Fiodor Dostoïevski
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Nom de naissance | Fiodor Mikhaïlovitch Dostoïevski |
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Naissance | 11 novembre 1821 Moscou Empire russe |
Décès | 9 février 1881(à 59 ans) Saint-Pétersbourg Empire russe |
Activité principale | Romancier |
Langue d’écriture | Russe |
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Mouvement | Réalisme |
Œuvres principales
- Les Carnets du sous-sol
- Crime et Châtiment
- L'Idiot
- Les Démons
- L'Adolescent
- Les Frères Karamazov
Fiodor[1]Mikhaïlovitch Dostoïevski (en russe : Фёдор Михайлович Достоевский, [ˈfʲɵdər mʲɪˈxajləvʲɪtɕ dəstɐˈjɛfskʲɪj] .mw-parser-output .prononciation>a{background:url("//upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/8/8a/Loudspeaker.svg/11px-Loudspeaker.svg.png")center left no-repeat;padding-left:15px;font-size:smaller}Écouter) est un écrivain russe, né à Moscou le 30 octobre 1821 (11 novembre 1821dans le calendrier grégorien) et mort à Saint-Pétersbourg le 28 janvier 1881 (9 février 1881dans le calendrier grégorien). Considéré comme l'un des plus grands romanciers russes, il a influencé de nombreux écrivains et philosophes.
Après une enfance difficile, il fréquente une école d'officiers et se lie avec les mouvements progressistes pétersbourgeois. Arrêté en avril 1849, il est condamné à mort; après un simulacre d'exécution, il est finalement déporté dans un bagne de Sibérie pendant quatre ans. Redevenu sous-lieutenant, il démissionne de l'armée en 1859 et s'engage complètement dans l'écriture. Épileptique, joueur couvert de dettes et d'un caractère sombre, Dostoïevski fuit ses créanciers et mène une vie d'errance en Europe au cours de laquelle il abandonne toute foi dans le socialisme et devient un patriote convaincu.
Écrivain admiré après la publication de Crime et Châtiment (1866) et de L'Idiot (1869), l'auteur publie ses œuvres les plus abouties, Les Démons (1871) et Les Frères Karamazov (1880).
Les romans de Dostoïevski sont parfois qualifiés de « métaphysiques », tant la question angoissée du libre arbitre et de l'existence de Dieu est au cœur de sa réflexion, tout comme la figure du Christ. Cependant, ses œuvres ne sont pas des « romans à thèse », mais des romans où s'opposent de façon dialectique des points de vue différents avec des personnages qui se construisent eux-mêmes, au travers de leurs actes et de leurs interactions sociales. Dostoïevski chemine sur différents thèmes de la nature humaine et de la condition humaine.
Sommaire
1 Biographie
1.1 Jeunesse et formation
1.2 Les premiers écrits
1.2.1 Une gloire éphémère
1.2.2 Dostoïevski révolutionnaire ?
1.2.3 La condamnation à mort
1.3 Le bagne d'Omsk
1.4 Après le bagne
1.5 Les années d'errance
1.6 La maturité
2 L'œuvre
2.1 Les sources : Dostoïevski lecteur
2.2 Le style romanesque
2.3 La relation de l'Homme au monde
2.4 Dostoïevski penseur
2.5 Citations
3 Œuvre
3.1 Romans
3.2 Nouvelles
3.3 Chronique
3.4 Correspondance
3.5 Carnets
4 Voir aussi
4.1 Bibliographie
4.2 Sources primaires
4.3 Biographies
4.4 Études
4.5 Dans l'art
4.5.1 En littérature
4.5.2 A la télévision et au cinéma
5 Liens externes
6 Notes et références
Biographie |
Jeunesse et formation |
D'origine tatare par son ancêtre Aslan Tchereby-Mours, « demeuré en Moscovie après l'éviction de la Horde d'or »[2], Fiodor Mikhaïlovitch Dostoïevski est le second fils de Mikhaïl Andréiévitch Dostoïevski, médecin militaire à l'hôpital des Indigents de Moscou et de Maria Fiodorovna Netchaïev. Le père, alcoolique[3], est d'humeur morose et fait régner une atmosphère insupportable à la maison ; selon l'écrivain : « Mikhaïl Andréiévitch n'aimait pas du tout parler de son père et demandait qu'on ne le questionnât pas sur lui[4]. » En 1827, Mikhaïl Andréiévitch est nommé « assesseur de collège » et obtient ainsi un titre de noblesse héréditaire[5]. Il fait l'acquisition de deux villages, Darovoié et Tchermachnia, en 1831. En 1832, les deux hameaux sont détruits par un incendie. Après la mort de la mère, le 27 février 1837[6], la tante maternelle, Alexandra, joue un grand rôle dans la vie de la famille.
Il lit avec ferveur Shakespeare, Goethe, Victor Hugo et surtout Schiller, auteur déterminant dans sa vocation d'écrivain : « Lorsque j'avais dix ans, je vis à Moscou, une représentation des Brigands de Schiller avec Motchalov, et je vous affirme que l'énorme impression que je subis alors exerça une féconde influence sur mon univers spirituel[7]. »
À l'initiative de son père, qui y voyait probablement les avantages d'un écolage pris en charge par l'État, Fiodor intègre une formation militaire, alors qu'il n'a ni don ni goût pour la vie de soldat[8]. Après en avoir réussi l'examen d'entrée, Fiodor intègre l'École supérieure des Ingénieurs militaires de Saint-Pétersbourg en 1838. Tant bien que mal[9], il effectue sa scolarité dans l'indigence, n'ayant parfois pas de quoi se nourrir, car son oncle (qui l'accueille) refuse de lui envoyer suffisamment d'argent. C'est un élève taciturne, au regard mystérieusement mélancolique, qui ne s'intègre pas bien à l'école. Il méprise le matérialisme et le carriérisme de ses camarades.
Selon une rumeur forgée par un riche voisin, P.P. Hotjaïncev, qui lorgnait les terres du village de Darovoié, Mikhaïl Dostoïevski aurait été tué le 8 juin 1839 par les serfs de Darovoié, excédés par les mauvais traitements que leur faisait subir leur maître[10],[11]. En réalité, il meurt victime d'une crise d'apoplexie, comme le confirme son autopsie. Selon la tradition familiale, la nouvelle de la mort de son père tué par ses serfs est l'occasion d'une crise nerveuse, qui pourrait bien être une première crise d'épilepsie[12]. Cette légende familiale, renforcée par le diagnostic de Freud[13] selon lequel cette attaque épileptique était « une autopunition pour le souhait de mort contre le père haï », est aujourd'hui remise en question par certains ou étudiée sous d'autres angles[14], Dostoïevski ayant probablement eu sa première crise d'épilepsie en 1850 à Omsk[15],[16].
En 1842, Fiodor Dostoïevski est nommé sous-lieutenant et entre en tant que dessinateur au département des plans de campagne de la direction du Génie à Saint-Pétersbourg, emploi qui l'ennuie profondément[17].
Les premiers écrits |
Une gloire éphémère |
À 22 ans, pendant l'été 1844, il démissionne pour se consacrer à son premier roman, Les Pauvres Gens. Porté aux nues par le poète Nikolaï Nekrassov et l'influent critique Vissarion Belinski, le roman est publié en janvier 1846 et connaît un succès public certain. Dostoïevski se retrouve alors propulsé au rang de « nouveau Gogol » et se pavane dans les cercles mondains de Saint-Pétersbourg[18]. Bientôt, l'élite commence à railler son manque de tenue, son air abattu. Ivan Tourgueniev publie une satire en vers, où il le qualifie de « chevalier à la triste figure » et d'« aimable fanfaron »[19],[20]. C'est lors d'une de ces soirées que l'écrivain connaît vraisemblablement une première crise d'épilepsie (non diagnostiquée comme telle)[21]. Sa disgrâce est accélérée par la publication de ses romans suivants, Le Double et La Logeuse, qui ne rencontrent pas le succès escompté.
Dostoïevski révolutionnaire ? |
Depuis décembre 1846 ou janvier 1847[22], il fréquente le Cercle fouriériste de Mikhaïl Petrachevski, un fonctionnaire au ministère des Affaires étrangères, qui combat l'absolutisme de Nicolas Ier. Il n'adhère pas à un système en particulier (ses opinions se seraient progressivement orientées vers un mysticisme slavophile), mais cherche à maintenir une présence dans les milieux intellectuels progressistes pétersbourgeois. Il ne fréquente pas ces cercles pour fomenter de réelles actions révolutionnaires, mais pour discuter d'idées nouvelles et surtout parler de l'avenir de la Russie. Cette même année, il fait sa première crise d'épilepsie, à 26 ans.
La condamnation à mort |
En avril 1849, les membres du Cercle de Petrachevski sont arrêtés ; Dostoïevski est emprisonné à la forteresse Pierre-et-Paul. L'empereur Nicolas Ier voit resurgir le spectre de l'insurrection décabriste, un complot qui s'était propagé dans l'armée et avait abouti à la sanglante émeute du 14 décembre 1825 (26 décembre 1825dans le calendrier grégorien). Mikhaïl Dostoïevski est également brièvement arrêté[23]. Après une instruction de plusieurs mois, un procès, une condamnation à mort et un simulacre d'exécution[24] sur la place Semenovski le 22 décembre 1849, l'empereur graciant les prisonniers à l'instant même où ils allaient être fusillés, la condamnation à mort est commuée en exil de plusieurs années et la peine en déportation dans un bagne de Sibérie. Fiodor Dostoïevski voit sa peine commuée en quatre ans de travaux forcés, auxquels s'ajoute l'obligation de servir ensuite comme simple soldat[25]. Leonid Grossman voit dans cet épisode tragique l'origine du revirement idéologique de Dostoïevski, constaté à plusieurs reprises à partir de son séjour au bagne d'Omsk[26],[27].
Le bagne d'Omsk |
Le condamné Dostoïevski est mis aux fers. Le convoi part pour la Sibérie le jour de Noël et passe par Tver, Nijni Novgorod, Kazan, Perm et enfin Tobolsk, où il arrive le 9 janvier 1850. Dostoïevski dissuade un de ses compagnons d'infortune de se suicider. À Tobolsk, les prisonniers reçoivent la visite de plusieurs épouses des décabristes condamnés en 1826 qui avaient accompagné leurs maris en exil[28]. Nathalie Fonvizine remet à Dostoïevski une bible dont il ne se séparera jamais[29].
Le 23 janvier 1850, Dostoïevski arrive à Omsk (Souvenirs de la maison des morts)[30]. En sa qualité de noble, certaines punitions et certains mauvais traitements lui sont épargnés[31], ce qui lui vaut d'être détesté par les autres détenus. Les punitions corporelles lui sont épargnées sur l'intervention de M. de Grave, un officier d'origine française ; le médecin du camp le prend en sympathie et lui accorde des séjours à l'infirmerie.
Dans les baraquements, il partage sa vie avec des forçats de droit commun. Il écrit dans sa correspondance : « Je n'ai pas perdu mon temps : j'ai appris à bien connaître le peuple russe, comme peut-être peu le connaissent ». L'intellectuel de salon qu'il était commence alors son évolution : « J'étais coupable, j'en ai pleine conscience… J'ai été condamné légalement et en bonne justice… Ma longue expérience, pénible, douloureuse, m'a rendu ma lucidité… C'est ma croix, je l'ai méritée… Le bagne m'a beaucoup pris et beaucoup inculqué. » Il rencontre au bagne « les hommes les plus richement doués, les plus forts de tout notre peuple… », et se rapproche ainsi du « peuple russe » orthodoxe, rapprochement qui nourrira plus tard son slavophilisme.
Durant sa captivité, Dostoïevski tente d'obtenir qu'on lui épargne les fers. Ses vaines demandes[32] déclenchent l'ironie à Pétersbourg, où l'on raille la faiblesse du « révolutionnaire » Dostoïevski demandant la grâce de l'empereur qu'il voulait abattre…[réf. nécessaire]
Cette période déterminante trouvera écho dans plusieurs passages importants de ses livres ultérieurs, dont l'épilogue de Crime et Châtiment.
Après le bagne |
Sa peine se termine le 23 janvier 1854 et il est affecté comme simple soldat dans un régiment de Semipalatinsk en Sibérie[33]. Après deux mois de vie de caserne, Dostoïevski obtient le privilège rarissime de pouvoir habiter en ville. Il fréquente les notables locaux et y fait la connaissance d'un petit fonctionnaire, Alexandre Ivanovich Issaïev, et de sa jeune épouse poitrinaire, Maria Dimitrievna[34]. Trompé par l'intérêt charitable et sans doute purement mondain que lui porte la jeune femme, qu'il prend aussitôt pour de l'amour, Dostoïevski tente de la faire quitter son mari et de l'épouser[35]. Sa condition de banni ne joue pas en sa faveur. L'écrivain entreprend alors toutes sortes de démarches auprès de l'empereur en vue d'obtenir une grâce (la guerre de Crimée vient de commencer). Les milieux littéraires pétersbourgeois se moquent de l'obséquiosité du « révolutionnaire » Dostoïevski[36].
Cependant, la situation personnelle de Dostoïevski s'améliore grandement avec la nomination du baron Wrangel comme procureur de Semipalatinsk. Son ode sur le couronnement lui vaut d'être promu, le 1er octobre 1856, aspirant, premier grade d'officier[37]. Les frasques d'Alexandre Ivanovich Issaïev ont conduit sa famille dans la pauvreté, et Dostoïevski cherche à leur venir en aide. Il parvient à faire nommer Alexandre Ivanovitch comme inspecteur des débits de boissons à mille kilomètres de Semipalatinsk. Mais la situation amoureuse de l'écrivain ne s'améliore pas malgré la mort de l'encombrant mari, car un autre homme lui dispute les faveurs de Maria Dimitrievna.
Après de nombreux atermoiements de sa « fiancée », Dostoïevski épouse enfin Maria Dmitrievna Issaïeva le 15 février 1857. En avril 1857, Dostoïevski est rétabli dans ses titres de noblesse et obtient à nouveau le droit de publier librement[38]. Il recommence à écrire : les Souvenirs de la maison des morts, récit romancé de sa vie au bagne, puis un roman plus léger — car il redoute toujours la censure —, Le Bourg de Stépantchikovo et sa population.
En 1859, il obtient sa retraite comme sous-lieutenant et l’autorisation de rentrer vivre à Saint-Pétersbourg, sous la surveillance de la police secrète. Il renoue alors avec les libéraux et fonde avec son frère Mikhaïl une revue modérée et nationaliste, Le Temps, où paraît notamment Souvenirs de la maison des morts. Cette revue est interdite en 1863, car un article publié, à propos de l'insurrection polonaise, est jugé trop contestataire par la censure. Pour la remplacer, les deux frères fondent la revue L'Époque, mais qui rencontre moins de succès. L'arrivée au pouvoir du nouvel empereur Alexandre II en 1855 a amené de nombreuses réformes en Russie : ainsi, le servage est aboli en 1861. Malgré ces ouvertures politiques, on assiste assez vite à l'émergence de mouvements révolutionnaires violents, ce qui inquiète beaucoup Dostoïevski. Il commence déjà à polémiquer de plus en plus sévèrement avec les socialistes[39] qui considèrent l'homme comme raisonnablement et « fondamentalement bon » et que la science conduit obligatoirement vers la lumière. Dostoïevski raille sa « sainteté la chimie ».
Les années d'errance |
En 1862, il voyage pour la première fois en Europe occidentale, où il rencontre Apollinaria Souslova, qui devient sa maîtresse.
Sa femme Maria Dmitrievna puis son frère Mikhaïl Mikhaïlovitch meurent en 1864. Il commence Les Carnets du sous-sol alors qu'il veille le corps de sa femme défunte. Cette longue nouvelle sert de « laboratoire aux grands romans »[40] : en réponse au roman Que faire ? du révolutionnaire Nikolaï Tchernychevski, il y développe une réflexion théologique sur la place de l'homme moderne et les limites de sa liberté dans la Création.
Il revoit la jeune Apollinaria Souslova, qui refuse sa demande en mariage. Il épouse sa sténographe, la jeune Anna Grigorievna Snitkina, en février 1867. Il est malade, couvert de dettes et doit fournir de quoi vivre à la veuve et aux enfants de son frère qu'il a adoptés. Au printemps 1867, pour échapper à ses créanciers, il voyage en Allemagne, en Suisse (il séjourne à Genève, où il vit la naissance puis la mort quelques semaines plus tard de sa première fille[41]) et en Italie (Milan, Florence), désespéré, tente une nouvelle fois sa chance à la roulette. On trouve des échos de sa passion maladive du jeu dans Le Joueur (1866) et L'Adolescent (1875). Il publie en parallèle son Journal d'un écrivain.
Ces années d'errance et de troubles marquent profondément Dostoïevski. Son aversion pour l'Europe et la démocratie grandit. Selon Dostoïevski, l'égalité démocratique n'efface pas la violence des rapports humains mais l'exacerbe au contraire. En outre, en détruisant Dieu et la monarchie, l'homme crée selon lui un monde dominé par le matérialisme, l'individualisme et l'égoïsme. Sa pensée le conduit alors à revenir dans le giron de l'Église orthodoxe et à développer sous forme de roman une philosophie religieuse orthodoxe[42].
Il s'oppose à la démocratie bourgeoise parce qu'elle donne une place trop importante à l'argent. Il admire en revanche la liberté de la presse, lui qui a souffert de la censure en Russie. De son incarcération en 1849, jusqu'à la publication de Les Frères Karamazov en 1879, Dostoïevski se trouve placé sous la surveillance des services secrets de l'empereur qui révisent son courrier, surveillent ses relations et contrôlent ses bagages aux frontières, et même au-delà.
Politiquement, d'abord fervent occidentaliste, il devient nationaliste et presque chauvin. Il aime le peuple russe avec passion et hait profondément les usuriers qui saignent les pauvres gens. Crime et Châtiment s'ouvre d'ailleurs sur l'assassinat d'une prêteuse sur gage par un étudiant pauvre, et dépeint longuement les milieux très pauvres de Saint-Pétersbourg et les ravages que l'alcoolisme y produit.
La maturité |
Grâce à l'esprit pratique et à la volonté de son épouse, la situation du ménage s'améliore considérablement. Dostoïevski finit par renoncer au jeu. Son roman Les Démons est inspiré d'un fait divers tragique : l'assassinat par les siens d'un des membres du groupe révolutionnaire de Serge Netchaïev.
Son œuvre romanesque s'achève par Les Frères Karamazov, qu'il publie à l'âge de 59 ans. Cette œuvre incarne l'apogée de Dostoïevski. Le roman synthétise ses deux plus grands thèmes de réflexion : la force irrationnelle de la passion et l'existence de Dieu. Ce livre connaît un succès immense et assoit la place de Dostoïevski parmi les grands écrivains russes. En 1880, son Discours sur Pouchkine, où il évoque sa vision sur le rôle de la Russie dans le monde, fait de lui un héros national acclamé tant par la jeunesse, les femmes russes que par ses anciens ennemis (Ivan Tourgueniev au premier rang).
Ses dernières années restent marquées par des discours enflammés sur l'âme et le peuple russes ainsi que sur la supériorité du « génie russe » sur les autres nations. Il attribue un rôle messianique au peuple russe, seul peuple capable de comprendre tous les autres et d'avoir ses spécificités nationales. Selon lui, le peuple russe a pour mission d'apporter le bonheur à l'humanité.
À la fin de sa vie, Dostoïevski est devenu un fervent croyant et a abandonné l'agnosticisme de ses premières années.
Il succombe à une hémorragie le 9 février 1881. Ses obsèques nationales ont lieu le 12 février 1881 et sont suivies par trente mille personnes[43],[44]. Il est enterré au cimetière Tikhvine à Saint-Pétersbourg.
L'œuvre |
Les sources : Dostoïevski lecteur |
Avant de devenir écrivain, Dostoïevski est dès l'adolescence un lecteur passionné. On trouve ainsi une évocation du bonheur de la lecture dans Nétotchka Nezvanova. Il a une excellente connaissance de la littérature européenne de son temps. Byron, Balzac, Dickens, Victor Hugo, E. T. A. Hoffmann figurent parmi ses auteurs favoris. Dans ses premières années, il est également volontiers lecteur de romans populaires, notamment des feuilletonistes français Eugène Sue ou Paul de Kock.
Balzac a toutefois une influence déterminante sur l'écrivain russe, qui traduit dès 1844 Eugénie Grandet, dont il s'inspire pour son premier roman, Les Pauvres Gens. Bienstock voit en Balzac une source d'inspiration de Dostoïevski, tant dans la forme (on retrouve dans Les Pauvres Gens des expressions du père de La Comédie humaine) que dans le fond[45].
C'est aussi chez ses prédécesseurs russes Pouchkine et Gogol qu'il puise une part de son inspiration littéraire, notamment le mélange de styles réaliste, grotesque et épique, caractéristique de cette tradition.
Il montre également un grand intérêt pour le théâtre (Racine, Shakespeare, Schiller, Molière en particulier). De fait, ses romans se présentent fréquemment comme des suites de scènes dramatiques presque entièrement dialoguées. On rencontre encore des dispositifs classiques du théâtre tels que le quiproquo ou le témoin caché.
À cette passion pour la lecture s'ajoute celle pour la critique littéraire et le débat d'idées en général. Dans les Souvenirs de la maison des morts, le narrateur relate l'émotion intense qu'il ressent lorsqu'il parvient à se procurer pour la première fois depuis de nombreuses années une revue littéraire. Les allusions à la littérature contemporaine parsèment l'œuvre de Dostoïevski, sous forme de parodie, d'attaque directe ou implicite, notamment contre le romantisme.
Le style romanesque |
L'une des caractéristiques les plus frappantes des romans de Dostoïevski est l'outrance des personnages et des situations. On rencontre ainsi des débauchés nihilistes, des femmes fatales, des mères prostituant leurs enfants, des alcooliques invétérés, de nombreux personnages à la limite de la folie (mégalomanie, délire de persécution, sadisme…), mais aussi des « saints » incarnant l'idéal chrétien, tel le starets Zosima (Les Frères Karamazov) ou le prince Mychkine (L'Idiot). Toute une palette de figures se décline allant du personnage démoniaque, comme Rogogine, au fol-en-Christ comme le prince Mychkine. Mais les opposés s'attirent malgré tout et la somme des excès ne peut aboutir qu'à une destruction totale[46]. Les meurtres, les ruines soudaines, les mariages annulés, les maladies mortelles, les suicides se succèdent, parfois à la limite de la vraisemblance. L'intensité de ces scènes est encore relevée par l'utilisation de la narration à la première personne (Le Joueur, L'Adolescent, Humiliés et offensés entre autres) ou par l'utilisation du dialogue.
Les personnages de Dostoïevski ont en outre la particularité d'évoluer au cours du roman, et souvent radicalement, tel le Raskolnikov de Crime et Châtiment ou Arkadi Dolgorouki dans L'Adolescent. Ce trait marque une profonde rupture avec la tradition littéraire qui privilégie l'unité et la cohérence des personnages et ouvre vers la modernité littéraire.
Une place considérable est dévolue aux dialogues. C'est ainsi que le critique russe Mikhaïl Bakhtine a été amené à définir le concept de dialogisme pour caractériser le style romanesque de Dostoïevski. Le roman dostoïevskien se présente comme une confrontation des points de vue « existentiels » des différents personnages, qui s'expriment dans des styles différents. Le burlesque peut ainsi côtoyer le tragique, et le sentimentalisme le cynisme. Dostoïevski apporte un soin particulier au réalisme des dialogues, en utilisant des expressions populaires, des digressions, des interruptions.
Chacun des personnages se définit par rapport aux autres, par imitation ou par opposition. De nombreux romans (souvent burlesques) sont bâtis sur les relations d'amour et de haine entre deux personnages très semblables ou complémentaires : Le Double, mais aussi Le Bourg de Stépantchikovo et sa population ou L'Éternel Mari. On trouve également de longues scènes impliquant des discussions houleuses avec de nombreux personnages (L'Idiot ou Les Démons). Mais Dostoïevski est également l'un des premiers à présenter des romans sous forme de monologue (Les Carnets du sous-sol, La Douce, L'Adolescent). Même dans ces monologues, le principe dialogique est à l'œuvre : le narrateur s'adresse à un public imaginaire, répond à ses objections, cherche à le séduire ou à le défier.
La confrontation des points de vue entraîne une grande variété des styles, d'une œuvre à l'autre, mais aussi au sein d'un même texte. Des épisodes grotesques ou bouffons sont intercalés au milieu de scènes dramatiques (Le Bourg de Stépantchikovo et sa population), comme dans les pièces de Shakespeare. On notera enfin les caractéristiques propres à la publication sous forme de feuilleton : foisonnement des intrigues, digressions, mais aussi incohérences, caractéristiques que l'on peut retrouver dans d'autres œuvres contemporaines telles que La Maison d'Âpre-Vent de Dickens ou La Foire aux vanités de Thackeray.
La relation de l'Homme au monde |
Les thèmes philosophiques, religieux et politiques occupent une place centrale dans l'œuvre de Dostoïevski.
C'est lors de son passage au bagne que se développe la force spirituelle de Dostoïevski. Il ne s'endurcit pas, il ne se révolte pas et accepte les révélations qui lui arrivent peu à peu sur la Russie, le peuple russe, la monarchie russe et la religion. Il écrit dans une correspondance : « Je te jure que je ne perdrai pas espoir et garderai purs mon esprit et mon cœur… Je dois vivre… Ces années ne seront pas stériles. » Au fond de son enfer, il rencontre le Christ, et sa foi renouvelée va désormais le guider dans sa vie privée, dans sa vie d'écrivain et dans sa vie politique : « … il n'est rien de plus beau, de plus profond, de plus sympathique, de plus raisonnable, de plus viril et de plus parfait que le Christ… Désormais, je n'écrirai plus d'âneries. »
Mais cette découverte du Christ n'implique pas un retour à la religion. À cet égard, Kirilov, personnage des Démons, imagine que Jésus mourant ne s'est pas retrouvé au Paradis : « Les lois de la nature, dit l'ingénieur, ont fait vivre le Christ au milieu du mensonge et mourir pour un mensonge ». Ce qui fait dire à Albert Camus analysant l'œuvre de Dostoïevski, que « Jésus incarne bien tout le drame humain. Il est l'homme parfait, étant celui qui a réalisé la condition la plus absurde. Il n'est pas le Dieu-homme, mais l'homme-dieu. Et comme lui, chacun de nous peut être crucifié et dupé — l'est dans une certaine mesure. »[47]
La question du Christ, et de l'existence de Dieu, est en fait au cœur de sa réflexion, ainsi que Dostoïevski lui-même l'affirme, parlant des Karamazov : « La question principale qui sera poursuivie dans toutes les parties de ce livre est celle même dont j'ai souffert consciemment ou inconsciemment toute ma vie : l'existence de Dieu. »[48]
Dostoïevski penseur |
Lorsque l'on cherche à définir la pensée de Dostoïevski, on se heurte d'emblée à une difficulté : son œuvre romanesque comporte très peu d'interventions directes de l'auteur comme on en trouve souvent dans les romans du XIXe siècle. Ce ne sont pas des « romans à thèse », mais des romans où s'opposent de façon dialectique des points de vue différents. Ainsi, dans Les Frères Karamazov, Aliocha le croyant s'oppose à Ivan le sceptique, mais l'auteur fait de chacun un personnage cohérent et touchant. Rien ne serait donc plus trompeur que de prêter à Dostoïevski les opinions de ses personnages. C'est avec la plus grande prudence qu'il faut lire les citations extraites de son œuvre romanesque.
Il existe bien une pensée originale chez Dostoïevski, notamment au vu de son influence sur de nombreux philosophes tels que Nietzsche, André Suarès, Albert Camus, les existentialistes, René Girard, ou encore sur la psychologie. À ce sujet, Freud écrit un article « Dostoïevski et le parricide ».
C'est à travers son œuvre romanesque prise dans son ensemble et non dans les paroles de ses personnages qu'il faut chercher cette pensée, principalement d'ordre ontologique, voire anthropologique.
L'une des idées forces de Dostoïevski est l'existence chez tout être humain d'un besoin inné d'imitation. Le thème de l'imitation est récurrent dans son œuvre, qu'il s'agisse d'un personnage historique (Napoléon Ier dans Crime et Châtiment, James de Rothschild dans L'Adolescent) ou d'un autre personnage romanesque (Le Double, Nétotchka Nezvanova, L'Éternel Mari, etc.). Ce besoin d'imitation porte en lui une tension entre admiration et rivalité qui peut dégénérer en fusion passionnelle comme en haine acharnée. C'est en repérant ce thème dans l'œuvre de Dostoïevski (et d'autres auteurs) que René Girard élabora son concept de désir mimétique. Pour Dostoïevski, seule l'imitation du Christ, du fait de sa nature à la fois divine et humaine, sublime et humble, peut déboucher sur une société juste et sans violence.
Selon Dostoïevski, la société démocratique dans laquelle la Russie est brutalement projetée au cours des années 1850 ne fait que rendre les conflits plus violents. Elle promet en effet à chacun un égal droit à la réussite et à la gloire : serfs affranchis, petits fonctionnaires, étudiants pauvres se sentent à égalité avec les nobles ou les grands bourgeois. Inévitablement, les obstacles et les rigidités sociales engendrent alors frustrations et amertume (cf. Les Carnets du sous-sol). C'est d'ailleurs le point de départ du concept de ressentiment chez Nietzsche. Pour le philosophe russe Léon Chestov, Dostoïevski se rapproche de Nietzsche « en ce que leurs œuvres contiennent non pas une réponse mais une question : peuvent-ils encore concevoir quelque espoir, ceux qui ont repoussé la science et la morale ? Autrement dit : la philosophie de la tragédie est-elle possible ? » Léon Chestov avance que les romans métaphysiques de Dostoïevski sont une réponse à La Critique de la raison pure et de la science positive de Kant.
De plus, la proximité de la pensée de Dostoïevski avec l'existentialisme[réf. nécessaire] est telle qu'on a pu le compter parmi les fondateurs de ce courant philosophique, au même titre que Kierkegaard. En effet ses personnages se construisent au travers de leurs rapports dialectiques à autrui, de leurs actes ou de leurs interactions sociales, par imitation ou opposition. Il montre également la part d'angoisse associée au libre arbitre (voir par exemple l'apologue du Grand Inquisiteur dans Les Frères Karamazov).
Enfin, Daniel S. Larangé attire l'attention sur les « détournements » opérés lors de la réception et de la traduction de l'œuvre de Dostoïevski en France, orchestrés notamment par Eugène-Melchior de Vogüé qui en « dénature » le style afin de lui assurer la bienveillance de la critique. Le naturalisme s'est alors empressé de condamner l’œuvre du maître russe. Dès lors, Dostoïevski est seulement connu en France à travers des traductions peu précises ou des adaptations ; des écrivains comme Gide ou Nathalie Sarraute vont l'interpréter à leur manière[49].
Citations |
« Les idéaux se succèdent, on les dépasse, ils tombent en ruines, et puisqu’il n’y a pas d’autre vie, c’est sur ces ruines encore qu’il faut fonder un idéal dernier. » (Les Nuits blanches).
« En toute période de transition, on voit surgir cette racaille qui existe dans toute société et qui, elle, non seulement n’a aucun but, mais est même dépourvue de toute trace d’idée […] Les individus les plus abjects avaient soudain pris le dessus, s’étaient mis à critiquer ouvertement ce qui est sacré, alors qu’auparavant ils n’osaient même pas ouvrir la bouche. » (Les Possédés, III, i, 1).
« Mais alors, que deviendra l'homme, sans Dieu et sans immortalité ? Tout est permis, par conséquent, tout est licite ? » (Dmitri Karamazov à Rakitine, Les Frères Karamazov, XI, IV : L'hymne et le secret).
« Je dois te faire un aveu, commença Ivan. Je n'ai jamais pu comprendre comment on peut aimer son prochain. C'est précisément le prochain qu'il est impossible d'aimer, peut-être seulement le lointain. » (Ivan Karamazov à Aliochka, Les Frères Karamazov; V, IV : La rébellion).
« Je triompherai de toute ma douleur juste pour pouvoir dire « je suis ». » (Dmitri Fiodorovitch Karamazov, accusé de parricide, Les Frères Karamazov).
« La beauté est une énigme. », (prince Mychkine, L'Idiot).
« J'admets que deux fois deux quatre est une chose excellente, mais s'il faut tout louer, je vous dirais que deux fois deux cinq est aussi une chose charmante. » (Les Carnets du sous-sol).
« Nos désirs sont presque toujours erronés à cause d'une conception erronée de nos intérêts. » (Les Carnets du sous-sol).
« Je suis très bien aussi avec les maisons. Quand je passe, chacune d’elles accourt à ma rencontre, me regarde de toutes ses fenêtres et me dit : « Bonjour ! Comment vas-tu ? Moi, grâce à Dieu, je me porte bien. Au mois de mai on m’ajoutera un étage. » Ou bien : « Comment va la santé ? Demain on me répare. » Ou bien : « J’ai failli brûler, Dieu ! Que j’ai eu peur ! » Etc. » (Les Nuits blanches).
« Oui, l'homme a la vie dure ! Un être qui s'habitue à tout. Voilà, je pense, la meilleure définition qu'on puisse donner de l'homme. » (Souvenirs de la maison des morts).
« L'homme est malheureux parce qu'il ne sait pas qu'il est heureux. » (Les Démons).- « J'ai un projet : devenir fou ! »
« Dostoïevski est la seule personne qui m'ait appris quelque chose en psychologie. » (Friedrich Nietzsche).
« Vivre sans espoir, c'est cesser de vivre. » (Dostoïevski).
« Est-il vrai, prince, que vous ayez dit une fois que la « beauté » sauverait le monde ? Messieurs, cria-t-il en s’adressant à toute la société : — le prince assure que la beauté sauvera le monde ! » (L'Idiot).
Œuvre |
Romans |
1846 : Les Pauvres Gens
1846 : Le Double
1848-1849 : Nétotchka Nezvanova (inachevé)
1859 : Le Rêve de l'oncle
1859 : Le Bourg de Stépantchikovo et sa population ( connu aussi sous le titre Carnet d'un inconnu ).
1861 : Humiliés et offensés
1860-1862 : Souvenirs de la maison des morts
1864 : Les Carnets du sous-sol
1866 : Crime et Châtiment
1866 : Le Joueur
1868-1869 : L'Idiot
1870 : L'Éternel Mari
1871 : Les Démons
1875 : L'Adolescent
1880 : Les Frères Karamazov
Nouvelles |
1846 : Du danger de se livrer à des rêves ambitieux[50]
1846 : Monsieur Prokhartchine
1847 : Un roman en neuf lettres
1847 : La Logeuse (autre traduction : L'Hôtesse)
1848 : Polzounkov
1848 : La Femme d'un autre et le mari sous le lit
1848 : Un sapin de Noël et un mariage
1848 : Les Nuits blanches
1848 : Un cœur faible
1848 : Récits d'un vieux routier, comprenant :
Le Soldat en retraite[51]
- Le Voleur honnête
1848 : Le Mari jaloux
1849 : Le Petit Héros
1862 : Une sale histoire
1863 : Notes d'hiver sur impressions d'été
1865 : Le Crocodile
1873 : Journal d'un écrivain :
- Bobok
- Petites Images
- Le Quémandeur
1874 : Petites Images (en voyage)
1876 : Journal d'un écrivain :
- Le Garçon « à la menotte »
- Le Moujik Maréï
La Douce (autres traductions : Une femme douce, Douce, La Timide)- La Centenaire
- Deux suicides
1877 : Journal d'un écrivain :
- Le Rêve d'un homme ridicule
1878 : Le Triton
1880 : Discours sur Pouchkine
Chronique |
1847 : Les Annales de Pétersbourg
Correspondance |
- Correspondance
Carnets |
Carnets : éditions Payot et Rivages, Paris, 2005. Extraits des carnets de l'auteur de 1872 à 1881.
Voir aussi |
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Musée Dostoïevski (Saint-Pétersbourg)
Rue Dostoïevski (Saint-Pétersbourg)
Maison-musée Fiodor Dostoïevski (Staraïa Roussa)
Bibliographie |
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- Gemeinsame Normdatei
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- Bibliothèque royale des Pays-Bas
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- Bibliothèque universitaire de Pologne
- WorldCat
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Sources primaires |
Fiodor Dostoïevski (trad. du russe par Anne Coldefy-Faucard, préf. Jacques Catteau), Correspondance, t. 1 : 1832-1864, Paris, Bartillat, 1998, 813 p. (ISBN 978-2841001767).
Fiodor Dostoïevski (trad. du russe par Anne Coldefy-Faucard, préf. Jacques Catteau), Correspondance, t. 2 : 1865-1873, Paris, Bartillat, 1998, 908 p. (ISBN 978-2841002412).
Fiodor Dostoïevski (trad. du russe par Anne Coldefy-Faucard, préf. Jacques Catteau), Correspondance, t. 3 : 1874-1881, Paris, Bartillat, 1998, 966 p. (ISBN 978-2841003129).
Anna G. Dostoïevskaïa (trad. du russe par André Beucler, préf. Jacques Catteau), Dostoïevski : Mémoires d'une vie, Paris, Mémoire du Livre, 2001 (1re éd. 1930), 520 p. (ISBN 2-913867-21-9). .
Biographies |
- Dominique Arban, Dostoïevski, Paris, Seuil, coll. « écrivain de toujours », 1977, 189 p.
Leonid Grossman (trad. du russe par Michèle Kahn, préf. Michel Parfenov), Dostoïevski, Paris, Parangon, coll. « Biographies », 2003, 520 p. (ISBN 2-84190-096-7).
Joseph Frank (trad. de l'anglais par Aline Weil), Dostoïevski : les années miraculeuses (1865-1871), Arles, Actes Sud, coll. « Solin », 1998, 768 p. (ISBN 2742715460).
Virgil Tanase, Dostoïevski, Paris, Gallimard, coll. « Folio biographies » (no 92), 2012, 425 p. (ISBN 978-2070439027).
Serge Persky, La Vie et l'œuvre de Dostoïevsky (1918).- Henri Troyat, Dostoïevski, Paris, Fayard, 1960, 446 p.
Études |
Cahier de l'Herne, Fiodor Dostoievski (dirigé par Jacques Catteau), 1973 (ISBN 9782851970183).
Romano Guardini, L'Univers religieux de Dostoïevski, trad. par Henri Engelmann et Robert Givord, Paris, Seuil, 1947.- Gabrielle Althen, Dostoïevski. Le meurtre et l'espérance, Paris, Éditions du Cerf, Collection littérature, 2006.
Alain Durel, Dostoïevski amoureux, éditions de l’Œuvre, 2013 (ISBN 2204076538).
Mikhaïl Bakhtine, La Poétique de Dostoïevski.
Nicolas Berdiaev, L'Esprit de Dostoïevski, (1921), éd. St-Michel, Paris et Liège, 1929.
Jean-Pierre Brèthes, « D comme Fédor Dostoïevski », dans D'un auteur l'autre, Paris, L'Harmattan, 2009, pp. 43-51.
Augustin Cabanès, Grands névropathes, t. 3, Paris, Éditions Albin Michel, 1935, 382 p. (lire en ligne), « Dostoïevsky », p. 327-370.- Jacques Catteau, La Création littéraire chez Dostoïevski, Paris, Institut d'études slaves, 1978 (ISBN 2-7204-0142-0).
Léon Chestov, La Philosophie de la tragédie, Dostoïevski et Nietzsche, Paris, Éditions J. Shiffrin, Éditions de la Pléiade, 1926 ; rééd. Paris, Flammarion, 1966, traduction et préface (Lecture de Chestov) par Boris de Schloezer ; rééd. Paris, Le Bruit du temps, 2012.
John Cowper Powys, Dostoïevski, préface de Marc-Édouard Nabe, Bartillat, Paris, 2001 (ISBN 284100242X).
Paul Evdokimov,
Dostoïevski et le problème du mal ;
Gogol et Dostoïevski ou la Descente aux enfers.
- László F. Földényi, Dostoïevski lit Hegel en Sibérie et fond en larmes, traduit du hongrois par Natalia Zaremba-Huszsvai et Charles Zaremba, préface de Alberto Manguel, Paris, Actes Sud, collection « Un endroit où aller », 2008.
André Gide, Dostoïevski, Paris, Plon, 1923.
René Girard, Mensonge romantique et vérité romanesque, Paris, Bernard Grasset, 1961, 351 p. (ISBN 2-01-011849-9).
Juliette Hassine, « Correspondance des arts : Rembrandt-Dostoïevski dans l'Europe du vingtième siècle (In memoriam Jo Yoshida) », sur Department Bulletin Paper, 20 juin 2006(consulté le 27 avril 2017).
Alexis Klimov, Dostoïevski ; ou, la connaissance périlleuse / Présentation, choix de textes, bibliographie, par Alexis Klimov, Paris : Seghers, c. 1971.- Daniel S. Larangé, Récit et foi chez Fédor M. Dostoïevski. Contribution narratologique et théologique aux « Notes d'un souterrain » (1864), Paris-Turin-Budapest, éd. L'Harmattan, 2002 (Critiques littéraires) (ISBN 2-7475-1845-0).
- André Levinson, La Vie pathétique de Dostoïevski, éd. Plon, Paris, 1931.
Jacques Madaule, Le Christianisme de Dostoïevski, Bloud & Gay, 1939.- Vladimir Marinov, La Figure du crime chez Dostoïevski, Paris, Puf, 1990 (ISBN 2-13-043173-9).
André Suarès, Dostoïevski, Cahiers de la Quinzaine, 1911.
Dans l'art |
En littérature |
2003 : Un été à Baden-Baden de Leonid Tsypkine[52].
A la télévision et au cinéma |
2005 : J'irai cracher sur vos tongs, libre adaptation des Carnets du sous-sol[53]
2011 : Dostoïevski , série télévisée russe de Vladimir Khotinenko[54].
Die Frau mit den fünf Elefanten (La femme aux cinq éléphants), film documentaire de Vadim Jendreyko (Suisse, Allemagne, 2009) avec Swetlana Geier, traductrice de cinq œuvres de Dostoïevski en allemand entre 1992 et 2009.
Liens externes |
- « Fiodor Dostoïevski » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne.
Les frères Karamazov. (Ebook PDF).
Crime et châtiment. (Ebook PDF).
La maison des morts. (Ebook PDF).
Notes et références |
Aussi Fedor, Fédor ou Théodore, dénomination utilisée par Dostoïevski lui-même. Par exemple lorsqu'il habita à Genève : « M-r Theodore Dostoiewsky, Suisse, Genève, poste restante » (lettre du 28 août 1867 à Apollon Maïkov).
Dominique Arban, Dostoïevski, Seuil, 1995, p. 5
Virgil Tanase, Dostoïevski, p. 13.
Grossman 2003, p. 17.
Grossman 2003, p. 20.
La mère meurt d'une forme de tuberculose, plus précisément de phtisie. Fédor Dostoïevski, Les Démons, chronologie, p. 751 (ISBN 2070394166).
Grossman 2003, p. 18.
Grossman 2003, p. 32.
Il doit même redoubler l'année en raison de ses piètres résultats dans les domaines sportifs et militaires.
Virgil Tanase 2012, p. 32.
Andreï Mikhaïlovitch Dostoïevski, Mémoires /http://www.fedordostoevsky.ru/pdf/amd_1930.pdf (19-01-2017).
D'après Grossman 2003, p. 42, qui se réfère à des documents privés de la famille Dostoïevski.
Sigmund Freud, Dostoïevski et la mise à mort du père, dans OCF.P, XVIII, Paris, PUF, 1994, p. 205-225 (ISBN 2 13 046576 5).
Jacques Catteau, Un dossier controversé : Les cas Dostoïevski par Freud, [1] (le 19/01/2017), p. 167.
Sophie Ollivier, Regards sur Dostoïevski, Éditions Publibook, 2015, p. 39.
Un crime de sang étouffé par la famille de la victime elle-même pour des raisons économiques - châtier les coupable reviendrait à se priver du capital servile - est pourtant courant et rapporté dans des circonstances très similaires, par exemple, par Alexandre Radichtchev en 1790 déjà, dans son Voyage de Pétersbourg à Moscou.
Constantin Motchoulski, Dostoïevski : l'homme et l'œuvre, Payot, 1963, p. 20.
Grossman 2003, p. 77.
Grossman 2003, p. 78.
Henri Troyat, Dostoïevski, Édition Fayard, 1996, p. 89.
Grossman 2003, p. 79.
Virgil Tanase 2012, p. 54.
La question de l'éventuelle « trahison » et celle de sa collaboration avec les autorités est restée ouverte.
Le simulacre était une procédure assez courante.
Virgil Tanase 2012, p. 71.
Grossman 2003, p. 161.
Plus tardivement, dans sa lettre à Apollon Maïkov du 2 août 1868 (14 août 1868dans le calendrier grégorien), Dostoïevski reconnaît explicitement avoir « trahi ses anciennes convictions ».
Dostoïevski, Journal d'un écrivain, p. 13, Bibliothèque de la Pléiade.
Virgil Tanase 2012, p. 74.
Épisode relaté dans le cycle romanesque La Lumière des justes d'Henri Troyat.
En particulier, le tatouage sur le front qui l'identifie comme bagnard.
Refus de l'empereur suite à une requête formulée par de Grave datée du 5 avril 1852.
Virgil Tanase 2012, p. 79.
Virgil Tanase 2012, p. 81.
Virgil Tanase 2012, p. 83.
Virgil Tanase 2012, p. 84.
Constantin Motchoulski, Dostoïevski : l'homme et l'œuvre, Payot, 1963, p. 134.
Virgil Tanase 2012, p. 92.
Il écrira plus tard que « le socialiste chrétien est plus dangereux que le socialiste athée » dans Les Frères Karamazov (1877).
Daniel S. Larangé.
Leur fille Sophie est morte à Genève en 1868, âgée de trois mois, et est ensevelie au cimetière des Rois. Fiodor et Anna Dostoïevski eurent encore trois enfants , une fille Lioubov Dostoïevskaïa (en 1869) puis deux fils Fiodor (1871) et Alexeï (1875).
Récit et foi chez Fédor M. Dostoïevski. Contribution narratologique et théologique aux « Notes d'un souterrain » (1864) de Daniel S. Larangé.
Ibid., p. 754.
Selon Jacques Catteau, ce nombre s'élevait à 60 000. (A.G. Dostoïevskaïa, Mémoires d'une vie, préface p. 7.
« Dostoïevski et Balzac. Chronique des lettres françaises », agora.qc.ca.
Daniel S. Larangé, « L'Idiot, au plus haut de la schizophrénie russe », Magazine littéraire vol. 524 no 3, 2012, p. 80-81.
Le mythe de Sisyphe, Folio essais, p. 145-146.
Le Mythe de Sisyphe, Folio essais, p. 150.
Daniel S. Larangé, « Dostoïevski en France : le naturalisme français à la rencontre du réalisme fantastique russe », Communio Viatorum vol. XLVI no 3, 2004, p. 240-283 [2].
Œuvre écrite à trois mains, Dostoïevski, Nikolaï Nekrassov et Dmitri Grigorovitch.
Texte supprimé par l'auteur dans l'édition de 1860. Source : Fédor Dostoïevski, Récits, chroniques et polémiques, note de Gustave Aucouturier p. 1 689, Bibliothèque de la Pléiade.
« Un été à Baden-Baden », sur lexpress.fr, consulté le 16 juillet 2017.
http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=59118.html
« Dostoïevski », sur lemonde.fr, consulté le 25 juin 2017.
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