, n° 89 c
chapitre IV, n° 89 b
chapitre IV, n° 89 d
chapitre IV, n° 91
chapitre IV, n° 89 c
Notes et références |
« Présentation générales de la liturgie des heures », sur http://liturgiecatholique.fr (consulté le 16 novembre 2017)
Cette manière était confirmée par le premier cérémonial de l'Église, Cæremoniale episcoporum jussu Clementis VIII, Pont. Max. novissime reformatun, omnibus Ecclesiis, præcipea autem Metropolitanis, cathedralibus & collegiatis perutile ac necessarium sorti par le pape Clément VIII en 1600 ; « Le sommet de la journée liturgique, qui est la Messe, est précédé immédiatement par l'Office de Tierce. » (Denise Launay, La musique religieuse en France du Concile de Trente à 1804, p. 66, Société française de musicologie, Paris 1993)
Règle de saint Benoît traduite en français par Germain Morin de l’abbaye de Maredsou dans la règle sa raisons 1944 revue et annotée à partir de la traduction de Philibert Schmitz de la même abbaye 2018
http://www.liturgiecatholique.fr/Heures.html Dom Robert Le Gall, Dictionnaire de liturgie, p. 128 - 130 aussi
Daniel Saulnier, Un nouvel antiphonaire monastique, dans les Études grégoriennes, tome XXXIII, p. 156, Abbaye Saint-Pierre, Solesmes 2005
https://books.google.fr/books?id=DQ4uY3zvpA0C&pg=PA115 Richard Hoppin, La musique au Moyen Âge, tome I, p. 115 - 117, Édition Mardaga, 1991
Cas des Bénédictins : « Conformément au Thesaurus, une communauté bénédictine désirant continuer à célébrer Prime peut légitimement le faire. Pour cela, il est nécessaire de respecter la vérité des Heures, c'est-à-dire de ne pas unir Prime à une autre Heure et de garder la distribution des psaumes prévue par la Règle [de saint Benoît]. Le contenu très simple de Prime permet d'en retrouver les différents éléments nécessaires — dispersés, il est vrai — dans les différents livres liturgiques officiels. Les jours de fête ou de solennité, on fait appel à la première antienne des Laudes. De cette manière, on parvient à concilier l'obervance monastique traditionnelle de Prime avec une véritable rénovation de l'Office. » (Daniel Saulnier, Un nouvel antiphonaire monastique, dans les Études grégoriennes, tome XXXIII, p. 156, note n° 5, Abbaye Saint-Pierre, Solesmes 2005))
Traduction par Prosper Guéranger, p. 44
Paul Delatte, Commentaire sur la règle de Saint Benoît, 2e édition, p. 177, Librairie Plon, Paris 1913
http://www.abbaye-montdescats.fr/?page_id=1887
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