Grand Interrègne
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Le Grand interrègne (du latin : interregnum, cf. interroi) est la période entre 1250 et 1273 durant laquelle le trône impérial du Saint-Empire romain fut vacant. Il fut le résultat de la lutte victorieuse de la Papauté contre la maison de Hohenstaufen qui culmina avec la vacance du trône impérial.
L'époque est dominée par une conception théocratique du droit public à laquelle s'opposent les Hohenstaufen générant les factions opposées des guelfes et des gibelins. En 1245, le pape Innocent IV avait pris l'initiative de déposer l'empereur Frédéric II. Frédéric mourut cinq ans plus tard et la papauté ne parvint pas à imposer un prince guelfe à sa succession. Il s'ensuivit une compétition sanglante entre les princes d'Empire jusqu'à ce qu'ils élisent roi des Romains, en 1273, un comte souabe : Rodolphe de Habsbourg.
Sommaire
1 Origines
2 Conséquences
3 Notes et références
4 Annexes
4.1 Bibliographie
4.2 Articles connexes
Origines |
Frédéric II était à la fois empereur des Romains et roi de Sicile; les tensions avec les États pontificaux qui en résultent ont déjà provoqué sa première destitution par le pape Grégoire IX en 1239. Le pape meurt peu après; néanmoins la situation s'est dramatiquement dégradée suite à la révolte des archevêques de Mayence et Cologne, puis par l'élection du pape Innocent IV en 1243. Le 3 janvier 1245 il convoque le concile de Lyon; l'assemblement commença le 28 juin et finissait avec la destitution de l'empereur par le pape en sa qualité de vicaire du Christ.
À la suite de la mort de Frédéric le 13 décembre 1250, le pouvoir impérial se trouva affaibli face à la papauté. La papauté trouvera d'ailleurs un champion contre les successeurs de Frédéric dans la personne de Charles Ier d'Anjou. Ce dernier fut investi du royaume de Sicile par le pape en 1266, au détriment des mêmes successeurs de Frédéric II, également rois de Sicile.
D'autre part, l'héritier légal de l'Empire, Conrad IV, fils de Frédéric, mourut en 1254 ne laissant que son fils Conradin âgé de 2 ans pour lui succéder. Ceci divisa les électeurs sur le choix d'un nouvel empereur. Ils hésitèrent entre Richard de Cornouailles, beau-frère de Frédéric II, et Alphonse X de Castille, un petit-fils de Philippe de Souabe. Le pape s'opposa toutefois à ces deux prétendants. Par ailleurs, Guillaume de Hollande avait déjà été déclaré anti-roi en 1248; après le décès de Conrad IV, il a acquis une meilleure reconnaissance mais il a été tué deux ans plus tard.
Devant l'impasse, le pape proposa la couronne du Saint-Empire au roi de Bohême, Ottokar II. D'autres prétendants se firent connaître: le duc bavarois, Louis de Wittelsbach et même le roi de France Philippe III. L'autre candidat envisagé, Conradin, dernier descendant de Frédéric II, fut battu par Charles d'Anjou pour ensuite être exécuté par celui-ci en 1268.
La question fut réglée en 1273 lorsque les électeurs, menés par les princes ecclésiastiques et Louis de Wittelsbach, portèrent leur choix sur le comte Rodolphe de Habsbourg, rencontrant la résistance acharnée du roi Ottokar II de Bohême. Rodolphe fut choisi pour ses compétences militaires et son sens de l'organisation. Le pape Grégoire X entérina également ce choix puisqu'il désirait que l'ordre soit rétabli en Allemagne[1].
Conséquences |
L'une des conséquences immédiate et éphémère du Grand interrègne fut l'accroissement de puissance du parti guelfe ainsi que de Charles d'Anjou, nouveau roi de Sicile. L'opposition gibeline ayant perdu sa tête dirigeante, le roi angevin put alors faire sentir son influence en Italie centrale et septentrionale.
L'autre conséquence plus durable fut la décentralisation au sein de l'Empire. La plupart des princes et villes allemandes profitèrent de la vacance du trône pour atteindre une indépendance par rapport au pouvoir central. Ce manque d'unité devait dès lors caractériser l'Allemagne jusqu'au XIXe siècle.
La dernière conséquence de cette période fut le début de l'importance de la famille de Rodolphe d'Habsbourg en Europe centrale. La famille Habsbourg devient l'une des plus puissantes d'Europe et ses membres règnent d'une manière ininterrompue sur le Saint-Empire romain germanique de 1438 jusqu'à sa dissolution par Napoléon Ier en 1806, puis sur l'Empire d'Autriche jusqu'à la fin de la Première Guerre mondiale en 1918.
Notes et références |
Émile G. Léonard Les Angevins de Naples, p.114
Annexes |
Bibliographie |
- Anne Ben Khemis, "Grand interrègne", Dictionnaire du Moyen Âge: histoire et société, Encyclopædia Universalis, Albin Michel, Paris, 1997
- Léonard, Émile G., Les Angevins de Naples, Paris, Presses universitaires de France , 1954
Articles connexes |
- Lutte du sacerdoce et de l'Empire
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