Troyen (astronomie)





Page d'aide sur l'homonymie Pour les articles homonymes, voir Troyen.



Les troyens sont les points L4 et L5 (en rouge), sur l'orbite d'un objet secondaire (en bleu), autour d'un objet primaire (en jaune).




Vue polaire de troyens dans le Système solaire (jusqu’à l’orbite de Jupiter).


Article connexe : Point de Lagrange.


  • En astronomie, le terme troyen désigne primitivement un astéroïde dont l'orbite héliocentrique est en résonance de moyen mouvement 1:1 avec celle de la planète Jupiter, et qui est situé près de l'un des deux points stables de Lagrange (L4 ou L5) du couple Soleil-Jupiter, c'est-à-dire qui se trouve à 60° en avance ou en retard sur l'orbite de celle-ci[1]. La sonde Lucy décollera en octobre 2021 pour en faire l'étude[2].

  • Par extension, un troyen est un objet dont l'orbite héliocentrique est en résonance de moyen mouvement 1:1 avec celle de n'importe quelle planète du Système solaire, et qui est situé près de l'un des deux points stables de Lagrange (L4 ou L5) du couple Soleil-planète.

  • Par extension encore, un troyen est un astéroïde ou un satellite naturel qui partage la même orbite qu'une planète ou un autre satellite plus massif, mais qui n'entre pas en collision avec cette planète ou ce satellite en raison de sa position près de l'un des deux points stables de Lagrange (L4 ou L5).


Au 28 octobre 2018, le Centre des planètes mineures recense 7 072 troyens dont 7 039 troyens de Jupiter (4600 en L4 et 2439 en L5), 22 troyens de Neptune (19 en L4 et 3 en L5), 9 troyens de Mars (8 en L5 et 1 en L4), 1 troyen d'Uranus (en L4) et 1 troyen de la Terre (en L4)[3]. Par ailleurs, les deux plus gros astéroïdes de la ceinture principale, (1) Cérès et (4) Vesta, pourraient aussi avoir des troyens sur leur orbite.


Autour des planètes, deux des satellites naturels de Saturne ont leurs propres troyens, qui sont par conséquent eux-même satellites de Saturne. Les deux troyens de Téthys sont Télesto et Calypso, là où ceux de Dioné sont Hélène et Pollux. Le système Terre-Lune a pour sa part des nuages de poussières à ses points L4 et L5 : les nuages de Kordylewski.




Sommaire






  • 1 Terminologie


  • 2 Histoire


  • 3 Troyens dans le Système solaire


    • 3.1 Troyens de Jupiter


    • 3.2 Troyens d'autres planètes du Système solaire


    • 3.3 Troyens de satellites naturels de Saturne


    • 3.4 Troyens du système Terre-Lune


    • 3.5 Troyens de planètes mineures et de petits corps




  • 4 Troyens extrasolaires


  • 5 Notes et références


    • 5.1 Notes


    • 5.2 Références




  • 6 Voir aussi


    • 6.1 Articles connexes


    • 6.2 Liens externes







Terminologie |





Johann Palisa.


Les troyens doivent leur nom à la convention de nommage en vertu de laquelle les troyens de Jupiter sont nommés d'après des héros de la guerre de Troie[4]. Johann Palisa est à l'origine de cette convention : c'est sur la proposition de l'astronome autrichien que, le 21 juin 1907, Max Wolf et August Kopff décident de nommer 1906 TG, 1906 VY et 1907 XM, les trois premiers troyens de Jupiter à avoir été caractérisés comme tels, d'après Achille, Patrocle et Hector[5].


Localisés à proximité d'un point de Lagrange, L4 ou L5, les troyens sont aussi connus comme objets de Lagrange (en anglais : Lagrange object[6]) ou objets lagrangiens (lagrangian object[7]).



Histoire |





Max Wolf, découvreur de (588) Achille, premier objet à avoir été caractérisé comme un troyen.





Carl V. L. Charlier.


L'existence des troyens a été prédite par Joseph-Louis Lagrange dans son Essai sur le problème des trois corps[8] qui lui valut le prix de l'Académie royale des sciences de Paris en 1772.


(588) Achille, un troyen de Jupiter[9],[10]découvert par l'astronome allemand Max Wolf[9],[10] le 22 février 1906[9],[10], est le premier objet à avoir été caractérisé comme un troyen[11] : quelques semaines après sa découverte, l'astronome suédois Carl V. L. Charlier met en évidence[11] qu'il est en orbite autour du point de Lagrange L4 du couple Soleil-Jupiter[12].


(12126) 1999 RM11, un troyen de Jupiter[13],[14] découvert par le LINEAR[13] le 7 septembre 1999[13],[14], est considéré comme le premier troyen à avoir été observé[11] : le 26 septembre 1999[11], l'astronome américain Gareth V. Williams[11] l'a identifié[11] à A904 RD[13],[14], prédécouvert par l'astronome américain Edward E. Barnard[13],[14] le 13 septembre 1904[13],[14].



Troyens dans le Système solaire |


Potentiellement, les points de Lagrange L4 et L5 de chacune des planètes du Système solaire pourraient contenir des astéroïdes. Concrètement, aucun n'a été détecté pour Mercure et Vénus, sans doute en raison de l'instabilité de leurs points de Lagrange, perturbés par la proximité de la masse solaire. Aucun n'a non plus été observé pour Saturne, probablement à cause de la proximité de Jupiter.






















































Nombre de troyens par objet au 28 octobre 2018[3]
Objet secondaire En L4
% En L5
% Total
Terre 1 100,0 % 0 0,0 % 1
Mars 1 11,1 % 8 88,9 % 9
Jupiter 4600 65,4 % 2439 34,6 % 7039
Uranus 1 100,0 % 0 0,0 % 1
Neptune 19 86,4 % 3 13,6 % 22


Troyens de Jupiter |


Article détaillé : troyen de Jupiter.

Jupiter, la planète la plus massive du Système solaire, est aussi celle qui possède le plus d'astéroïdes troyens, et les premiers astéroïdes planétaires de ce genre à avoir été découverts. D'ailleurs, lorsqu'il n'y a aucune ambiguïté, on parle simplement d'astéroïde troyen sans mentionner le nom de Jupiter pour désigner ceux de cette planète.



Troyens d'autres planètes du Système solaire |


Articles détaillés : troyen de la Terre, troyen de Mars, troyen d'Uranus et troyen de Neptune.

Concernant les autres planètes, un astéroïde a été découvert au point L4 de la Terre : 2010 TK7[15]. Mars a neuf astéroïdes troyens connus : huit au point L5 (dont 7 constituant la famille d'Eurêka) et un neuvième au point L4[16]. Un astéroïde troyen d'Uranus est connu[17]. Vingt-deux astéroïdes troyens ont été observés sur l'orbite de Neptune : dix-neuf autour du point L4 et trois autour du point L5[18].


Le projet Wide-Field Infrared Survey Explorer de la NASA a découvert en avril 2011 le premier troyen de la Terre, 2010 TK7, situé sur le point L4[15]. Sa trajectoire particulière[19] a rendu son observation difficile, qui a été ensuite confirmée par l'Observatoire Canada-France-Hawaï[20],[21].



Troyens de satellites naturels de Saturne |


Article détaillé : Satellites naturels de Saturne#Satellites troyens.

Deux des satellites naturels de Saturne ont leurs propres troyens, qui sont par conséquent eux-même satellites de Saturne. Les deux troyens de Téthys sont Télesto et Calypso, là où ceux de Dioné sont Hélène et Pollux.



Troyens du système Terre-Lune |


Le système Terre-Lune a pour sa part des nuages de poussières à ses points L4 et L5 : les nuages de Kordylewski.



Troyens de planètes mineures et de petits corps |


Des astéroïdes de la ceinture d'astéroïdes sont susceptibles de coorbiter avec (1) Cérès. Parmi les troyens potentiels de la planète naine, figurent notamment (65313) 2002 JB80[22] et (129109) 2004 XF32[23], au voisinage du point L5 du couple Soleil-Cérès, ainsi que (81522) 2000 HW7[24] et (185105) 2006 SV23[25], au voisinage du point L4 du couple Soleil-Cérès[26].


D'autres astéroïdes de la ceinture principale sont susceptibles de coorbiter avec (4) Vesta. Parmi les troyens potentiels du petit corps, figure notamment (156810) 2003 BP49[27], au voisinage du point L5 du couple Soleil-Vesta[26].



Troyens extrasolaires |


De la même façon qu'il en existe dans le Système solaire, il est très probable qu'il existe des troyens dans d'autres systèmes planétaires : on parle alors de troyens extrasolaires, aussi nommés « exo(-)troyens »[28] (sur le modèle d'« exoplanète »).


En 2007, Eric B. Ford et Matthew J. Holman examinent dans un article[29] la sensibilité de l'observation de la variation du moment du transit de planètes extrasolaires pour détecter des compagnons troyens à ces objets. Ils démontrent ainsi que cette méthode permet de détecter des troyens de masse terrestre avec les observatoires au sol actuels. Début août 2015, Michael Hippke publie un article[28] concernant sa tentative de détection de tels troyens extrasolaires, dans laquelle il détermine que l'aire moyenne des troyens en transit par planète correspond à un corps de rayon inférieur à 460 kilomètres (limite à 2 sigma).



Notes et références |



Notes |





Références |





  1. Entrée « troyen », dans Richard Taillet, Loïc Villain et Pascal Febvre, Dictionnaire de physique, Bruxelles, De Boeck Université, mai 2008 [1re  éd.], XI-672 p., 24 cm (ISBN 978-2-8041-5688-6, OCLC 756958447, notice BnF no FRBNF41256105), p. 507 (en ligne sur books.google.fr).


  2. https://www.nasa.gov/content/goddard/lucy-the-first-mission-to-jupiter-s-trojans


  3. a et b(en) « Trojan minor planets » [« Planètes mineures troyennes »], sur minorplanetcenter.net, Centre des planètes mineures, 28 octobre 2018(consulté le 29 décembre 2018).


  4. (en) « Naming of astronomical objects » [« Nommage des objets astronomiques »], sur iau.org, Union astronomique internationale (consulté le 6 septembre 2015).


  5. (de) Max Wolf et August Kopff, « Benennung von kleinen Planeten » [« Désignation de planètes mineures »], Astronomische Nachrichten, vol. 175, no 11,‎ juin 1907, p. 191-192 (DOI 10.1002/asna.19071751112, Bibcode 1907AN....175..191W, lire en ligne [[GIF]], consulté le 6 septembre 2015).


  6. (en) Kimmo A. Innanen, « The prediction and discovery of a martian trojan asteroid » [« La prédiction et la découverte d'un astéroïde troyen martien »], Journal of the Royal Astronomical Society of Canada (en) / Journal de la Société royale d'astronomie du Canada, vol. 85,‎ août 1991, p. 151-157 (Bibcode 1991JRASC..85..151I, lire en ligne [[GIF]], consulté le 6 septembre 2015).


  7. (en) Francisco Valdes et Robert A. Freitas Jr, « A search for objects near the Earth-Moon lagrangian points », Icarus, vol. 53,‎ mars 1983, p. 453-457 (DOI 10.1016/0019-1035(83)90209-9, Bibcode 1983Icar...53..453V, résumé, lire en ligne, consulté le 6 septembre 2015).


  8. Joseph-Louis Lagrange, « Essai sur le problème des trois corps », dans Joseph-Alfred Serret (éd.), Œuvres de Lagrange, t. VI : Mémoires extraits des Recueils de l'Académie des sciences de Paris et de la classe des sciences mathématiques et physiques de l'Institut de France, Paris, 1853, 820 p., 28 cm (notice BnF no FRBNF30719104), p. 229-331 (lire en ligne, consulté le 7 septembre 2015). Pour la première publication de l’Essai :

    Joseph-Louis Lagrange, « Essai d'une nouvelle méthode pour résoudre le problème des trois corps », Recueil des pièces qui ont remporté les prix de l'Académie royale de sciences, depuis leur fondation en 1720, Paris, Panckoucke, t. IX qui contient les pièces de 1764, 1765, 1766, 1770 et 1772,‎ 1777(ISSN 2017-5221, notice BnF no FRBNF32849650, lire en ligne, consulté le 7 septembre 2015).



  9. a b et c(en) « (588) Achilles = A906 TG », sur minorplanetcenter.net, Centre des planètes mineures (consulté le 6 septembre 2015).


  10. a b et c(en) « 588 Achilles (1906 TG) », sur ssd.jpl.nasa.gov, Jet Propulsion Laboratory (consulté le 6 septembre 2015).


  11. a b c d e et f(en) Brian G. Marsden (CfA), « The earliest observation of a trojan » [« La première observation d'un troyen »], sur minorplanetcenter.net, Centre des planètes mineures, 1er octobre 1999(consulté le 6 septembre 2015).


  12. (de) Carl V. L. Charlier, « Über den Planeten 1906 TG » [« Sur la planète 1906 TG »], Astronomische Nachrichten, vol. 171, no 14,‎ mai 1906, p. 213-216 (DOI 10.1002/asna.19061711403, Bibcode 1906AN....171..213C, lire en ligne [[GIF]], consulté le 6 septembre 2015).


  13. a b c d e et f(en) « (12126) = A904 RD = 1975 RX1 = 1978 VH6 = 1985 JP1 = 1987 SK15 = 1988 RU8 = 1996 HJ22 = 1999 RM11 », sur minorplanetcenter.net, Centre des planètes mineures (consulté le 6 septembre 2015)


  14. a b c d et e(en) « 12126 (1999 RM11) », sur ssd.jpl.nasa.gov, Jet Propulsion Laboratory (consulté le 6 septembre 2015).


  15. a et b(en) Earth's Trojan asteroid, Martin Connors, Paul Wiegert et Christian Veillet, Nature, no 475:481–483 du 28 juillet 2011.


  16. (en) « List Of Martian Trojans », Minor Planet Center, 10 décembre 2007(consulté le 10 décembre 2007).


  17. (en) « List Of Uranus Trojans », Minor Planet Center, 10 décembre 2007(consulté le 10 décembre 2007).


  18. (en) « List Of Neptune Trojans », Minor Planet Center, 10 décembre 2007(consulté le 10 décembre 2007).


  19. Vidéo de la trajectoire de 2010 TK7 sur le site de la NASA.


  20. En bref : premier astéroïde troyen pour la Terre sur futura-sciences.


  21. (en) NASA's WISE Finds Earth's First ‘Trojan’ Asteroid sur le site DailyScience.com.


  22. (en) « (65313) = 2002 JB80 = 1999 TC245 », sur minorplanetcenter.net, Centre des planètes mineures (consulté le 7 septembre 2015).


  23. (en) « (129109) = 2004 XF32 », sur minorplanetcenter.net, Centre des planètes mineures (consulté le 7 septembre 2015).


  24. (en) « (81522) = 2000 HW7 = 2001 QO67 », sur minorplanetcenter.net, Centre des planètes mineures (consulté le 7 septembre 2015).


  25. (en) « (185105) = 2006 SV23 », sur minorplanetcenter.net, Centre des planètes mineures (consulté le 7 septembre 2015).


  26. a et b(en) Apostolos A. Christou et Paul Wiegert, « A population of main belt asteroids co-orbiting with Ceres and Vesta » [« Une population d'astéroïdes de la ceinture principale coorbitant avec Cérès et Vesta »], Icarus, vol. 217, no 1,‎ janvier 2012, p. 27-42 (DOI 10.1016/j.icarus.2011.10.016, Bibcode 2012Icar..217...27C, arXiv 1110.4810, résumé).


  27. (en) « (156810) = 2003 BP49 = 2000 KT = 2005 VO63 », sur minorplanetcenter.net, Centre des planètes mineures (consulté le 7 septembre 2015).


  28. a et bMichael Hippke, « A statistical search for a population of exo-Trojans in the Kepler dataset » [« Recherche statistique d'une population d'exo-troyens dans les données de Kepler »], Draft version,‎ 4 août 2015(lire en ligne [PDF]).


  29. (en) Eric B. Ford et Matthew J. Holman, « Using Transit Timing Observations to Search for Trojans of Transiting Extrasolar Planets » [« Utiliser les observations du moment du transit pour rechercher des troyens de planètes extrasolaires en transit »], iopscience.iop.org,‎ 2007(lire en ligne).




Voir aussi |


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Articles connexes |



  • Astéroïdes troyens : troyen de la Terre (2010 TK7) | troyens de Mars | troyens de Jupiter (liste) | troyen d'Uranus (2011 QF99) | troyens de Neptune


  • Lunes troyennes de Saturne : Calypso et Télesto (couple Saturne-Téthys) | Hélène et Pollux (couple Saturne-Dioné)


  • Résonance orbitale | moyen mouvement | point de Lagrange



Liens externes |



  • (en) « List of Earth trojans » [« Liste des troyens de la Terre »], sur minorplanetcenter.net, Centre des planètes mineures (consulté le 6 septembre 2015)

  • (en) « List of Mars trojans » [« Liste des troyens de Mars »], sur minorplanetcenter.net, Centre des planètes mineures (consulté le 6 septembre 2015)

  • (en) « List of Jupiter trojans » [« Liste des troyens de Jupiter »], sur minorplanetcenter.net, Centre des planètes mineures (consulté le 6 septembre 2015)

  • (en) « List of Uranus trojans » [« Liste des troyens d'Uranus »], sur minorplanetcenter.net, Centre des planètes mineures (consulté le 6 septembre 2015)

  • (en) « List of Neptune trojans » [« Liste des troyens de Neptune »], sur minorplanetcenter.net, Centre des planètes mineures (consulté le 6 septembre 2015)




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