Isabelle d'Este
Pour l’article homonyme, voir Isabelle d'Este (1635-1666).
Pour les autres membres des familles, voir : Maison d'Este et Maison Gonzague.
Duchesse | |
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Duchesse (d) |
Naissance | 18 mai 1474 ou 20 mai 1474 Ferrare |
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Décès | 13 février 1539 Mantoue |
Activité | Salonnière |
Famille | Maison d'Este, maison de Gonzague |
Père | Hercule Ier d'Este |
Mère | Éléonore de Naples (en) |
Fratrie | Béatrice d'Este Giulio d'Este (en) Sigismondo d'Este (en) Ferrante d'Este (en) Alphonse Ier d'Este Hippolyte Ier d'Este |
Conjoint | François II de Mantoue |
Enfants | Frédéric II de Mantoue Ferdinand Ier de Guastalla Ercole Gonzaga Éléonore de Mantoue Ippolita Gonzaga (en) |
Parentèle | Marguerite de Bavière (belle-mère) |
Domaine | Collectionnisme |
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Instrument | Luth |
Influencée par | Baldassare Castiglione |
Isabelle d'Este (née le 20 mai 1474 à Ferrare et morte le 13 février 1539 à Mantoue ), est une noble qui fut, comme sa sœur cadette la duchesse de Milan Béatrice, une des femmes les plus importantes de la Renaissance et une figure à la fois culturelle et politique de tout premier plan. Elle est restée célèbre dans l'histoire comme la Première dame de la Renaissance.
Sommaire
1 Biographie
2 Descendance
3 Isabelle et les beaux-arts
3.1 Le mécénat
3.2 Isabelle d’Este et «La Joconde»
3.3 L’hétérogénéité et très peu de portraits
4 Anecdotes
5 Notes et références
5.1 Notes
5.2 Références
6 Annexes
6.1 Articles connexes
6.2 Bibliographie
6.3 Liens externes
Biographie |
Isabelle d'Este est la fille aînée d'Hercule Ier d'Este, duc de Ferrare, de Modène et de Reggio, et de son épouse Éléonore de Naples, elle-même fille de Ferdinand Ier de Naples et d'Isabelle de Claremont. Sa plus jeune sœur est Béatrice d'Este qui épousa le duc de Milan, Ludovic Sforza.
Elle n'a que six ans à peine lorsqu'un contrat de mariage est signé, le 28 mai 1480, entre les Este et les Gonzague, contrat qui, si l'on peut dire, la « fiance » au fils aîné du marquis Frédéric Ier de Mantoue et de la belle Marguerite de Bavière, François, alors lui-même âgé de treize ans. Le négociateur mantouan trouva que plus que sa beauté, son intelligence et son talent sont admirables (più che la bellezza è mirabile l'intelletto e l'ingegno suo).
Elle épousera donc, à Mantoue même, le 12 février 1490, âgée de quinze ans, François II de Mantoue, âgé de vingt-trois ans, qui est, depuis 1484, marquis de Mantoue.
De leur union, naquirent huit enfants.
Dès son entrée dans la ville de Mantoue, les Mantouans sont tous immédiatement éblouis par son raffinement. De son côté, elle tomba tout aussitôt sous le charme irrésistible de la petite cour mantouane. Un mois seulement après son arrivée, elle écrivait à son père : « J'ai déjà pris tant d'amour à cette ville, que je ne peux pas ne pas prendre soin du respect et des intérêts des citadins (Io ho già preso tanto amore a questa città, che non posso fare che non piglia cura de li honori et utilitate[N 1] de li citadini) ». Sa contribution fut absolument déterminante pour l'avènement d'un nouveau climat culturel très fécond. D'un goût parfaitement sûr, elle fut l'exigeante mécène d'une importante cour d'hommes de lettres, mais aussi de musiciens ou de peintres comme Andrea Mantegna (pour son studioletto).
Elle fut également fort habile et avisée en politique, ayant plusieurs fois à assumer la régence de l'État pendant les nombreuses absences de son mari, notamment durant la très délicate période de la captivité de François II à Venise.
Son adresse charismatique dans la sollicitation lui permit d'obtenir, en 1527, la pourpre cardinalice pour son fils bien-aimé Ercole et, en 1533, la dignité ducale pour son second fils Frédéric.
En réalité, derrière cette façade toute en beauté et en féminité, se cachait un cœur impavide qu'aucun obstacle ne pouvait arrêter. Elle écrivait d'elle-même à son propre sujet : « Même dans notre sexe se trouve une nature virile (Etiam[N 2] nel nostro sesso[N 3] si ritrovano animi virili[N 4]). »
François II décéda en 1519, à l'âge de 52 ans à peine et elle lui survécut encore vingt ans. Elle mourut en 1539, âgée de 64 ans.
Descendance |
De son mariage avec François II, naquirent huit enfants :
Éléonore de Mantoue (1493-1550) qui épousera en 1507 François Marie Ier della Rovere, duc d'Urbino ;- Margarita (1496-1496) ;
Frédéric (1500-1540) qui sera le 5e marquis puis 1er duc de Mantoue, titré sous le nom de Frédéric II ;- Livia (1501-1508) ;
- Ippolita (1503-1570) qui sera nonne à Mantoue ;
- Ercole (1505-1563) qui sera évêque de Mantoue en 1521 puis obtiendra la pourpre cardinalice en 1527 et qui sera l'un des présidents du concile de Trente ;
Ferdinand (Ferrante) qui sera le 1er comte de Guastalla et chef de la lignée des Gonzague de Guastalla ;- Paola (1508-1569) enfin, qui sera nonne franciscaine à Mantoue.
Isabelle et les beaux-arts |
Le mécénat |
Isabelle est considérée comme le mécène le plus important de la Renaissance. Son influence est documentée par de nombreuses correspondances (environ 28 000 originaux et près de 12 000 copies) conservées à Mantoue[1],[2].
- Dans la peinture, les artistes les plus célèbres de l’époque tels que Giovanni Bellini, Giorgione, Leonardo da Vinci, Andrea Mantegna (peintre de la cour jusqu'en 1506), Le Pérugin, Raphaël et Le Titien, ainsi que Le Corrège, Lorenzo Costa (peintre de la cour à partir de 1509), Dosso Dossi, Francesco Francia, Giulio Romano et beaucoup d'autres recevaient des commandes d’elle. Dans Palazzo Ducale (Mantoue), par exemple, son «Studiolo» était décoré avec des allégories de Mantegna, Le Pérugin, Costa et Le Corrège[3].
- Elle passait également des commandes aux sculpteurs et médailleurs les plus influents de l’époque, comme Michel-Ange, Pier Jacopo Alari Bonacolsi (L’Antico), Gian Cristoforo Romano et Tullio Lombardo et elle collectionnait des sculptures romaines[4].
- Dans les sciences humaines, elle était en contact avec L'Arétin, l'Arioste, Pietro Bembo, Balthazar Castiglione, Mario Equicola et Gian Giorgio Trissino[5].
- Dans la musique, elle soutenait les compositeurs Bartolomeo Tromboncino et Marco Cara et jouait elle-même au luth[6].
- Dans l' architecture, elle ne pouvait pas s’offrir de nouveaux palais, mais employait de grands maîtres d’œuvre et architectes tels Biagio Rossetti et Battista Covo[7].
- Même dans la mode, elle devint une icône et une référence. Célèbres sont ses couvre-chefs («capigliari»/«balzo») et ses décolletés profonds qui étaient copiés en Italie et même à la cour française[8].
Isabelle d’Este et «La Joconde» |
Outre Lisa del Giocondo (l'épouse d'un marchand florentin dont Leonardo avait fait un portrait[9] — comme le cite Giorgio Vasari — bien qu'aujourd'hui il ne soit pas encore certain qu'il s'agisse bien de «la Joconde»), Isabelle d'Este est une candidate plausible[10] pour le tableau le plus célèbre de Léonard de Vinci (1502-1506). Les similitudes frappantes avec son tableau «Isabelle d’Este» (Louvre) et leurs correspondances entre 1501 et 1506 demandant l'exécution du portrait comme promis[11] sont quelques indices solides pour corroborer l'hypothèse. D'autres arguments bien connus sont les montagnes en fond [12] et l'accoudoir comme caractéristique dans les portraits de souverain de la Renaissance.
L’hétérogénéité et très peu de portraits |
Malgré son activité de mécène et son penchant pour l'autoreprésentation — aucune autre personnalité de son temps n'a fait aussi souvent l'objet de description écrites de son apparence physique[13] — on dispose de peu d'identifications formelles de sa personne sur des représentations picturales. Ces rares identifications sont de plus hétérogènes (la couleur des yeux et des cheveux ainsi que la forme des sourcils divergent dans les deux portraits de Titien)[13] et il n'y a pas d'images d'elle entre 26 et 54 ans. On sait que la coquette Isabelle en s'éloignant de la jeunesse préférait des peintures idéalisées et répugnait à poser comme modèle[14]. Cependant, on a des raisons de penser qu’elle n'allait pas jusqu'à renoncer aux traits particuliers de son physique[15].
C'est ainsi que plusieurs musées ont retiré leurs rares identifications par crainte d'erreur[16]. Les trois portraits en couleur restants demeurent très hétérogènes (tous au Kunsthistorisches Museum / KHM, Vienne)[17] :
Isabelle en rouge par Titien, c. 1529 (copie de Peter Paul Rubens c. 1605)
Isabelle en noir de Titien, 1536
Ambras miniature du XVIe siècle
La Bella (Palazzo Pitti, Florence) est souvent avancé comme alternative plausible au portrait de Titien 1536 à Vienne, sachant qu'Isabelle avait commandé un portrait rajeunissant et flatteur alors qu'elle était déjà âgée de plus de 60 ans ; et la couleur des yeux, des cheveux et des sourcils et surtout la sensualité apparente correspondent parfaitement à ce que l'on sait d'elle[18].
La médaille de Gian Cristoforo Romano (1495) est la seule identification fiable en raison de la signature originale gravée (plusieurs copies)[19].
Anecdotes |
- Les ambassadeurs, en visite à Mantoue, recevaient la mission de leurs rois de faire des dessins des vêtements et des bijoux que portaient Isabelle. Ces dessins étaient destinés à être reproduits, à leur retour, à l'usage des rois qui les mandataient.
- Isabelle fut une des premières femmes à porter des caleçons ! Elle raconte, dans une lettre aux Castiglione, une mésaventure survenue à la cour alors qu'une estrade sur laquelle se trouvent les dames de la cour s'écroule lamentablement et que tout ce beau monde se retrouve « les jambes en l'air (gambe all'aria) » ; elle écrit : « toutes les autres firent un superbe spectacle, qui étaient sans pantalon ; nous, par chance, nous les avions. (tutte le altre fecero uno bellissimo vedere, che erano senza calzoni; noi per fortuna li avevamo.) »
L'Arétin, son implacable ennemi, la décrit : « archi-malhonnêtement maquillée, dents d'ébène et cil d'ivoire (arcidisonestamente imbellettata, i denti d'ebano et le ciglia d'avorio). »
Notes et références |
Notes |
Honori et utilitate est une expression latine signifiant respect (considérations) et intérêts. Donc en italien Honori ne doit pas être traduit par honneur et utilitate par utilité, ce serait un faux-ami.
Etiam, mot latin signifiant aussi, même ou encore.
Il ne s'agit pas du sexe au sens propre, mais de sa féminité.
Viril ici au sens de fort
Références |
(en)Shemek, Deanna: Phaethon's Children: The Este Court and its Culture in Early Modern Ferrara. Medieval and Renaissance Texts and Studies (Arizona) 2005, p. 277
Pour un documentations des lettres liés d'art, confer: (it)Luzio, Alessandro: La Galleria dei Gonzaga - Appendice B: I ritratti d'Isabella d'Este. Casa Editrice L. F. Cogliati (Milan) 1913
(de)Ferino, Sylvia: Isabella d’Este – Fürstin und Mäzenatin der Renaissance. Kunsthistorisches Museum Wien (Vienna) 1994, p. 86-425
Ferino (1994), p. 106, 315, 321; (en)Cartwright, Julia: Isabella d’Este. Murray (London) 1907, table des matières
Cartwright (1907), table des matières
Ferino (1994), p. 429-432
Ferino (1994), p. 18
(en)Marek, George R. (1976). The Bed and the Throne: The Life of Isabella d'Este. New York: Harper and Row Publishers (New York) 1952, p. 159
(de)Vasari, Giorgio: Lebensläufe der berühmtesten Maler, Bildhauer und Architekten. 1550 / Manesse Verlag (Zurich) 2005, p. 330
(de)Zöllner, Frank: Leonardo da Vinci – Sämtliche Werke. Taschen Verlag (Cologne) 2007, p. 241 (notificative catalogue raisonné)
(en)Lewis, Francis-Ames: Isabella and Leonardo. Yale University Press (New Haven) 2012, Appendix Letters p. 223-240 (les lettres originales en italien et anglais)
Florence/Toscane versus Mantoue/Dolomites
Ferino (1994), p. 86
Ferino (1994), p. 94
Plusieurs correspondances sont la preuve de plaintes d'Isabelle vis-à-vis des peintres pour refaire la couleur des yeux et des cheveux, i.e. (it)Luzio, Alessandro: Federico Gonzaga ostaggio alla corte di Giulio II. Societa Romana di storia patria (Rome) 1887, p. 59: "... pregandolo tuttavia a ritoccare il ritratto ne' capelli, che il pittore aveva fatti troppo biondi" et Luzio (1913), p. 213: "... a commutar gli occhij de nigri in bianchi"
Confer:
Royal Collection, London (RCIN 405762): Lorenzo Costa ‘Portrait of a Lady with a Lapdog‘ (c. 1500-05)- Royal Collection, London (RCIN 405777): Giulio Romano ‘Margherita Paleologa’ (1531)
Currier Museum of Art, Manchester (inv. 1947.4): Lorenzo Costa ‘Portrait of a Woman‘ (1506-10)
Louvre, Paris (inv 894): Giovanni Francesco Caroto ‘Portrait de femme‘ (c. 1505-10)
KHM Vienna: Inv. 83, Inv 1534, Inv 5081
i.e. (it)Ozzola, Leandro (1931): Isabella d’Este e Tiziano. In: Bolletino d’Arte del Ministero della pubblica istruzione. BdA (Rome) 1931 No. 11, p. 491-494; Téléchargement: http://www.bollettinodarte.beniculturali.it/opencms/multimedia/BollettinoArteIt/documents/1407155929929_06_-_Ozzola_491.pdf
KHM Vienna, Inv 6.272bß et Ferino (1994), p. 373-378
Annexes |
Articles connexes |
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- Maison d'Este
- Maison Gonzague
- François II de Mantoue
Bibliographie |
- Christiane Gil, Isabelle d'Este, Pygmalion 2002
Liens externes |
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- Bibliothèque nationale tchèque
- WorldCat
(fr) Aparences.net : Isabelle d'Este
(it) Itis.mn.it : Isabella d'Este - Moglie di Francesco II, marchese di Mantova
(en) Euweb.cz : Isabelle, fille d'Hercule Ier, dans la généalogie de la famille d'Este de Ferrare
(en) Euweb.cz : Isabelle, épouse de François II, dans la généalogie des Gonzague
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