Théophraste





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Teofrasto Orto botanico detail.jpg

Statue de Théophraste dans le jardin botanique de Palerme.











































Naissance

371 av. J.-C.
Lesbos
Décès

288 av. J.-C.
Athènes
Nationalité

Athènes (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Formation

École péripatéticienneVoir et modifier les données sur Wikidata
École/tradition

Aristotélisme, péripatétisme
Principaux intérêts

Métaphysique, botanique, science de la nature, rhétorique, physique
Œuvres principales

Les Caractères
Influencé par

Aristote, Platon
A influencé

Ménandre, Jean de La Bruyère
Adjectifs dérivés

théophrastéen



Théophraste (en grec ancien Θεόφραστος / Théophrastos) est un philosophe de la Grèce antique né vers -371 à Eresós[1] (Lesbos) et mort vers -288[2] à Athènes. Élève d’Aristote, il fut le premier scholarque du Lycée, de -322 à sa mort ; botaniste et naturaliste, polygraphe ou encore alchimiste.


Selon Théophraste, l’ambition légitime du savant est de parvenir, malgré les obstacles et les difficultés, à énoncer les causes de ce qu’il constate et analyse, à quoi il ne parvient qu’en manifestant à l'égard des théories générales une attitude critique qui le conduit à accumuler les observations, recourir à l’analogie et construire de nouvelles hypothèses, si c’est pertinent[3] ; l’aporie dans l’utilisation d’une théorie impose la recherche[4]. Il faut exhorter les hommes à acquérir plutôt de la science qu'à compter sur les richesses. Il est typique de Théophraste de retrouver plusieurs explications, et de tenter de distinguer les circonstances dans lesquelles elles ont été élaborées. L’importance qu'il accorde à l'observation directe et à la description précise et rigoureuse marque une rupture avec les auteurs qui, avant lui, avaient étudié les plantes. Pour Théophraste, seul le savant a la prérogative de n’être pas un étranger hors de sa patrie, de ne point manquer de personnes qui l’aiment, après avoir perdu ses amis, d'être citoyen dans toutes les villes du monde, de braver et de mépriser les revers de la fortune. D’après Cicéron et Plutarque, Épicure et Léontion avaient écrit un ouvrage intitulé Contre Théophraste[5],[6] ; celui d’Épicure comptait quatre livres. Le géographe Dicéarque a adressé certains de ses ouvrages, certaines de ses cartes et leurs explications à l’attention de Théophraste.




Sommaire






  • 1 Biographie


  • 2 Rhétorique et théorie littéraire


    • 2.1 Rhétorique


    • 2.2 Théorie littéraire


    • 2.3 Dialectique


    • 2.4 Logique


    • 2.5 La nature du lieu




  • 3 Poésie


  • 4 Législation


  • 5 Météorologie


  • 6 Cosmologie


  • 7 Chimie


  • 8 Physique


    • 8.1 La nature du mouvement




  • 9 Métaphysique


  • 10 Les modes concluants


  • 11 Botanique


    • 11.1 Exemples de théories botaniques de Théophraste


    • 11.2 Exemples discutés ou erronés de théories botaniques de Théophraste




  • 12 Sciences


    • 12.1 Biologie


    • 12.2 Théophraste à propos d’Alcméon de Crotone


    • 12.3 Exemples discutés ou erronés de théories scientifiques de Théophraste


    • 12.4 Minéralogie




  • 13 Histoire


  • 14 Musique


  • 15 Personnalité de Théophraste


  • 16 Doctrine


    • 16.1 Éthique




  • 17 Théophraste à propos des Présocratiques


    • 17.1 Théophraste à propos de Thalès


    • 17.2 Théophraste à propos de Diogène d'Apollonie


    • 17.3 Théophraste à propos de Démocrite


    • 17.4 Théophraste à propos d’Héraclite


    • 17.5 Théophraste à propos de Parménide


    • 17.6 Théophraste à propos de Gorgias


    • 17.7 Théophraste à propos d’Empédocle


    • 17.8 Théophraste à propos d’Anaximandre




  • 18 Théophraste à propos des Socratiques


  • 19 Catalogue des œuvres de Théophraste


  • 20 Notes et références


    • 20.1 Notes


    • 20.2 Références


    • 20.3 Bibliographie


      • 20.3.1 Ouvrages de Théophraste


      • 20.3.2 Études sur Théophraste


      • 20.3.3 Sources




    • 20.4 Articles connexes


    • 20.5 Liens externes







Biographie |


Fils du foulon Mélantas[7], de Lesbos, il naquit le 5 de Hécatombeion dans la CIIe Olympiade et se nommait Tyrtamos[N 1] de son véritable nom[8] ; c’est Aristote qui le surnomma « Théophrastos »[N 2], « divin parleur ».


Diogène Laërce affirme que Théophraste a été disciple de Platon[9],[10]. Selon l’historien de la philosophie et philologue Werner Jaeger, il est possible mais peu vraisemblable qu'il ait suivi les cours de Platon à Athènes ; il est plus probable qu’il ait rejoint Aristote et d’autres membres de l’Académie depuis Lesbos à Assos, où ce dernier s’était installé auprès d’Hermias en -347[11]. Théophraste se lie d’amitié avec Callisthène, à qui il dédiera son Callisthène. Il contribue sur son île natale à combattre la tyrannie d’Erèsos qui a établi son pouvoir sur l’île ; Théophraste et un compatriote nommé Phidias libèreront l’île[12],[13] C’est probablement sous son influence qu’Aristote quitte Assos pour s’installer à Mytilène sur l’île de Lesbos, où il enseigne jusqu’en -344/-343[14].


L’école péripatéticienne, comme association légale reconnue par la cité, a été fondée non par Aristote qui était métèque, mais par Théophraste à qui il légua ses biens dans un testament que l’on possède encore. L’école devient alors une association cultuelle. Après la bataille de Chéronée, Théophraste revient à Athènes ; Aristote y a déjà ouvert son école au Lycée et Théophraste y suit les cours de son ancien condisciple, à qui il succède en -322 lorsqu’Aristote part pour Chalcis[N 3].


En -317, le philosophe Démétrios de Phalère gouverne Athènes et concède à Théophraste, dont il fut l’élève, le droit de posséder des biens immobiliers, bien qu’il soit métèque comme son prédécesseur. Théophraste achète un jardin où il organise l’école aristotélicienne sur le modèle de celle de Platon, fondation qui a pour but la concrétisation de la vie contemplative et spéculative : outre un sanctuaire des Muses, le jardin comprend un grand portique avec des cartes géographiques en pierre[15] et plusieurs salles de cours[16]. En -307[17], Athènes est prise par Démétrios Poliorcète pendant près de trois ans[18], et la chute de Démétrios de Phalère entraîne la persécution des philosophes : les écoles de philosophie sont visées par une loi d’un certain Sophocle de Sounion[N 4] interdisant aux philosophes de tenir école sans le consentement du peuple et de la Boulè, sous peine de mort. Théophraste et tous les philosophes s’exilent volontairement[19]. Cette loi, défendue par Démocharès, le neveu de Démosthène, est abrogée l’année suivante à l’initiative de Philon, ancien élève d’Aristote[20] : les philosophes reviennent à Athènes et Sophocle doit payer une amende de cinq talents[21]


Rétabli et rappelé en -316, Théophraste revient à Athènes et y vit dès lors, entouré de nombreux disciples. Son œuvre considérable compterait, selon Diogène Laërce, 300 livres totalisant 232 808 lignes[22]. À sa mort, Théophraste lègue par testament le jardin de son école en ces termes : « Je laisse le jardin et le péripatos et les maisons adjacentes, à ceux de nos amis dont j’ai inscrit le nom et qui voudront se consacrer en commun à l’enseignement et à la recherche scientifique, puisqu’il n’est pas possible que chacun y demeure constamment, et à la condition qu’aucun d’eux n’aliène la propriété ou la consacre à son usage privé, mais afin qu’ils en fassent un temple possédé et utilisé en commun, comme cela est juste et approprié, comme des camarades et des amis »[23],[24]. Il se fait ensevelir dans un coin de ce jardin où est élevé un monument funéraire[15]. À la tête du Lycée, Théophraste eut, selon la tradition, plus de deux mille élèves, dont :




  • Straton de Lampsaque, qu’il choisit pour successeur ;



    Aristote, Théophraste, et Straton de Lampsaque.




  • Aristoxène de Tarente, qui alla jusqu’à l’insulter lorsque son maître lui préféra Straton pour successeur

  • Métroclès de Maronée


  • Érasistrate de Céos

  • Damoclès

  • Arcésilas de Pitane


  • Lyncée et son frère Douris, de Samos

  • Stilpon de Mégare

  • Dinarque

  • Praxiphane


  • Démétrios de Phalère

  • Ménandre

  • Métroclès

  • Bion de Borysthène


  • Nélée de Scepsis, fils du disciple de Socrate Coriscos[25],

  • Nicomaque, fils d’Aristote

  • Proclès et Démarate, fils de Pythias, la fille d’Aristote.

  • L’un des esclaves de Théophraste, Pompyle, devint un philosophe péripatéticien distingué[26]. Pompyle, affranchi, fait partie des légataires du testament de Théophraste.

  • Hippoloque de Macédoine, ami de Lyncée de Samos est mentionné par Athénée[27].

  • Polystrate, athénien que mentionne Athénée[28] et que l'on surnommait « L'Étrusque » à cause de ses habitudes de sa tryphé

  • Lysimaque, qui devint maître et flatteur d’Attale Ier, roi de Pergame ; il est l’auteur de plusieurs livres Sur l’éducation d’Attalos.


Ménandre fondait ses comédies sur une caractérologie héritée de Théophraste[29]. Certains titres chez Ménandre correspondent aux Caractères de Théophraste : Apistos (Le Méfiant)[30] ; Le Dyscolos (Le Bourru)[31]. Le poète latin Virgile s'est également inspiré de Théophraste[32], ainsi que de Lucrèce[32]. Plutarque a écrit que le philosophe stoïcien Zénon de Cition, devant la foule d’élèves de Théophraste, lui dit que Théophraste avait « un chœur plus nombreux que le sien, mais moins harmonieux »[33].


Accusé d’impiété par le politicien Agnonidès, membre du parti anti-macédonien et sycophante, avant l’accusation portée par Sophocle pour avoir déclaré que « La vie est gouvernée par la fortune, non la sagesse »[N 5], le peuple d'Athènes estimait Théophraste à un point tel que son accusateur vit ce peuple se retourner contre lui ; devant l'Aréopage, il ne parvint pourtant pas à se défendre et demeura coi[34] : d’après Claude Élien, tandis que les regards dirigés vers lui annonçaient de la bienveillance pour lui, Théophraste, comme il alléguait pour excuse le trouble où l’avait jeté le respect qu'inspire une si auguste assemblée, fut interpelé par Démocharès, qui lui repartit sur-le-champ et amèrement : « Théophraste, cette assemblée était composée d’Athéniens, non des douze grands dieux »[35]. Ce silence devant des dispositions si favorables pour lui est évoqué par Érasme dans son Éloge de la Folie. La phrase de Théophraste sur la fortune dans son Callisthène fait référence au principe métaphysique de la tyché, nécessité transcendantale qui oriente les évènements dans le sens d’une finalité prédéterminée[36]. Théophraste dit de la fortune qu’elle est aveugle, incroyablement prompte à nous ôter le fruit de notre peine et à bouleverser ce qui nous semble être la prospérité sans aucune opportunité déterminée.



Rhétorique et théorie littéraire |



Rhétorique |


Pour Théophraste, l'art oratoire est l'élément le plus important dont dispose un orateur pour persuader, rattachant cette action oratoire aux premiers principes et aux mouvements de l'âme ainsi qu'à la connaissance qu'on peut en avoir, de manière que le mouvement du corps et l'intonation de la voix soient en accord avec la science tout entière. La relation aux choses sera au premier chef affaire du philosophe, qui dénoncera le faux et manifestera le vrai[37]. Théophraste a dit qu’un discours privé de nombre roulerait indéfiniment comme un fleuve, et n’aurait pour le repos que des règles arbitraires, telles que la durée de la respiration ou les marques faites par un copiste. Il a traité de rhétorique dans Préceptes de rhétorique, Des enthymèmes, Des exemples, Sur les preuves non techniques et Sur l’action oratoire[38].


Avec son condisciple Eudème de Rhodes, ils ont montré qu’une proposition négative universelle pouvait être convertie en ses propres termes ; la proposition négative universelle, ils l’ont appelée proposition universelle privative, et ils font la démonstration suivante : supposons que A ne soit à aucun B ; s’il n’est à aucun B, il est séparé de lui, donc B est aussi séparé de tout A : par conséquent, B n’est à aucun A. Théophraste dit aussi que la proposition affirmative probable peut être convertie de la même façon que toutes les autres propositions affirmatives. Théophraste et Eudème de Rhodes disent que la proposition universelle affirmative elle-même peut être convertie, comme on convertirait la proposition universelle affirmative et nécessaire. Théophraste, au Livre Premier de ses Premières Analytiques, dit que la mineure d’un syllogisme est établie soit par une induction, soit par une hypothèse, soit par une évidence, soit par des syllogismes. Aristote distinguait quatre espèces de propositions, universelles affirmatives et universelles négatives, particulières affirmatives et particulières négatives. Les propositions singulières rentrent dans les universelles, sont celles où le sujet est un individu. Théophraste appelait les propositions universelles, propositions indéterminées, et les propositions particulières, propositions déterminées[39].


En rhétorique, Théophraste donnait des préceptes soignés. Il rejetait l’usage de la prémisse particulière et rhétorique lors des démonstrations scientifiques et rejetait l’énoncé qui ne comporte pas de démonstration, non seulement ferme et scientifique, mais qui ne va pas plus loin que la probabilité rhétorique et sophistique[40]. La relation aux auditeurs intéresse la poétique et la rhétorique, dont la tâche est de choisir les mots les plus nobles, et non les mots communs ou vulgaires, puis les assembler harmonieusement, et ainsi grâce à ceux et à ce qu'ils amènent avec eux (clarté, saveur et d'autres catégories du style, mais aussi l'ampleur et la concision, tout cela employé avec à propos - plaire à l’auditeur, l’étonner, le tenir subjugué prêt à se laisser persuader. Théophraste, dans son Sur la Diction, comprenait une doctrine des qualités de style et une doctrine des genres. Théophraste dénombre quatre qualités de style :



  • Correction[N 6]

  • Clarté[N 7]

  • Convenance[N 8]

  • Ornementation[N 9],[41]


Dans le Traité de la Diction, la notion théophrastéenne de κόσμος est synthétique et correspond à un idéal qui lui est personnel, voisin de celui du discours épidictique ; elle associait l’harmonieux et l’agréable[N 10] et la noblesse[42]. Le thème de l’ouvrage Sur la Diction est le style : le terme présent dans l’intitulé, « lexeos », désigne chez Platon le sens du discours théorique, opposé au style concret[N 11]. Selon Cicéron, il s’opposait aux sophistes[43]. Toujours selon Cicéron, trois choses, suivant Théophraste, contribuent à la grandeur, à la pompe et à l’éclat du style :



  • Choix des mots

  • L’harmonie qu’ils produisent

  • Les tournures qui renferment les pensées[44]


À cela, Théophraste ajoute un éclat doux et continu ; il insiste davantage sur la nécessité du rythme. Théophraste excuse l'emploi de figures de style de l'art oratoire lorsqu'il sert à adoucir les hardiesses. L’école de Socrate avait adopté une manière d’argumenter qui procède par induction ; Théophraste donnait la préférence à l’épichérème ; il a également utilisé la périphrase, une des règles de bienséance de l’enthymème. Dans son ouvrage De la nature des dieux, Cicéron qualifie d’attique le style de Théophraste, et Aristote fait référence à Théophraste dans ses Leçons sur la politique, dans le genre de Théophraste. En métrique, Aristote et Théophraste s’accordent sur le péan, expliquant que les syllabes longues conviennent mieux à une fin de période. Selon Aristote et Théophraste, le discours ne doit pas couler sans cesse, et il faut le contenir et le régler, non sur la durée de la respiration, ni sur la ponctuation du copiste, mais sur les lois du nombre : c'est aussi parce qu’un style périodique et bien lié a beaucoup plus de force qu’un style décousu. La fonction du discours est double, comme l’a défini Théophraste : d’un côté aux auditeurs à qui on fait connaître quelque chose, d’un autre une relation aux choses dont le locuteur se propose de persuader les auditeurs, celle qui regarde les auditeurs pour qui elle prend sens et celle qui regarde la matière exposée par l’orateur une fois qu’il a exhorté ses auditeurs ; c’est de la fonction qui regarde les auditeurs que relèvent la poétique et la rhétorique[45]. Théophraste n’exprime pas d’opinion de rencontre, fait l’application d’une doctrine suivie et cohérente ; le principe de Théophraste est que la casuistique est toute l’harmonie d’une prose élégante et soignée. Selon Théophraste, une opinion est une déclaration concernant ce qu’il faut faire. Les opinions peuvent être paradoxales, consensuelles ou douteuses. Entre autres concepts, l'ὑποκρισις du vocabulaire théophrastéen est un abus de gestes quand on prononce un discours.



Théorie littéraire |


Denys d’Halicarnasse dans son traité Sur la force du style de Démosthène[46], écrit que la façon d’écrire de l’orateur Démosthène - enveloppant les pensées et les exprimant d’une manière concise, tout à fait appropriée et nécessaire aux débats judiciaires ainsi qu’à tout discours visant la vérité - est inspirée de celle de Thrasymaque de Chalcédoine, selon Théophraste[47].


Théophraste compte trois sortes d’antithèses :



  • L’on oppose à la même chose des choses contraires

  • L’on oppose les mêmes choses à une chose contraire

  • L’on oppose des choses contraires à d’autres qui le sont aussi : car ce sont les divers rapports qui peuvent se présenter. L’opposition des mots à peu près synonymes est un jeu puéril, qui ne doit point trouver place dans un sujet grave. Quand il faut s’occuper des choses, il y a de l’inconvenance à jouer sur les mots et à détruire les vives émotions par les paroles ; c’est refroidir l’auditeur.



Dialectique |


Théophraste dit qu’un lieu diffère d’un précepte ; un précepte est quelque chose de plus simple, de plus commun et de plus général, à partir duquel on tire le lieu. Car le précepte est la source du lieu comme le lieu est le principe du raisonnement. Ce qui est dit relatif est relatif à ce qui le contient[48]. Selon lui, ce dont quelque chose est la partie appartient à ce dernier, comme la proportion, l’aspect, la structure. Par contre, la mémoire, le sommeil, l’entendement n’appartiennent pas aux non-animés, pas plus que le mouvement de l’un n’appartient à l’autre. C’est pourquoi ces éléments doivent être définis relativement à chaque chose.


Aristote envisage le lieu comme « première limite de l’enveloppant »[49]. À cela, Théophraste oppose que le corps est dans une surface, que le lieu est en mouvement ; les fixes, dont dépend la nature du lieu, ne seront pas en un lieu, et donc aucun corps ne se trouvera en un lieu ; si les sphères sont rassemblées, le ciel tout en entier ne se trouvera en un lieu non plus ; et même si les choses qui se trouvent en un lieu ne se déplacent pas, elles ne seront plus dans le même lieu si ce qui les enveloppe leur est supprimé.


Des Topiques, Aristote établit quatre classes de problèmes :



  • Le facteur, la condition[50]

  • Le genre[51]

  • L’accident[52]

  • Le propre[53]


Théophraste les réduit à deux, dans lesquelles il inclut le genre et le propre :



  • Le facteur, la condition

  • L’accident[54],[55].


Selon Théophraste, la raillerie est « le reproche d’une faute commise, reproche présenté d’une manière figurée : ce qui fait que de lui-même l’auditeur supplée, par ses conjectures, à ce qui manque, comme s’il le savait et y ajoutait foi[56]. » Il est important de différencier raillerie et ironie socratique : Théophraste y fait clairement référence dans le traité Les Caractères[57] en la différenciant de la raillerie, τὸ σκῶμμα, par sa définition[56].



Logique |


À l’instar de son contemporain et condisciple Eudème de Rhodes, Théophraste a étudié la relation entre les mécanismes du syllogisme, plutôt que la relation des concepts qui les composent[58]. L'un de ses objectifs fut de travailler l’argumentation en faveur de parties opposées au moyen d’opinions communes. Les opinions peuvent être paradoxales, consensuelles ou douteuses. Posant comme problèmes généraux la différence et l’identité, il subordonne les problèmes des identités aux problèmes généraux, tout comme ceux des différences. Toutes choses en effet sont connues soit de façon générale, soit de façon particulière : Théophraste en fait mention dans son livre Des Moyens de savoir, comme lorsqu’il s’agit de concevoir que dans tout triangle, les trois angles sont égaux à deux angles droits. Théophraste a aussi fait ainsi mention de l’indéfini dans son livre Sur l’Affirmation : il appelle « indéfinie » la chose qui relève d’un genre et celle qui est autre ; la chose qui relève d’un genre parce qu’elle est vraie si l’ensemble l’est ou si une partie l’est, l’autre non ; l’élément autre parce que celui-ci est pareillement vrai si l’une et l’autre le sont et que lui seul est autre. Il appelle « définie » la voie qui conduit aux choses particulières, « indéfinie » celle qui conduit aux parties. Il oppose d’autre part à celle qui est simplement générale celle qui concerne les choses particulières, et à celle qui est générale en tant que générale celle qui concerne les parties.



La nature du lieu |


Selon Théophraste, les lieux communs ne sont que des lois formelles composées uniquement de constantes logiques. Platon définit le lieu comme une « puissance qui rassemble les corps » ; Théophraste a critiqué le concept platonicien de la nature du lieu, expliqué et commenté les apories du concept, qui identifiait le concept de lieu et d’Infini avec celui du Grand et du Petit, respectivement. Les lieux sont des principes de la dialectique, et Théophraste leur donne le nom d’axiomes du raisonnement probable, mot qui définit le principe, vérités abstraites qui s’appliquent à tout. Théophraste dit qu’un lieu diffère d’un précepte ; définissant le précepte comme « proposition plus commune, quelque chose de plus simple, plus universelle et plus simplement exprimée d’où on tire le lieu », il le distingue du lieu dans son sens propre. Le précepte est l’origine du lieu, comme le lieu est le principe du raisonnement. Théophraste dit notamment que les notions platoniciennes de Lieu et d’Infini dérivent seulement du principe matériel. C’est l’ensemble des notions sur la nature du lieu qui constitue l’espace ; le lieu est déterminé, défini, dans son acception générale, sa compréhension, et indéterminé, indéfini, quant à ses applications, aux singuliers qu'il contient. Selon Théophraste, l’espace est le simple arrangement de la position des corps, et le lieu un « principe universel ou élément d’où nous tirons les principes particuliers[59] de chacun de nos raisonnements ». Théophraste définit le lieu comme étant un principe ou un élément d’où nous tirons les principes qui se rapportent à chaque chose. Le lieu est déterminé dans son acception générale – car soit il comprend les choses communes et générales qui sont la caractéristique des syllogismes, soit ces mêmes choses peuvent à partir de ces syllogismes être révélées et appréhendées. Mais le lieu est indéterminé pour ce qui s’applique à chaque chose en particulier car, à partir de là, il est possible de parvenir à un axiome du raisonnement probable relatif à ce qu’on se propose de rechercher ; c’est ce qui définit le principe. Car le précepte est la source du lieu comme le lieu est le principe du raisonnement.



Poésie |


Théophraste fit des recherches sur les rythmes de la prose[60] ; il conseille la lecture des poètes, parce qu’elle rend de grands services à l’orateur. Pour Théophraste, l’harmonie d’une prose élégante et soignée doit avoir de la liberté et de l’abandon. Selon lui, ce fut des mesures qui composent le vers héroïque que se forma l’anapeste, qui a plus d’étendue, et qui donna naissance au dithyrambe, ce genre si libre et si riche, dont les débris se retrouvent dans toute composition oratoire abondante et harmonieuse[61]. Par ailleurs, il a confirmé les propos d’Aristophane, qui insinue à de nombreuses reprises dans ses pièces qu’Euripide est de basse extraction.



Législation |


Théophraste a traité à plusieurs reprises des lois et de législation[62]. Selon lui, les affaires ne se font pas en vue des lois ; il insiste sur la nécessité pour les parties d’opérer en pleine possession de leur raison ; ce sont au contraire les lois qui se font en vue des affaires[63]. Il critique de la même façon ceux qui aiment le pouvoir pour la puissance et la richesse qui lui sont attachées, et ceux qui entendent juger les accusés selon l’affaire qui l’implique et non la personne qu’ils sont[64]. Dans son Traité des lois, Théophraste dit qu’il y a à Athènes deux sortes d'autels de justice : les autels de la « Vengeance » et ceux de l’« Injure », qui sont en fait des pierres sans taille faisant office de tribunes devant l’Aréopage. L’autel du poursuivant s’appelait la « pierre de l’anédie »[65], c’est-à-dire celle de la vengeance inflexible, qui refuse de recevoir le prix du sang[66]. Celle de l’accusé s’appelait la « pierre de l’hybris »[67] c'est-à-dire de l’orgueil qui pousse au crime[68]. Platon, Aristote, Théophraste et Démétrios de Phalère, auteur d’un Traité sur la législation Athénienne, ont tous traité de législation. Stobée rapporte une loi de Thurioi sur l’ingérence du voisinage lors d’aliénation foncière et une autre d’Enos sur les droits du propriétaire issues du Traité des lois :


À Thourioi, lors de contrat d’aliénation foncière, le vendeur et l’acheteur sont obligés de donner à trois des plus proches voisins une petite pièce de monnaie en mémoire et témoignage du contrat. Les trois voisins sont légalement responsables s’ils refusent de recevoir une pièce de monnaie d’un contrat auquel ils sont personnellement étrangers, s’ils le reçoivent deux fois du même vendeur, et s’ils refusent d’attester le droit de l’acheteur après l’avoir reçue.


À Enos, celui qui devient propriétaire d’une maison doit sacrifier sur l’autel d’Apollon du quartier ; celui qui achète un fonds de terre doit sacrifier dans le quartier où il a son domicile et jurer devant le magistrat chargé de l’inscription et trois habitants du quartier, qu’il a acheté loyalement. Le vendeur doit également jurer qu’il vend sans dol. À défaut de ces formalités, le magistrat refuse l’inscription.



Météorologie |


En -300[69], Théophraste publie Des Signes du temps[70], premier ouvrage de prévisions météorologiques en Europe, dans lequel il parle entre autres de Cléostrate de Ténédos[71] : Au sujet de la qualité de l’air et de l’atmosphère sur les hauteurs : c’est pourquoi quelques bons astronomes s’établirent dans certains lieux, tels Matricétas de Méthymne sur le Lépétymnos[72] ; Cléostrate de Ténédos sur l’Ida, et Phaénos d’Athènes sur le Lycabette[73],[74] ; Théophraste voit les météores comme des signes de vent[75].



Cosmologie |


Dans ses Académiques[76], Cicéron écrit d’après Théophraste que c’est l’astronome Hicétas qui a découvert le mouvement de rotation de la Terre sur son axe[77] : il soutint que la voûte céleste est fixe, et que seule la Terre est en mouvement et tourne autour de son axe ; ce mouvement explique selon lui l’illusion du mouvement de tous les astres[78]. Théophraste nomme « causes premières » les astres et les signes célestes[79]. Il ne prend pas l’astrologie au sérieux, et dénonce l’art de prévisions sur la vie et la mort d’autrui[80]. Cicéron, qui pourtant loue souvent Théophraste et le surnomme « le plus élégant et le plus instruit de tous les philosophes » au Livre V de ses Tusculanes, considère qu'il est d’une inconséquence insupportable lorsque tantôt il attribue à l’intelligence le premier rang parmi les êtres divins, tantôt c’est le ciel qui est la divinité suprême, puis les constellations en zodiaque et les astres[81]. Théophraste accorde parfois le caractère divin au système astronomique et aux cieux, et parfois à l’intelligence.



Chimie |


Dans son traité Du Feu[82], en partie conservé, Théophraste parle de spécificités des établissements de bains au IVe siècle : les βαλανεῖα semblent plus chauds au nord qu’au sud, en hiver qu’en été. Selon le chimiste allemand Lippmann, le médecin et mathématicien grec du Ve siècle av. J.-C. Hippocrate de Chios et Théophraste ont les premiers décrit la technique du bain-marie[83]. Dans le même traité, Théophraste écrit qu’« il n’est pas irrationnel de croire que la flamme est entretenue par un souffle ou un corps aériforme ». Dans son Traité des eaux[84], Théophraste étudié les eaux du Nil, qu’il dit très douces et très utiles à la génération, mais qu’elles lâchent le ventre, parce qu’elles sont imprégnées de nitre.



Physique |


Des fragments de Théophraste sont conservés chez Simplicios de Cilicie, dans son ouvrage Physique[85]. Le Destin est la propre nature de chaque homme et de chaque chose, la cause de tout ce qui arrive naturellement : le système physique de l'univers[86]. Théophraste affirme contre Platon que l’univers est engendré et exprime ainsi des objections, mais il laisse entendre parallèlement que c’est peut-être par évidence qu’il pose comme principe qu’il est engendré.


Les diverses opinions qu’Épicure rapporte comme probables dans la Lettre à Pythoclès ont été empruntées en grande partie aux autres physiciens, à l’aide d’Opinions des Philosophes, ouvrage de Théophraste[87].



La nature du mouvement |


Selon Théophraste, le temps est un accident du mouvement, lui-même est une conséquence nécessaire de toute activité ; il semble douter que tout changement se produit dans le temps. Là où Aristote place le mouvement, il dit que ce qui est mû a primordialement fini de changer, parce qu’un premier changement a été effectué et accompli, niant le principe temporel comme faisant partie du mouvement[88]. Théophraste souligne qu’il y a là un paradoxe : si le début est divisible à l’infini, et la fin indivisible, il faut les distinguer comme parties du mouvement, et comme instantanés. Platon avait défini le temps comme « mouvement du soleil, sa course »[89]. Selon le platonicien Hestiée de Périnthe, le temps est « le mouvement des astres les uns par rapport aux autres »[90].


Platon, parlant de la quantité du mouvement, a posé comme principe que le temps est inséparable du mouvement ; Théophraste, au contraire, dit qu’il ne lui est pas nécessairement attaché. La réalité qui a une nature de forme comprend qu’il y a une certaine position et un certain ordre par rapport à la totalité de la substance. Le mouvement appartient à l’essence de la chose, à tous les degrés ontologiques[91]. Théophraste dit dans son traité Des Vertiges que les choses faites pour être remuées gardent leur cohésion du fait de leur mouvement même. Théophraste pense que Platon affirme que c’est le temps qui anime et fait tourner l’univers.



Métaphysique |


Les historiens ont d’abord attribué ce mot et ce titre au commentateur péripatéticien Andronicos de Rhodes, mais on le trouve dans un fragment de Théophraste sur la philosophie première ; il faut peut-être trouver l’origine du mot chez un disciple immédiat d’Aristote. Diogène Laërce ne mentionne pas La Métaphysique dans son catalogue des ouvrages de Théophraste. Ont été retrouvés neuf fragments autour du thème de la métaphysique : Théophraste élève une objection à la théorie platonicienne du premier moteur, à laquelle adhéraient encore certains aristotéliciens. Le terme de métaphysique n’est jamais employé dans les quatorze livres publiés sous ce titre. Aristote emploie le terme de « philosophie première », science des causes premières, des premiers principes et de la finalité de tout ce-qui-est en tant qu’il est. Théophraste souligne la difficulté de considérer le principe premier comme cause nécessaire pour expliquer le mouvement, rapporté à la nature même du réel. S’il n’existait que le premier moteur, toutes les autres sphères devraient suivre la même voie que celle des étoiles fixes : « En effet, ou bien le moteur est unique, et alors il est étrange que tous les corps n’aient pas le même mouvement ; ou bien le moteur est différent pour chaque corps en mouvement et les principes du mouvement sont multiples, mais alors leur harmonie dans leur marche vers le désir le meilleur[92] n’apparaît plus du tout. Et la question du nombre des sphères exige une discussion plus complète de son fondement, car l’explication des astronomes n’est pas satisfaisante »[93]. Théophraste souligne ainsi la difficulté inhérente aux concepts aristotéliciens de désir[94] et de tendance[95] ; il critique également le fait que la terre soit exclue du mouvement circulaire, ce qui, d’après lui, suppose ou bien que la force du premier moteur ne parvient pas jusqu’à elle, ou bien que la terre ne peut se mouvoir de manière circulaire ; dans tous les cas cette question, à son avis, dépasse nos capacités. Théophraste contredit Aristote qui veut que le monde soit animé et attiré vers la perfection ; selon Théophraste, pour qu'il y ait désir, il faut une âme, que l'on ait affaire à des êtres animés, hors Aristote n'a pas donné d'âme au monde. L’ouvrage de Théophraste fait écho à la nouvelle doctrine examinée dans la vieillesse d’Aristote[96]. Il paraît vain à Théophraste de vouloir rechercher la raison de toutes choses : l’importance accordée à la finalité et la démarche téléologique lui semblent suspectes. Théophraste reprochait à Platon de vouloir trouver le pourquoi de toutes choses, de n’avoir pas déterminé le caractère de l’eau et celui de l’air[97]. Selon Théophraste, le principe est à la fois association et, pour ainsi dire, union intime entre eux des éléments intelligibles et des éléments physiques. « Deux principes étant donnés, leur connaissance est fonction de leur développement. Si en effet le chaud ou le froid deviennent plus importants, l’idée qu’on en aura sera différente »[98]. Théophraste fait mention de cela dans son livre Des Moyens de savoir, s’il s’agit de concevoir, par exemple, que dans tout triangle, les trois angles sont égaux à deux angles droits. Toutes choses en effet sont connues soit de façon générale, soit de façon particulière. Pour Théophraste, l’intelligence en puissance contemple les formes[99] et « la science achève la nature de l’intellect ».



Les modes concluants |


Sachant qu’il existe quatre classes de propositions (A, E, I et O) et qu’un syllogisme se compose de trois propositions, et que le moyen terme dessine quatre figures[100], il existe donc 43 × 4 = 256 modes. De ces 256, seuls 24 sont valides - six par figure - ils sont alors dits « concluants » - mais seuls dix-neuf sont en général retenus, et ceci depuis Théophraste.



Botanique |





Historia plantarum, 1549.


La spécialité de Théophraste était l’étude des sciences naturelles et plus particulièrement celle des plantes, sujet de deux de ses ouvrages : Histoire des plantes[101],[102] et Causes des plantes[103]. Un grand nombre d’observations personnelles ou vérifiées dans l’Histoire impliquent l’emploi de la même méthode : par exemple, Théophraste distingue les plantes d’après leurs parties, leurs accidents, leurs naissances, leurs manières de vivre, leurs usages. Dans Recherches sur les plantes[104] et Causes des plantes[105], dans laquelle on trouve les prémices du système sexuel, il explique les différences d’après les principes d’Aristote ; il y a dans les deux ouvrages l’affirmation, implicite et explicite, que la nature est soumise à des lois régulières. Théophraste a créé un vocabulaire spécifique qui décrivait les différentes parties d’une plante. Dans ses écrits, il ajoute ses observations personnelles aux connaissances des auteurs plus anciens et contemporains. Théophraste est à l’origine de la différenciation théorique entre le règne animal et le règne végétal, distinction qui permit la naissance d’une véritable nouvelle discipline à part entière, possédant ses propres méthode et vocabulaire : la botanique. Théophraste est le fondateur de la botanique en tant qu'étude des plantes en elles-mêmes et non pour leurs utilités. Son Histoire des plantes, ou Recherches sur les plantes traite de la morphologie et de la classification des végétaux. Une part importante de l’ouvrage est consacrée à un inventaire raisonné des plantes et comprend des informations sur l’influence du milieu sur leur développement, sur leur mode de reproduction[106] et sur leur utilité[107]. Théophraste évoque des espèces lointaines qui ont été importées après les conquêtes d’Alexandre le Grand, ou qu’il a reçues d’Égypte ; il les classe en quatre groupes :



  • Les arbres (« dendron »[108])

  • Les arbustes (« thamnos »[109])

  • Les sous-arbrisseaux (« phruganon »[110])

  • Les herbes (« poa »[111] c’est-à-dire les végétaux non-ligneux).


Conscient de l’aspect arbitraire de ce système et convenant qu’une plante pouvait appartenir à plusieurs groupes, Théophraste se fonde sur le fait que les plantes ont une croissance indéterminée pour établir leur singularité[112].



Exemples de théories botaniques de Théophraste |



  • Théophraste connaissait deux espèces de thym, l’un blanc, médicinal et très mellifère, l’autre noir, « qui corrompt l’organisme et suscite la bile »[113]

  • Les racines de la vigne sauvage[114] ont un effet échauffant et entrent dans la préparation de cosmétiques[115]

  • Théophraste classe les champignons en quatre grands types :

    • Les champignons poussant sous terre appelés « hydnon » (comme les truffes) ;

    • Les champignons en forme de coupe, comme les pézizes ;

    • Les champignons de forme arrondie, les vesses-de loup ;

    • Les champignons qu'il dénomme « mykès »[116], qui désigne tous les champignons à chapeau et à pied.



  • La racine du nom en grec de la plaquemine[117],[118] et la famille de ce fruit vient de Théophraste.

  • Au livre VI d’Histoires des plantes, Théophraste signalait la floraison précoce de l’anémone dite « des prairies »[119], avec le glaïeul[120].

  • Théophraste ne voyait dans l’avoine qu'une mauvaise herbe[121].

  • Théophraste, en parlant du séneçon commun, remarque que l’erigeron fleurit presque toute l'année et que c'est une plante potagère peu estimée[122].

  • Les rangs de vignes étaient plantés en lignes régulières, comme le recommande Théophraste pour les baux d'Amorgos au IVe siècle av. J.-C. ou de Mylasa au IIe siècle av. J.-C.[123].

  • Les concepts biologiques ou téléologiques, de Aristote et Théophraste, ainsi que l’accent mis par eux sur une série d’axiomes plutôt que sur l'observation empirique, ont eu un impact qu’on ne peut ignorer sur la médecine hippocratique, puis la médecine occidentale.

  • Le premier dans l’Histoire, il décline les quatre sortes de laitue cultivée.

  • Il décrit des arbustes épineux que l'on pense être des lyciums.

  • Théophraste a également reconnu le rôle du sexe dans la reproduction de certaines plantes supérieures, bien que cette dernière découverte ait été perdue dans les époques postérieures[124],[125].

  • Théophraste rapporte que la racine de mandragore traite les maladies de peau et la goutte, que les feuilles sont efficaces pour soigner les blessures, favoriser la fertilité des femmes[126].

  • Théophraste conseille le vinaigre de racine de mandragore comme inducteur du sommeil et signale aussi ses propriétés aphrodisiaques[127].

  • Théophraste soutient que le cyclamen peut être utilisé pour stimuler la libido et favoriser la conception[128]. Sa conviction se fonde à partir de la forme de la fleur, qui ressemble à celle de l’utérus.

  • Théophraste rapporte que les hêtres, dont les troncs mesuraient une trentaine de mètres, constituaient à eux seuls la quille d'un navire tyrrhénien.

  • Dans ses Recherches sur les plantes, Théophraste dénomme Strychnos manicos une plante qui pourrait bien être le datura stramoine ou stramoine officinal[129].

  • Des pommes : il décrit six variétés, dont la pomme appelée « de Perse ou de Médie ».

  • L’ortie est citée par Théophraste parmi les plantes comestibles après cuisson[130]

  • Des roses : il décrit une variété à nombreux pétales cultivée dans les jardins, forme de rosa canina.

  • Théophraste est le premier à mentionner l'orpiment et la sandaraque.

  • Des truffes : il pensait que les truffes étaient des végétaux engendrés par les pluies d'automne accompagnées de coups de tonnerre[131] : réfuté par Amigues.

  • La fécondation artificielle des palmiers remonte à la plus haute Antiquité ; elle est décrite par Théophraste[132].


  • Limodorum dérive du nom grec de la plante « Leimodoron », employé par Théophraste.

  • C'est sans doute Théophraste qui, le premier, distingue les Angiospermes des Gymnospermes.

  • L'épithète spécifique thapsus a été empruntée à Théophraste (en grec ancien θάψος)[133], qui l'employait pour désigner une herbe non spécifiée de la ville grecque antique de Thapsos (it), près de la Syracuse actuelle en Sicile[134],[133], bien qu'elle soit souvent assimilée à Thapsos, ancienne ville de Tunisie)[135]. Dans le genre Verbascum, l'espèce est classée dans la section Bothrosperma subsect. Fasciculata[136].


À côté de ces observations très pertinentes - connaissant maintenant les composés actifs de la plante - on trouve dans les textes d’autres considérations très déconcertantes pour un homme moderne. Par exemple, Théophraste nous indique que lors de la cueillette de la mandragore, il faut « tracer autour de la mandragore trois cercles avec une épée, couper en regardant vers le levant, danser autour de l'autre et dire le plus grand nombre possible de paroles grivoises »[137],[138].



Exemples discutés ou erronés de théories botaniques de Théophraste |



On ne peut concevoir les théories d’un philosophe, a fortiori un péripatéticien, qui décrit les détails de la définition après celle-ci, à l’instar de Phanias, sans en donner quelques exemples contraires :



  • Selon Théophraste, la luzerne est originaire de Médie.

  • Théophraste a écrit qu'on guérit les morsures de vipère avec les sons de flûte, si le joueur est habile[139].

  • Le bois se compose de terre et d'air ; c'est pourquoi le bois est combustible et non liquéfiable. Les corps peuvent être divisés en liquéfiables et en non liquéfiables. Ces phénomènes se rattachent aux effets des causes contraires ; car tout corps que le froid et le sec coagule est nécessairement liquéfié par le chaud et l'humide[140].

  • C’est Théophraste qui donna son nom à la pêche, pensant qu’elle venait de Perse (elle est d’origine chinoise).

  • Théophraste attribue la remarquable douceur des vins produits par les vignes des endroits où le pin abonde à la chaleur de la terre.

  • Théophraste rapporte que les geckos[141] comme les serpents dépouillent leur vieille peau, et l'avalent aussitôt, pour dérober ce qui serait un remède contre l'épilepsie et que ces animaux, dont la morsure est mortelle en Grèce, sont innocents en Sicile[142].

  • Théophraste prend le tubercule pour un fruit[143].

  • Théophraste se trompe en pensant qu'une herbacée comme le Malva sylvestris se transforme en une plante à haute tige comme l’Althaea rosea[144].

  • Le lotos dont parle Homère dans l’Odyssée semble avoir été reconnu par René Desfontaines dans une analyse d'un jujubier sauvage très abondant aux entours de Djerba[145] ; on en fait, selon Théophraste[146], un vin qui ne se conserve pas plus de dix jours.

  • Personne n’a jusqu’à ce jour pu définir ce que Théophraste appelle « Prasocouris »[147].

  • La rouille détruit la farine dans le grain, et Théophraste l’a définie comme une pourriture[148],[149].

  • Théophraste prétend que la digestion se fait plus rapidement sur le côté droit, et plus difficilement sur le dos[150].

  • Théophraste décrit trois plantes de papyrus, distinctes uniquement par leur grandeur : il s'agit du papyrus nilautique, d’un papyrus dit « mnausion » et d'une espèce appelée papyrus « sari »[151]. Dans l'antiquité, le papyrus nilautique était utilisé pour fabriquer des barques, lors des crues notamment, ainsi que des cordages.



Sciences |



Biologie |


Dans Sur les Sensations, Théophraste affirme que ce qui possède la même température que notre chair ne produit pas de sensations. Théophraste dit que l'organe sensoriel, pour certains sens en tout cas, semble être du même genre que les sensibles : la langue les saveurs par l'humide, lou'ïe par l'air en mouvement ; il se demande si l'ouïe et le goût sont les deux seuls cas de similaires, ce qu'il en est des autres sens, utilisant le mot « transaudible » pour l'ouïe, et « transodorant » pour nommer le pouvoir commun à l'eau et l'air en tant que transporteurs d'odeurs.



Théophraste à propos d’Alcméon de Crotone |


Selon Théophraste - d’accord avec son maître Aristote - les sens sont l’origine et la source de toute connaissance. Alcméon de Crotone serait le premier à déterminer ce qui différencie les animaux et les hommes : « L’homme est le seul à disposer de la conscience, alors que les autres ont des sensations sans avoir la conscience ». Théophraste est d'accord avec Alcméon de Crotone « Ce qui distingue l’homme des autres animaux, c'est qu’il est le seul à disposer de la conscience, alors que les autres ont des sensations sans avoir la conscience »[152]. Aristote déclarait que les animaux se plaçaient loin en dessous des humains dans la chaîne des êtres, à cause de leur prétendue irrationalité, et parce qu'ils n'auraient pas d'intérêt propre. Théophraste exprima son désaccord, se positionnant contre la consommation de viande en alléguant qu'elle privait les animaux de leur vie, et qu'elle était donc injuste. Les animaux, selon Théophraste, peuvent raisonner, sentir, et ressentir de la même manière que les êtres humains[153] ; ils sont dotés de raisonnement. Cet avis ne prévalut pas, et c'est la position d'Aristote - selon laquelle les humains et les non-humains vivaient dans des règnes moraux différents parce que les uns étaient doués de raison et non les autres - qui persista largement jusqu'aux contestations de certains philosophes dans les années 1970. Sur le règne animal, dans son Épitomé zoologique[154], Aristophane de Byzance commente Théophraste : « Les animaux qui piquent occasionnent une douleur qui n’est pas due à une substance injectée par leur dard mais à la finesse de leur dard ; c’est pourquoi les animaux qui ont des dents très fines produisent eux aussi une douleur particulièrement vive »[155]. Théophraste accorde aux animaux une vie psychologique, et dit des animaux qu’ils ont une pensée inférieure à celle de l’homme. Concernant la théorie de la génération spontanée, Théophraste admet une génération spontanée chez les plantes et une génération normale, par les graines - celles-ci parviennent selon lui plus rapidement à terme[156].



Exemples discutés ou erronés de théories scientifiques de Théophraste |



  • Dans son traité Sur le feu, Théophraste pense que le choc des nuages contre les montagnes produit la pluie.

  • Théophraste dit les scilles maritimes apotropaïques dans Histoire des plantes[157]. Dans Les Caractères, le Superstitieux (Caractère XVI)[158] convoque des prêtresses à qui il demande de le purifier en traçant un cercle autour de lui avec la plante.

  • Dans son ouvrage Sur les Pierres, Théophraste dit les pierres faites de terre et d’eau[159]

  • D’accord avec Anaxagore et Métrodore de Lampsaque, Théophraste dit que l’eau de mer filtrant à travers la Terre et la lessivant devient salée, parce que c’en est l’une des saveurs[160].

  • Une bonne odeur est, selon Théophraste, le produit de la coction des humeurs par la chaleur naturelle[161].

  • Théophraste dit qu’on se sert du fer pour tailler et polir les pierres précieuses.


  • Aulu-Gelle[162] rapporte l’attachement d’un dauphin pour un enfant : « Les dauphins sont voluptueux et enclins à l’amour, ainsi que l'attestent des exemples anciens, et même récents. En effet, sous les premiers Césars, dans la mer de Pouzzoles, selon le récit d’Apion, et plusieurs siècles auparavant, près de Naupacte, comme le rapporte Théophraste, on a vu, de manière à n’en pouvoir douter, plusieurs de ces animaux donnant des marques évidentes de l’amour le plus passionné ».

  • On trouve un deuxième extrait de Théophraste chez Aulu-Gelle, dans son ouvrage Les Nuits Attiques[163] : « Chose surprenante qu’on lit dans Théophraste, à l’égard des perdrix. Trait à peu près semblable que Théopompe a laissé, concernant les lièvres. Théophraste, le philosophe par excellence, assure que dans la Paphlagonie, toutes les perdrix ont deux cœurs ; et Théopompe rapporte que, dans la Bisaltie, les lièvres ont deux foies ».

  • Le caméléon se transforme en toutes les couleurs sauf en blanc et en rouge, et il ne prend pas seulement les couleurs des choses sur lesquelles il se trouve, mais tout seul il change de couleur si quelqu’un le touche[164]. Théophraste pensait que le phénomène de changement de couleur du caméléon - qu’il appelle métamorphose - vient de ce qu'il a le corps rempli d'air : comme les poumons occupent toute la place ou presque, l'air prédomine, et facilite son changement de couleur[165].

  • Théophraste distingue l’azur naturel de l’azur artificiel, qui se fabrique particulièrement en Égypte.

  • D'après Théophraste, à Thurioi - colonie athénienne en pays sybarite - l'eau du fleuve Crathis blanchit, et celle du Sybaris noircit les bestiaux qui en boivent. Ces eaux opèrent aussi sur les hommes : les eaux du Sybaris rendent les cheveux crépus ; les consommateurs des eaux du Crathis ont, à l’inverse les cheveux pendants[166].

  • Des pivoines : c’est une plante magique, dont la cueillette est entourée de pratiques rituelles, déconcertantes ; ainsi Théophraste écrit-il : « Cette plante, que l'on appelle aussi glukusidê, doit être arrachée la nuit ; si on l'arrache de jour, et que l'on est vu par un pivert en train de cueillir le fruit, on risque de perdre les yeux, et si on coupe la racine, on risque la procidence de l’anus »[167].

  • Théophraste regarde la Voie lactée comme le point de suture des deux hémisphères qui réunit et forme la sphère céleste ; là où les hémisphères se rejoignent, elle est plus brillante qu'ailleurs[168].



Minéralogie |


Théophraste admet les pierres, les terres et les métaux comme les trois classes minérales. Fondateur de la minéralogie, Théophraste fut l’auteur du traité Sur les Pierres[169], qui a jeté les bases de la classification scientifique des pierres, leur origine, propriétés physiques, magiques et pouvoir curatif. Il est également l’auteur du traité Les Caractères, une éthopée[170].



Histoire |


Théophraste a traité des sacrifices de chaque pays et fait voir qu'autrefois n'étaient offerts aux dieux que des fruits et de l'herbe. Il explique l'histoire des libations, expliquant que les plus anciennes n'étaient que de l'eau : elle est première dans la liturgie sacrificielle, suivent ensuite des céréales et graines sacrificielles.[171] Fut ensuite offert du miel, après cela de l'huile, et en dernier lieu du vin. Théophraste pense que le cannibalisme et le sacrifice humain apparurent au nomadisme. Théophraste dit également que l'eusébie ne consiste pas en la magnificence de sacrifices, mais au respect que l'on témoigne à la divinité.



  • Les puits furent découverts par Danaos, venu d'Égypte dans cette partie de la Grèce qui s'appelait auparavant « Argos sans Eau »[172].

  • Les carrières furent découvertes par Cadmos, à Thèbes, ou, d’après Théophraste, en Phénicie ; les tours, par les Cyclopes d'après Aristote, par les Tirynthiens d'après Théophraste[173].

  • Selon Théophraste, c’est sous l’impulsion d’Hérodote et Thucydide que l’on s’est mis à écrire l’histoire dans un style plus élégant[174],[1] Théophraste a écrit la première histoire de la philosophie, tout comme Eudème de Rhodes écrivit la première histoire de l’astronomie et des mathématiques[175].


  • Timée de Tauroménion accuse Aristote et Théophraste d'avoir faussement représenté les lois et les coutumes des deux nations locriennes[176],[177].

  • Théophraste a voulu faire comprendre que les juifs recevaient des instructions et des révélations divines ; il attribuait aux Juifs des usages d'immolation des victimes qui leur étaient étrangers. Aristote et Théophraste partagent un philosémitisme reconnu, ouverture aux étrangers très peu commune aux grecs : « Théophraste parle des Juifs […] comme des philosophes par naissance, en trouvant dans la loi juive une sorte de correspondance aux Lois de Platon » (Livre XII)[178],[62]. « Les Juifs qui habitent en Syrie immolent encore aujourd'hui, dit Théophraste dans son Traité de l'Abstinence, de la même manière que cela a été pratiqué dès le principe. Si on nous enjoignait de nous conformer à leur rite, nous renoncerions à l’usage des sacrifices ; car sans se nourrir des viandes immolées, ils passent la nuit entière à les consumer complètement, en faisant d’abondantes libations de miel et de vin sur les victimes, ayant soin de les réduire en cendres au plus vite, pour que l'astre qui voit tout, ne découvre rien de cette férocité. Les jours qui précèdent et suivent cet acte religieux, sont consacrés par le jeûne et pendant tout ce temps ce peuple éminemment philosophe n'a pas d'autre entretien que sur le dieu. Pendant la nuit ils observent les astres, et à force de les étudier ils entendent des voix divines. Ce sont eux qui, les premiers, forcés par la nécessité et non pour satisfaire leurs passions, se sont immolés eux-mêmes avant d'immoler d'autres animaux »[179]. En l'occurrence, il se trompe quant à la relation des juifs aux sacrifices humains et aux observations astrales.

  • Théophraste contredit Héraclide du Pont au sujet de la loi de Dracon qui condamnait à mort toute personne déclarée oisive[180] : le premier dit que c'est une loi de Solon, et que Pisistrate l'a imitée et généralisée ; le second prétend que c'est une loi de Solon qui avait déjà été appliquée[181].



Musique |


La tradition veut que la déesse Rhéa a inventé la danse ; selon Théophraste, c’est Andron de Catane en Sicile qui le premier s’avisa d'accompagner les sons de sa flûte de mouvements de son corps, qui marquaient une espèce de cadence[182]. Dans son traité De l’Enthousiasme, Théophraste dit « que la musique peut guérir des maladies ; la sciatique, si l’on joue sur le mode phrygien pour enchanter le mal, et que pendant ce temps-là les malades ne sentent plus leur douleur. Ce mode a eu ce nom des Phrygiens qui l’ont inventé et l’ont mis les premiers en usage »[182]. Concernant la nature du son musical, Théophraste pense que la différence des sons graves et aigus consiste dans la qualité et non dans la quantité ; cette qualité ne peut être appréciée en nombre. Théophraste établit que les trois sources de la musique sont la douleur, le plaisir, et l’inspiration divine ; que chacune de ces trois causes modifie la voix et la fait dévier de ses inflexions habituelles.



Personnalité de Théophraste |


Théophraste louait l’hospitalité ; Hermippe de Smyrne dit que Théophraste se frottait d'huile et s'exerçait avant de donner cours, que lorsqu'il s'était assis et avait commencé à parler, il adaptait à ses discours tous ses mouvements, tous ses gestes[183],[1]. L’abstinence végétarienne[184],[185] de Théophraste procède de la pitié et d'une hantise de justice. Selon Théophraste, une oïkéiosis nous unit aux autres hommes, mais malgré cela, nous sommes d'avis qu'il faut détruire et punir tous ceux qui sont malfaisants et qu'une sorte d’impulsion de leur nature particulière et de leur méchanceté semble entrainer à nuire à ceux qu'ils rencontrent, et que pareillement on a peut-être le droit de supprimer, parmi les animaux privés de raison ceux qui sont par nature injustes et malfaisants, et que leur nature pousse à nuire à ceux qui les approchent. Théophraste écrit également que parmi les autres animaux, certains ne commettent pas d’injustices, il en est que leur nature ne les pousse pas à nuire, et ceux-là il juge injuste de les détruire et de les tuer, tout comme il est injuste de le faire aux hommes qui sont comme eux. Cela semble révéler qu’il n’y a pas qu’une forme de droit entre nous et les autres animaux, puisque parmi ces derniers les uns sont nuisibles et malfaisants par nature, et les autres non - tout comme parmi les hommes[186].



Doctrine |


Selon Théophraste, la beauté des objets célestes a fait naître la philosophie dans l’esprit des hommes. Les vertus et les qualités qui germent et fleurissent chez les jeunes gens se fortifient par les éloges, et vont toujours croissant à mesure que se développe en eux le sens et le courage. Selon Théophraste, Prométhée, homme devenu sage, communiqua le premier aux hommes la philosophie, d’où vint la fable métaphorique qu’il leur avait donné le feu. Théophraste faisait de Prométhée le premier philosophe, ce qui est simplement une application du littéralisme péripatéticien à une remarque de Platon[187],[188],[189]. D’après Alcinoos de Smyrne, Théophraste, au Livre VI des Causes des plantes, fait à peu près la même division des saveurs que Platon : la douce, l’acide, l’aigre, l’austère, la salée, l’acre, et l’amère[190].


Penseur aristotélicien, Théophraste suit la tendance spéculative. Les deux élèves d'Aristote qu'étaient Théophraste et Dicéarque s'opposèrent sur la question de savoir s’il fallait opter pour une vie selon l’intellect ou pour une vie engagée dans la Cité ; Théophraste est adepte de la νοῦς χωριστός d’Aristote, position en faveur de la vie contemplative, s’opposant ainsi à Dicéarque, adepte du βίος πρακτικός. Il enseignait avec un égal succès la rhétorique et la philosophie ; il s’est occupé de grammaire ; en logique, il a commenté presque toutes les parties de l’Organon. En morale, il plaçait la vie spéculative au-dessus de la vie pratique[191] ; l’adversité, les chagrins, les grandes souffrances sont incompatibles avec le bonheur de la vie. Théophraste insistait sur la nécessité de joindre les biens extérieurs à la vertu pour vivre heureux, et maintenait que la vertu mérite d’être recherchée pour elle-même[192]. Théophraste nomme dieu tantôt le ciel, tantôt l'esprit[193]. Tantôt il attribue à l’intelligence le premier rang parmi les êtres divins, tantôt c’est le ciel qui est la divinité suprême, puis les constellations en zodiaque et les astres[194]. Théophraste dit dans son enseignement que les choses qu’enseigne la religion ont été prouvées comme étant fausses non pas dans l’ensemble de l’ouvrage, mais précisément à l’endroit où il a été montré que les dieux ne sauraient être. Ainsi, la position de Théophraste est sceptique, et l’examen débouche sur un aveu d’ignorance concernant tout ce qui dépasse l’évidence immédiate des sens. On retrouve le mépris pour les liturgies entre autres événements religieux chez Socrate, que l’on accuse entre autres d’introduire de nouveaux dieux ; chez Platon, qui traite des idées de son maître dans son Ménexène ; chez Théophraste, qui commente les liturgies et autres événements religieux, et finalement chez Démétrios de Phalère : Scientifique, on peut se poser des questions sur la foi dans l’enseignement de Théophraste, quand on sait que son élève Démétrios de Phalère une fois au pouvoir à Athènes fit abolir les liturgies. Alors qu’il critique par le Caractère de l’Avare[195] le coût des sacrifices, Théophraste caricature les croyances par le Superstitieux[195] en le démontrant face à une divinité introduite tardivement dans les coutumes de la vie. D’après les livres Contre Jovinien de Jérôme de Stridon, Théophraste a écrit contre le mariage ; après avoir retracé en détail les ennuis du mariage et ses inquiétudes, il se prononce contre : selon lui, le sage ne doit pas se marier[196]. Théophraste, qui pourtant exhortait les hommes à mettre leur espérance dans l’instruction plutôt que dans les richesses, dit dans son livre De la richesse que l’avantage du riche est de pouvoir se permettre les somptuosités des fêtes fastueuses données au peuple. Théophraste affirme l’établissement de ses doctrines comme découlant de leur nature elle-même, étroitement attachée aux sens ; sa position est ambiguë : parfois, il semble être conscient de son ambiguïté. Ce faisant, son enseignement se situe lui-même sur le terrain de l’opinion, ne découle pas des arguments et des démonstrations avancés dans chaque cas[197], mais de l’inexistence des dieux, établie à partir de l’expérience : les dieux des religions ne sont pas sensibles, et on ne saurait donc s'en faire une idée, et ce qui ne peut être connu par sa nature même « n’est pas ».


Les trois piliers de sa démarche sont :



  • Description

  • Dénomination

  • Classification[198].


Selon Théophraste, la connaissance certaine vient par les sens ; l'intellect matériel était une substance ni engendrable ni corruptible, tandis que les intelligibles existant en lui en acte. Selon Théophraste, le sentiment est le principe de la foi[199]. Il a établi que croire n’est pas connaître : si l’on croit, on ne connaît pas ; si l’on connaît, on ne croit pas, mais on sait[200]. Cette pensée n’est pas sans rappeler celle de Platon : ce que l’homme connaît il ne le cherche pas parce qu’il le connaît, et sachant cela il n’a nul besoin de le chercher ; mais ce qu’il ne connaît pas, il ne le cherche pas non plus, parce qu’il ne saurait pas ce qu’il doit chercher[201]. Plutarque[202] cite Théophraste : « Un général doit mourir en capitaine et pas en soldat »[203]. Selon Épicure puis Aristote et enfin Théophraste, la raison tout entière est tirée des sens, et toutes les pensées émanent d’eux. Là où Platon admet l’âme comme une substance qui n’est pas perçue par les sens, mais semblablement par le seul entendement et la pensée, Théophraste remarque qu'affirmer que l’âme est conçue par le seul entendement signifie nier absolument qu’elle puisse être comprise, puisqu’il n’y a rien dans l’entendement qui n’a pas été préalablement dans les sens[204]. Théophraste réduit à des mouvements les énergies de l'âme.
Théophraste explique par la théorie aristotélicienne des quatre causes (matière, forme, cause efficiente et cause finale) et enseigne qu’il y a trois sources de connaissance[205] :



  • La connaissance certaine et évidente

  • La conjecture et l’opinion

  • La foi



Éthique |


En matière d’éthique, selon Théophraste l’amitié, rare parmi les hommes, est au-dessus de tout sentiment de charité ; quand l’amitié est née, il faut avoir confiance ; avant qu’elle naisse, il faut être sur ses gardes. Selon Théophraste, l’amour est la passion des âmes désœuvrées, une maladie de l’âme oisive, l’excès d’un désir déraisonnable qui connaît une apparition rapide, mais une guérison lente. D’après son livre Sur les Passions, la rancœur, le ressentiment et la colère déclare différer par le degré et ne pas relever de la même espèce. Selon Théophraste, on doit accepter un léger déshonneur si la vie ou la réputation d’un ami en dépend, et il ne faut pas attendre d’avoir donné de l’affection pour se faire juge, et retirer cette affection une fois que l’on a jugé ; il est permis de se départir légèrement de la justice en faveur de l'amitié. Théophraste a écrit que « l’erreur est dans l’action et non dans le jugement », et considère désireux de nuire, comme « pervers » tel qui pense lors d'un litige « que ce n'est pas l'homme, mais l'affaire qu'il faut juger »[206].


Le bonheur dépend d’influences externes et de la vertu. Pour lui, sans la vertu, les biens extérieurs n’ont aucune valeur ; mais il se montrait peu rigide et permettait à l’homme de s’écarter des règles morales pour acquérir un grand bien ou pour lui éviter un grand mal[207]. Si, comme l’écrit Platon, entre amis tout est commun, il faut que nous soient communs les amis de nos amis. D’après Théophraste, Platon[208] tend à identifier l’Idée du Bien avec le dieu suprême. Le bien est la valeur normative de la morale, avec comme opposé le mal. Théophraste, d’après Eusèbe de Césarée[209], très critique envers les sacrifices comme étant des souffrances affligées à des êtres vivants, cite les trois raisons d’offrir un sacrifice aux dieux : « rendre hommage, remercier pour un bienfait, obtenir une faveur »[179]. Puisqu’il soutenait contre Aristote que les animaux sont capables de raisonnement, il les considérait comme supérieurs aux plantes, et selon lui il n’était donc pas éthique de manger de la viande ; selon Élisabeth de Fontenay, l’abstinence de Théophraste procède de la pitié et de la justice. Selon l’avis de Théophraste, il ne faut sacrifier que ce sur quoi les théologiens sont d’accord, moins nous aurons de soin de nous dégager de nos passions, plus nous dépendrons des mauvaises puissances, et plus il sera nécessaire de leur sacrifier pour les apaiser ; on sacrifie aux dieux avec l’intention de leur prouver le respect que l’on a envers eux, ou pour leur exprimer sa reconnaissance, ou enfin dans le but d’obtenir d’eux les biens dont on a besoin.


Théophraste rejeta avec vigueur les correspondances entre plantes et animaux qu’avait établies Aristote, soulignant qu’enlever aux animaux la raison ou l’entendement signifie les priver des sens, ce qui semble ridicule, puisque cela revient à les priver de la sensibilité, qui les définit. Les animaux, d’après Théophraste, peuvent raisonner, sentir et ressentir de la même manière que les êtres humains[210],[211]. Théophraste présente l’orphisme de façon critique : les adeptes de l’orphisme, disciples initiés, sont montrés comme des gyrovagues vendant des purifications à un public crédule et avide de garanties spirituelles à bon compte, des individus qui vivant éloignés des cités, sont considérés comme des purificateurs.



Théophraste à propos des Présocratiques |



Théophraste à propos de Thalès |


Théophraste résume la théorie de Thalès qui voulait que la vie anime la matière en parlant de « mouvement éternel » ; pour Théophraste, tous les changements de la matière en dépendent.



Théophraste à propos de Diogène d'Apollonie |


Théophraste a reproché à Diogène d'Apollonie des points de vue irréconciliables : si toutes choses ne dérivaient pas d'un principe unique, il n'y aurait ni agir ni pâtir. Dans son ouvrage Sur les Sens, il pose la question quant à savoir pourquoi les oiseaux ne nous dépassent-ils pas en raison si c'est la pureté de l'air respiré qui décide de la finesse et de l'excellence des dons intellectuels, et pourquoi le cours des pensées ne change-t-il pas du tout au tout chaque fois que nous changeons de demeure, et selon que nous respirons l'air des montagnes ou celui des marécages.



Théophraste à propos de Démocrite |


Il reproche notamment à Démocrite de ne pas tout expliquer de la même manière, pas même tout ce qui rentre dans le même genre. Théophraste a discuté les points de vue de Démocrite, dans Causes des plantes[212], dans Sur les sensations[213] ainsi que dans De Démocrite et Sur Démocrite. Aristote et Théophraste citent explicitement Démocrite comme étant à l’origine de la théorie atomiste. Théophraste attribue à Leucippe l’ouvrage Grande organisation du monde, que l’on dit être de Démocrite.



Théophraste à propos d’Héraclite |


Théophraste attribue à l’humeur impulsive d’Héraclite l’imperfection de certaines parties de son ouvrage et ses contradictions ; selon Théophraste, l'obstination d’Héraclite l’avait conduit parfois à des exposés incomplets et contradictoires. Théophraste attribue deux sortes d’exhalaisons à Héraclite : la sèche et l'humide.



Théophraste à propos de Parménide |


Selon Théophraste, Parménide dit que la connaissance a lieu suivant que ce soit l’âme ou la pensée qui l’emporte sur l’autre. La pensée est meilleure et plus pure lorsque le chaud prédomine, celle qui a lieu par le chaud est meilleure et plus pure. La proportion du chaud et du froid joue sur dépendent la mémoire et l’oubli. Le semblable est senti par le semblable le cadavre ne sent rien du fait de l’absence de chaleur. Théophraste dit encore que Parménide reconnaît l’infériorité des sens et l’opinion sur la pensée, ne fait pas encore de distinction entre sensation et raison.



Théophraste à propos de Gorgias |


Théophraste a écrit qu’il fut l’élève d’Empédocle d'Agrigente avec qui il apprit la rhétorique. Il en tient aussi une conception de la connaissance qui dit que les corps émettent des particules. Or, les appareils sensitifs sont munis de pores. La sensation ne se produit que lorsque les pores des organes sensoriels sont d'un calibre conforme à celui des particules qui les rencontrent : trop larges ils les laissent filtrer, trop étroits ils les retiennent[214]. Cette théorie est, d'après Théophraste, celle de Gorgias héritée de son maître.



Théophraste à propos d’Empédocle |


Théophraste dit qu'Empédocle fut l’émule de Parménide[215], dont il imita les poèmes, et que selon lui, c’est le sang qui détermine la pensée, car c'est surtout dans le sang que se tempèrent réciproquement les divers éléments[216]. Tout un chapitre de Sur les Sensations critique Parménide et Platon, et un autre est entièrement est consacré à souligner les nombreuses erreurs d'Empédocle[217].



Théophraste à propos d’Anaximandre |


Anaximandre relie l’engendrement non pas à l’altération de l’élément, mais à la séparation des contraires à travers le mouvement éternel[218].


Théophraste rapporte ce qu’Alcméon de Crotone pensait de chacun des sens :



  • L’ouïe : pour Alcméon de Crotone, le vide contenu dans les oreilles répercute les sons par vibration ;

  • L’odorat : par le nez, le souffle parvient jusqu'au cerveau ;

  • Le goût ;

  • La vision : elle se produit à travers l'eau qui est dans les yeux ;

  • Le toucher : selon Théophraste, Alcméon ne dit rien de ce sens, ni comment ni par quoi il se produit.

  • D’après Théophraste[219], Alcméon rejetait la thèse qui explique la sensation par le semblable.


Après la mort de Théophraste, le Lycée n’a plus produit d’œuvre originale.



Théophraste à propos des Socratiques |




  • Théophraste dit que Platon fut le premier par la renommée et le génie, tout en étant le dernier dans la chronologie. Comme il avait voué la majeure partie de son activité à la philosophie première, il se consacra aussi aux apparences et aborda l’Histoire Naturelle, dans laquelle il voulut établir deux principes : l’un subissant, comme la matière, et appelé récepteur universel, l’autre agissant, comme une cause, et qu’il rattache à la puissance du dieu et du bien.

  • Théophraste commente également le slogan platonicien qui dit qu’« entre amis tout est commun » de La République : si on suit cette voie, les amis des amis doivent l’être au premier chef, et avant de choisir ses amis, il faut les juger. En parallèle, selon Théophraste, il ne faut juger les étrangers quand on les aime, mais les juger avant de les aimer.

  • Du plaisir, il commente Platon, à qui il donne tort. Théophraste contredit Platon en affirmant qu’il n’existe pas de plaisir vrai ou faux, mais qu’ils sont tous vrais ; selon lui, s’il existait un plaisir faux, ce serait un plaisir qui n'est pas un plaisir. Assurément, rien de tel ne s’ensuivra ; en effet, l’opinion fausse n’en est pas moins une opinion. Mais même s’il s’ensuit cela, Théophraste se demande ce qu’il y aurait d’absurde à ce que le plus bas plaisir, semblant un plaisir, n’en soit pas un. C’est qu’il existe aussi un être entendu autrement, qui n’est pas l’être entendu simplement ; ainsi, ce qui est engendré n’est pas l’être en tant que tel. En effet, même Aristote pense qu’il existe certains plaisirs relatifs et non en tant que tels, comme ceux des malades qui goûtent l’amer comme le doux. D’après Théophraste, le faux se présente sous trois formes : Soit comme un caractère feint, soit comme un discours, soit comme une chose qui est. Théophraste se demande relativement à quoi le plaisir est-il donc faux, car selon lui le plaisir n’est ni un caractère, ni un discours, ni un être qui n’est pas, car telle est la chose fausse, caractérisée par le fait qu’elle n’est pas. Il faut rétorquer que le plaisir faux est relatif à ces trois définitions ; car le plaisir est feint s’il vient du caractère feint, irrationnel, quand l’opinion s’égare et se dirige vers le faux au lieu du vrai et y trouve son plaisir, et n’existant pas quand il est imaginé en l’absence de la douleur, et cela sans que rien d’agréable soit présent.



Catalogue des œuvres de Théophraste |


Dans le cinquième livre des Vies, doctrines et sentences des philosophes illustres, Diogène Laërce donna le catalogue des œuvres, qui l'impressionne par sa quantité : « il a laissé des livres, lui aussi, le plus grand nombre qui est possible. Eux aussi, j'ai jugé légitime d'en donner la liste parce qu'ils regorgent d'excellence en tous domaines ». Le catalogue rassemble en fait quatre ou cinq listes par ordres alphabétiques, bien que l'ordre est bouleversé à plusieurs reprises et que la Métaphysique n'est pas spécifiquement indiqué. Diogène indiqua que cela forme 230 850 lignes, un chiffre peu vraisemblable, car les comparaisons avec les ratios lignes/nombre de livre, sur Aristote et Straton, indiquerait des écarts beaucoup trop élevés[220].


On attribue à Théophraste un traité Sur la Métaphysique, que l'on soupçonne d'être le Περὶ τῶν ἁπλῶν διαπορημάτων αʹ du Catalogue rapporté par Diogène Laërce[221]. Nicolas de Damas attribue l'ouvrage à Théophraste ; Brandis en 1823, Wimmer en 1854, et Usener en 1890 en fixent le texte, et l'authentifient. Fobes et Ross, de l'Université d'Oxford, publient en 1929 leurs travaux de traduction et commentaires de la Métaphysique de Théophraste. Jules Tricot, dans sa traduction de la Métaphysique de Théophraste, considère que les travaux de Fobes et Ross sont de qualité supérieure à ce qui a été fait jusqu'alors. Il est important de noter que l'attribution à Théophraste n'est pas contestée.


Aucune référence à la Métaphysique n’est connue entre le temps de Théophraste et le Ier siècle ; Cicéron ne parle jamais de cet ouvrage. Après le temps d’Andronicos de Rhodes, quelques commentateurs, dont Nicolas de Damas, semblent avoir composé une Θεωρία τοῦ Ἀριστοτέλους μετὰ τὰ Φυσικά / Theoria tou Aristotelous meta ta physika, titre qui fait apparaître l'expression qui allait devenir le nom du texte d’Aristote : Μετὰ τὰ Φυσικά / Meta ta physika. On a attribué ce titre à Andronicos de Rhodes, mais on le trouve dans un fragment de Théophraste sur la philosophie première.


Le traité moral περὶ ἡδονῆς (Sur le Plaisir) est également attribué à Théophraste, mais pourrait avoir été un ouvrage de Chaméléon d'Héraclée, autre disciple d’Aristote cité par Athénée. Ce qui nous reste de Théophraste a été publié par Camerarius en 1541, Daniel Heinsius (Éd. Leyde en 1613) et par Johann Gottlob Schneider en 1818 (Éd. Leipsick, 5 vols.). Les Caractères ont été traduits en français en 1688, puis adaptés et imités par Jean de La Bruyère : longtemps on n'a possédé que 28 chapitres de cet ouvrage ; on a découvert en 1786 les chapitres 29 et 30. Ce traité inspira Ariston de Céos, Jean de La Bruyère et Jean de La Fontaine, entre autres ; l’Anthologie Palatine cite un philosophe péripatéticien nommé Satyros d'Olynthe, également disciple d'Aristote, qui rivalisa avec Théophraste en écrivant des Caractères.


Proclos considère que Du ciel est l’œuvre de Théophraste[222]. D’après Philodème de Gadara, le premier livre des Économiques d’Aristote a été écrit par Théophraste, et est inspiré de l'ouvrage homonyme écrit par Xénophon[223]. Certains fragments d’un ouvrage péripatéticien intitulé Sur les couleurs a été attribué à Théophraste[224]. Dans ses livres Contre Jovinien, Jérôme de Stridon cite un Livre de la nuit, dont il parle au Livre XIV ; Priscien cite un Traité sur l'Imagination et l'Intelligence[225]. Diogène Laërce donne de Théophraste les titres suivants[226] :



Une lettre du pseudo-Théophraste circule, extraite du Manuscrit 483 du Vatican parmi les lettres de Cratès de Thèbes, un philosophe cynique. Au cours de l’Antiquité, les travaux de Théophraste furent prolongés par ceux de Pline l'Ancien et de Dioscoride, mais déjà après les conquêtes moyenne-orientales d’Alexandre le Grand, la pensée magique mésopotamienne et égyptienne avait commencé à contaminer la pensée hellène. Mettant un terme à cette période riche en observations suivra, jusqu’à la Renaissance, ou la période du Moyen Âge, pendant laquelle les études botaniques ne seront plus que la reprise des travaux anciens, sans nouveauté.


Signe de son rôle précurseur en botanique, l’IPNI a attribué à Théophraste une abréviation en botanique, chose très rare pour un auteur d’avant le XVIe siècle.



Notes et références |



Notes |




  1. En grec ancien Τύρταμος.


  2. En grec ancien Θεόφραστος.


  3. Lorsqu’il prit la direction de l’école, il avait 49 ans, selon les Mémoires de l’Académie des sciences, arts et belles lettres de Dijon, p. 12 - Éd. de 1840.


  4. Sophocle, fils d’Amphiclide, à ne pas confondre avec le poète.


  5. issue de son Callisthène (frag. 493, Fortenbaugh)


  6. ελληνισμός


  7. σαφήνεια


  8. πιθανότης


  9. κόσμος : kósmos, signifiant « monde ordonné » en grec ancien


  10. ήδύ


  11. πράξιν



Références |




  1. a b et cAulu-Gelle, Nuits attiques [détail des éditions] (lire en ligne) Livre XIII (5)


  2. Pellegrin 2014, p. 12


  3. Des Vents (fragments 31 et 59).


  4. Frag. 59, Éd. Wimmer.


  5. De Natura Deorum, Livre I


  6. Plutarque : Contre Colotès (1110-1111)


  7. Amigues 2010, p. 246.


  8. Mémoires de l’Académie des sciences, arts et belles lettres de Dijon p. 12, éd. de 1840.


  9. Diogène Laërce, Vies, doctrines et sentences des philosophes illustres [détail des éditions] (lire en ligne) (Livre 5)


  10. 1988 Duhot, p. 76.


  11. Jaeger 1997, p. 114 et 446-447


  12. Plutarque, Contre Colotès


  13. Plutarque, Qu’il n’est pas même possible de vivre agréablement selon la doctrine d’Épicure (XV)


  14. Jaeger 1997, p. 114 et note 24 p. 446.


  15. a et bJacques Brunschwig et Geoffrey Lloyd, Le savoir grec, Dictionnaire critique, Flammarion, 1996, article de Carlo Natali, p. 238-239.


  16. Diogène Laërce, Vies, doctrines et sentences des philosophes illustres, Livre V, 39.


  17. Marguerite Yourcenar 2015, p. 292-293


  18. Marguerite Yourcenar 2015, p. 292


  19. Grand Larousse encyclopédique en 10 volumes (juillet 1963) : Strya - Zyth (p. 298)


  20. Athénée, Deipnosophistes [détail des éditions] (lire en ligne) (I)


  21. Habicht 2006, p. 90-91.


  22. Blair 2010, p. 17.


  23. Diogène Laërce, Vies, doctrines et sentences des philosophes illustres, Livre V, 52


  24. Jaeger 1997, p. 325-326


  25. Strabon, Géographie [détail des éditions] [lire en ligne], Livre XIII (54)


  26. Nuits Attiques, Livre II, ch. XVII, et Histoire des classes ouvrières et des classes bourgeoises par Adolphe Granier de Cassagnac, (1838), p. 341.


  27. Athénée, Deipnosophistes [détail des éditions] (lire en ligne) (Livre IV, 1)


  28. Athénée, Deipnosophistes [détail des éditions] (lire en ligne), XIII.


  29. La Bruyère, Les Caractères, Le Livre de poche, 2004, introduction p. 16.


  30. Caractère XVIII


  31. Caractère IV.


  32. a et bZehnacker et Fredouille (2005) p. 142.


  33. De la vertu et du vice (en grec ancien : Περὶ ἀρετῆς καὶ κακίας)


  34. Aulu-Gelle, Nuits attiques [détail des éditions] (lire en ligne) Livre VIII (9)


  35. Élien, Histoires variées [lire en ligne] (VIII, 23, 12)


  36. Édouard Will, Claude Mossé, Paul Goukowsky, Le Monde grec et l'Orient, Le IVe siècle et l'époque hellénistique, PUF, 1975, p. 606.


  37. Sur la Diction (en grec ancien, Περὶ λέξεως)


  38. Diogène Laërce, Vies, doctrines et sentences des philosophes illustres [détail des éditions] (lire en ligne), Livre V


  39. Ammonios, Scholies


  40. Galien, De placitis Hippocratis et Platonis, Livre V


  41. Pernot 2000, p. 84


  42. μεγαλοπρεπές


  43. De oratore, 79.


  44. Mémoires sur les anciens orateurs de Denys d'Halicarnasse (Chap. « Isocrate » [3])


  45. De l’Interprétation d'Aristote, Hermippe de Smyrne (frag.35).


  46. En grec ancien (Περὶ τῆς λεκτικῆς Δημοσθένους δεινότητος)


  47. Frag. 3 de Diels.


  48. Théophraste Second livre des Topiques.


  49. Physique, Livre IV, 4.


  50. ὁρός


  51. γένος


  52. συμβεβηκός


  53. πρὸς ἰδιόν


  54. Essai sur la dialectique de Platon, de Paul Janet, 1855 (chapitre II, p. 121.)


  55. Proclos Commentaire sur le Parménide, Livre Premier, 13.


  56. a et bPlutarque, Œuvres morales [détail des éditions] [lire en ligne] « Livre II »


  57. L’ironie socratique est appelée εἰρωνεία.


  58. Anton Dumitriu - History of Logic - Tunbridge Wells, Abacus Press, 1977 - Vol. I, p. 207-208.


  59. soit chaque chose en particulier.


  60. Pernot 2000, p. 89


  61. D’après le Livre Premier des Saturnales de Macrobe.


  62. a et bFlavius Josèphe, Contre Apion (Livre I, 22.)


  63. Traité des lois (III).


  64. Caractères : XXVI (1) et XXIX (4).


  65. en grec ancien ἀναιδεία


  66. en grec ancien αἰδεῖσθαι


  67. hybris, en grec ancien ὕβρις


  68. Cf. Schœmann, Griechische Staais alterthümer, t. I, p. 471 ; voir Dugit, Étude sur l’Aréopage athénien, p. 120.


  69. Théophraste séjourna un temps à Thasos vers -300.


  70. séméion (du grec σημεῖον, « signe [précurseur], marque distinctive »


  71. Hermann Diels : Die Fragmente Der Vorsokratiker (frag. 70).


  72. Montagne de l’île de Lesbos.


  73. Phaénos d’Athènes, maître de Méton, était métèque.


  74. Des Signes du temps : Frag. 4 & 5 [Diels]).


  75. Essai sur l’influence des comètes sur les phénomènes de la terre, Thomas Forster, 1836 p. 101.


  76. Cicéron, Académiques (IV, 39).


  77. Aétius, Opinions (III, IX, 1 - 2).


  78. Cicéron, Premiers académiques, II, XXXIX, 123.


  79. Métaphysique : Livre I ; Abrégé de l’origine de tous les cultes (Chapitre II).


  80. Des Signes du Temps, frag. 194, Diehl


  81. Cicéron, De la nature des dieux, XIII.


  82. en grec ancien Περὶ πυρός


  83. Edmund von Lippmann Zur Geschichte des Wasserbades, dans Abhandlungen und Vortäge zur Geschichte der Naturwissenschaft (2 vols.) 1906-1913, cité par (Patai 1995, p. 62).


  84. 41 f.


  85. Livre VI


  86. Cicéron, Tusculanes, V, 9.


  87. L’authenticité dans la Lettre à Pythoclès attribuée à Épicure est douteuse et suspecte à Philodème de Gadara.


  88. Alexandre d'Aphrodise, Commentaire sur la Physique d'Aristote, Livres IV à VIII.


  89. Platon, Œuvres complètes, Flammarion, sous la direction de Luc Brisson, Paris, 2008 (p. 288).


  90. Stobée, Eclogæ Physicæ : IX, § 40 (Traduction de Marie-Nicolas Bouillet).


  91. Exemple : un animal sans vie n'est plus un animal, s'il est mort. (Tricot)


  92. en grec ancien ὄρεξις ἀρίστη


  93. Théophraste, Métaphysique, p. 310, éd. Brandis.


  94. ὄρεξις


  95. ἔφεσις


  96. Jaeger 1997, p. 359-360.


  97. Simon 1839, p. 141.


  98. En grec : Δυοῖν ὄντοιν στοιχείοιν, κατὰ τὸ ὑπέρβαλλόν ἐστιν ἡ γνῶσις. Ἐὰν γὰρ ὑπεραίρῃ τὸ θερμὸν ἢ τὸ ψυχρὸν ἄλλην γίνεσθαι τὴν διανοίαν. Voir Simon Karsten, philologue : Parmenid. Eleat. reliq., p. 126 de l’édition en anglais.


  99. Ennéades.


  100. Aristote ne signale que quatre indémontrables dans la première figure


  101. en grec ancien Περὶ Φυτῶν Ιστορίας


  102. Historia Plantarum en latin.


  103. Περὶ Φυτῶν Αἰτιῶν


  104. a et bThéophraste, Recherche sur les plantes, Belin, 2010, 414 p.


  105. Trad. du 1er Livre de Théophraste Sur les Plantes aux Éd. Leroux, 1887, par Émile Egger et le Docteur Eugène Fournier.


  106. Olivier Lafont, « L’histoire des plantes de Théophraste : Suzanne Amigues, (Trad.) Théophraste, Recherches sur les plantes, livres VII et VIII », Revue d’histoire de la pharmacie, vol. 92, no 341,‎ 2004, p. 132 (lire en ligne)


  107. Guy Ducourthial, Flore magique et astrologique de l'Antiquité, Belin, 2003


  108. en grec ancien : δένδρον


  109. en grec ancien : θάμνος


  110. en grec ancien : φρύγανον


  111. en grec ancien ποα


  112. Voir[Où ?]Joëlle Magnin-Gonze, Histoire de la botanique, Delachaux & Niestlé, 2004(ISBN 2-603-01495-1)


  113. Histoire des plantes, (Livre IX).


  114. ἄμπελος ἀγρία / à corriger (ἡ)


  115. Histoire des plantes, IX, 20, 3 : θερμαντικὸν δὲ καὶ δριμὺ καὶ τῆς ἀμπέλου τῆς ἀγρίας ἡ ῥίζα˙ διὸ καὶ εἰς ψίλωθρον χρήσιμον καὶ ἐφηλίδας ἀπάγειν˙ τῷ δὲ καρπῷ ψιλοῦσι τὰ δέρματα)
    « Comme drogue échauffante et âcre, il y a encore la racine de la vigne sauvage, utilisée par conséquent comme dépilatoire et pour éliminer les taches de rousseur ; le fruit sert à dépiler les peaux ».



  116. en grec ancien µύκης : de ce mot dérive le mot mycologie.


  117. « diospyros », en grec ancien Διόσπυρος.


  118. Harvard


  119. A. coronaria et A. pavonina


  120. Amigues 2010, p. 244


  121. Amouretti 1986, p. 33 n.3


  122. Amigues 2010, p. 270, 271, 278


  123. Brun 2003, p. 32.


  124. Mayr 2010, p. 90, 91


  125. Mason 1962, p. 46


  126. Amigues 2010, p. 350, 351


  127. Recherches sur les plantes, (IX, 8, 8).


  128. Théophraste, Recherches sur les plantes (IX, 3).


  129. On lui doit la description, entre autres, du chrysocolle, du cinabre, du saphir.


  130. Amigues 2010, p. 270


  131. Histoire de la truffe.


  132. René Desfontaines Inst. Mém. scienc. t. V, p. 162.


  133. a et bA. Carnoy, Dictionnaire étymologique des noms grecs de plantes, Louvain, Publications Universitaires, 1959(OCLC 3284108)


  134. (sv) Den virtuella Floran : Verbascum thapsus, consulté le 29 décembre 2006.


  135. Michael L. Charters, « Plant name: T », sur California Plant Names: Latin and Greek Meanings and Derivations, Calflora.net (consulté le 6 décembre 2006)


  136. Nels R. Lersten et John D. Curtis, Anatomy and Distribution of Foliar Idioblasts in Scrophularia and Verbascum (Scrophulariaceae), vol. 84, décembre 1997, 1638-1645 p. (DOI 10.2307/2446461), chap. 12


  137. Histoire des plantes, Livre IX, 8, 8.


  138. Amigues 2010, p. 350.


  139. Aulu-Gelle, Nuits attiques [détail des éditions] (lire en ligne) Livre IV (13)


  140. Commentaire des Météorologiques d'Aristote d’Alexandre d'Aphrodise : Livre IV (30)


  141. en grec ancien στηλλἰον [stellion])


  142. Histoire Naturelle : L. VIII, Ch. XLIX.


  143. Sur les plantes, livre 1.


  144. Théophraste : Sur les plantes : Livre 1.


  145. Sur les plantes (Livre IV, 3)


  146. Pline l'Ancien et Eustathe de Thessalonique également.


  147. Πρασοκουρίς en grec ancien : l'insecte pourrait être une courtilière.


  148. σαπρότης


  149. Causes des plantes, Livre III (22)


  150. Pline l'Ancien, Histoire Naturelle, Livre XXVII (Chapitre 13-15).


  151. Amigues 2010, p. 161, 162


  152. Alcméon de Crotone, cité par Théophraste : Des Sens (25)


  153. Angus Taylor, Animals and Ethics (Broadview Press, p. 35.)


  154. Épit. I, 147.


  155. Arnaud Zucker, professeur de littérature grecque à l’université de Nice et directeur adjoint du CEPAM, spécialiste de la biologie et l’astronomie antiques, et de la tradition encyclopédique : Théophraste à mots découverts, 2008, p. 8.


  156. Hendrik Cornelius Dirk De Wit, Histoire du Développement de la Biologie, Volume III, Presses Polytechniques et Universitaires Romandes, Lausanne, 1994, p. 370 (ISBN 2-88074-264-1)


  157. Livre VII (13, 4)


  158. victime de Deisidaimonia, obsessionnel dont le nom est proche d’un synonyme de religion (en grec ancien δεισδαιμονια)


  159. frg. 254 de fragmenta, par Valentin Rose, classiciste allemand (Leipzig, 1886)


  160. Vors. 397, 37-41


  161. Plutarque, Vie d’Alexandre.


  162. Les Nuits Attiques (6, Ch. VIII)


  163. Livre XVI, Ch. 15


  164. Trad. de l’Abbé Gedoyn, Extraits de Photios - Paris, imprimerie royale (1743)


  165. Plutarque : De l'intelligence des animaux, p. 83 (Éd. arléa - 2011)


  166. Pline l'Ancien, Histoire Naturelle, Livre XXXI (Chapitre 9-10)


  167. Histoire des plantes (IX, 8, 6)


  168. Macrobe, Commentaire du songe de Scipion (chapitre XV)


  169. en grec ancien, Περὶ Λίθων


  170. En grec ancien, Ἠθικοὶ Χαρακτῆρες


  171. Marcel Detienne, p. 174


  172. Pline l'Ancien, Histoire naturelle (Pline l'Ancien, Histoire naturelle [détail des éditions] [lire en ligne] : Livre VII)


  173. Pline l'Ancien, Histoire naturelle [détail des éditions] [lire en ligne] (VII, 56)


  174. Cicéron, De oratore (II, 13)


  175. Proclos, in Euclidès : p. 65, 7 ; 157, 10 ; 250, 20 ; 299, 1 ; 352, 14 (Friedlein)


  176. Histoires de l’historien Polybe de Mégalopolis, qui prend sa défense au Livre XII (fragment XIV)


  177. Histoires, notes de Denis Roussel pour la Bibliothèque de la Pléiade (éd. Gallimard), 1970


  178. p. 203 de Feldman 1992


  179. a et bPorphyre de Tyr : Sur l'abstinence de la chair des animaux


  180. c'est-à-dire dont on ne peut définir ou deviner ni la condition ni les ressources


  181. Traité des lois (XXV)


  182. a et bAthénée, Deipnosophistes [détail des éditions] (lire en ligne) (XXIV, 5)


  183. Athénée, Deipnosophistes [détail des éditions] (lire en ligne) : Livre I, 38


  184. [1]


  185. http://www.fondation-droits-animal.org/rubriques/publi_conf/publiconf_colloq.htm%7Ctitre=L'animal dans l'Antiquité|date=18-22 octobre 1994|consulté le=22 mars 2012


  186. D’après le Traité de l’abstinence de Porphyre de Tyr


  187. d’après le scholiaste d’Apollonios de Rhodes (II, 1248)


  188. Philèbe (16c, 6).


  189. [9,2] Chapitre II, Livre II, Porphyre de Tyr : Sur l’abstinence de la chair des animaux


  190. d’après Alcinoos de Smyrne : De la Doctrine de Platon (Livre VI)


  191. Cicéron : De finibus (XXVI)


  192. Cicéron, Académiques (I, 10) ; Tusculanes (V, 9)


  193. Clément d'Alexandrie, Discours aux Gentils


  194. Cicéron, De la nature des dieux (XIII)


  195. a et bCaractère XXII


  196. Contre Jovinien (Livre XIV)


  197. démarche aristotélicienne par excellence


  198. Caractéristiques de l’école péripatéticienne.


  199. Clément d'Alexandrie, Stromates, Livre II, Chapitre 2


  200. Des Sensations : I, II, frag. 28 ; I [46]


  201. Ménon (80e)


  202. Vie de Sertorius (13)


  203. On peut y voir une interprétation de Platon qui dit au Livre Ier de sa République : « Le pilote, au sens strict, est le dirigeant des matelots, et non pas un matelot. » (342d)


  204. Des Sensations (IV, II, f. 438 ; II, 586)


  205. Des Sensations (I, VI, frag. 96 ; I, 138)


  206. Les Caractères, XXIX


  207. Selon Théophraste, « l’orgueil est le mépris de tout, sauf de soi même »


  208. Théétète, aux Éd. La Bibliothèque électronique du Québec, Collection Philosophie, Volume 9 (p. 39 de l’édition traduite et commentée par Émile Chambry)


  209. Préparation évangélique (IV, 14)


  210. Angus Taylor, Animals and Ethics : Broadview Press, p. 35


  211. Cet avis ne prévalut pas et c’est la position d’Aristote selon laquelle les humains et les non-humains vivaient dans des règnes moraux différents parce que les uns étaient doués de raison et non les autres - qui persista largement jusqu’aux contestations de certains philosophes dans les années 1970


  212. Livres II, XI (7-8)


  213. Sur les sensations (50-53 et passim)


  214. Ménon de Platon (76d)


  215. d’après Diogène Laërce (VIII, Chapitre 2)


  216. Des Sensations (10)


  217. Des Sensations (12-24)


  218. Fragment A9 (traduction de Giorgio Colli 11 [B1]) d’Opinions des Philosophes (Fragment 2, traduction de Giorgio Colli, in La Sagesse grecque, Édition de L'Éclat, 1997). Extrait de Catherine Golliau, La Pensée antique, des présocratiques à saint Augustin


  219. Des Sens (25-26)


  220. Diogène Laërce, Vies et doctrines des philosophes illustres, Le livre de poche, coll. « La Pochothèque », 1999, p. 600-612 (numérotation : V, 42-50). 
    Cette traduction est utilisée pour les titres de certains ouvrages



  221. Vies, doctrines et sentences des philosophes illustres : Article sur Théophraste, 46.


  222. Simon 1839, p. 57.


  223. Gourinat et Romeyer-Dherbey 2000, p. 263


  224. W. S. Hett, Aristotle. Minor Works, éditions Loeb, Cambridge (Mass., 1963)


  225. Ennéades, Tome II.


  226. Diogène Laërce (V, 42 - 50) : « Théophraste a écrit 230 850 lignes ».


  227. Traduction française du 1er livre de Théophraste Sur les plantes par M. Émile Egger et M. le Docteur Eugène Fournier disponible sur Gallica


  228. également traduit par Causes des plantes


  229. en grec ancien Περί Ὀδμῶν, dernière partie de Causes des plantes, dont il subsiste 69 fragments ; certains se trouvent dans le Banquet des Deipnosophistes d’Athénée ;


  230. Dans lequel Théophraste rapporte que les Tirynthiens aimaient passionnément à rire, et qu'étant incapables de s’occuper d'affaires sérieuses, ils eurent recours à l’oracle de Delphes, y demandant d’être délivrés de ce penchant. L’oracle leur répondit qu'ils en seraient réellement guéris s’ils parvenaient à sacrifier, sans rire, un taureau à Poséidon, et à le jeter à la mer. Dans la crainte de manquer à la condition prescrite par l'oracle, ils défendirent de laisser venir les enfants au sacrifice.


  231. en grec ancien Περί σημείων


  232. un extrait est rapporté par Plutarque dans Propos de table


  233. Également connu sous le titre Des Sens (Περὶ αἰσθήσεων)


  234. Un extrait est conservé sur Archélaos.


  235. sans doute conservé dans les œuvres du Pseudo-Aristote


  236. Des fragments ont été conservés, dont une partie sur le papyrus d'Oxyrhynque no 53


  237. en grec ancien Περὶ εὐτυχίας. Démétrios de Phalère, philosophe et écrivain, avait rédigé sur la Tyché un traité dont l’inspiration venait de Théophraste et dont subsistent des fragments.


  238. a et bun fragment conservé par Denys d'Halicarnasse dans son ouvrage Antiquités romaines (Livre V, 8) : « les magistrats que les Grecs appelaient autrefois Ésymnètes, comme nous l’apprend Théophraste dans son traité de la royauté, étaient une espèce de tyrans électifs. Ils étaient élus par les villes dans les besoins pressants : mais ils n’avaient pas cette dignité pour toute leur vie, elle ne durait qu'autant de temps que l’utilité ou le besoin de l'état le demandait. »


  239. Un autre fragment se trouve dans le Banquet des Deipnosophistes d'Athénée : « Les rois de Perse font promettre, à son de trompe, une grande somme d'argent à celui qui aura imaginé le moyen de procurer quelque nouveau plaisir au roi, tant ces princes sont voluptueux. ». Aristote avait déjà parlé des ésymnètes au Livre III de son ouvrage Politique


  240. en grec ancien : Περὶ γελοίου, mentionné par Cicéron (de Finibus, Livre V) et dont il subsiste un extrait


  241. dont Théophraste fait mention au Livre Premier d’Histoires des plantes


  242. Un fragment est conservé chez Athénée, Deipnosophistes [détail des éditions] (lire en ligne) (XXIV, 5)


  243. fragments conservés dans le traité Des solutiones ad chrosoem de Priscien de Lydie


  244. a b c d e f g h et iPhotios, Bibliothèque : notice 278


  245. Athénée en cite un fragment : Athénée, Deipnosophistes [détail des éditions] (lire en ligne), XII, 3.


  246. quelques fragments sont conservés


  247. Dont Diogène Laërce cite un fragment à l’article de Diogène de Sinope. Diogène Laërce, Vies, doctrines et sentences des philosophes illustres [détail des éditions] (lire en ligne) (Livre VI, Chapitre 2)


  248. περὶ (τῶν) μετάλλων


  249. Diogène Laërce, Vies, doctrines et sentences des philosophes illustres [détail des éditions] (lire en ligne) (Livre VI, Ch. 2)


  250. certains fragments sont préservés chez Harpocration et Suidas


  251. très certainement le disciple de Démocrite


  252. en grec ancien Μεταρσιολογικῶν


  253. dans lequel il cite Empédocle ; il est question de Sur l’Ivresse Περὶ μέθης dans Athénée, Deipnosophistes [détail des éditions] (lire en ligne) : X, 423 et XV, 696. Aristote et Chaméléon d'Héraclée ont tous deux écrit un ouvrage du même titre


  254. partiellement conservé par Harpocration


  255. en grec ancien Περὶ πυρός : Traité en partie conservé, dans lequel Théophraste parle de spécificités des établissements de bains au IVe siècle


  256. En grec ancien περὶ παραλύσεως


  257. En grec ancien περὶ πνιγμοῦ : un extrait se retrouve chez Athénée : il s’agit d’un précepte médical


  258. Un fragment conservé dans le Commentaire sur les Catégories d’Aristote de Simplicios de Cilicie


  259. En grec ancien, Περὶ καιρῶν, traité dont subsistent quelques fragments dans Passions amoureuses de Parthénios de Nicée, ainsi que dans le traité Conduites méritoires des femmes de Plutarque.


  260. En grec ancien, Πολιτικῶν πρὸς τοὺς καιροὺς, dont un fragment a subsisté.


  261. En grec ancien Περὶ ὕδατος, dont un fragment a subsisté.


  262. En grec ancien Περὶ φιλίας : Aulu-Gelle reprend un extrait au Chapitre 3 du Livre I des Nuits Attiques : « Voici, selon moi, quelles limites il faut fixer. Entre deux amis que nous supposons gens de bien, projets, volonté, tout sans exception doit être commun ; et s’il arrive par malheur que l’un d’eux ait besoin d’assistance dans les choses qui ne soient pas absolument justes, mais où il s'agisse pour lui de l'honneur ou de la vie, l’autre pourra dévier un peu du droit chemin, pourvu toutefois que l’infamie n’en soit point la conséquence. Jusqu’à un certain point l’amitié est une excuse. Je ne sais pas s’il y a ici quelque chose de préférable absolument, et si l’un des deux objets de comparaison, pris dans une proportion quelconque, doit l’emporter sur l’autre. Par exemple, on ne peut pas dire d’une manière absolue que l’or est plus précieux que l’airain ; car une quantité quelconque d’or ne devra pas toujours être préférée à une quantité déterminée d'airain. L’estimation devra dépendre du volume et du poids. Théophraste ajoute ensuite que l’appréciation du plus ou du moins en pareil cas et, en général, l’examen de ces questions de conduite dépendent de motifs extérieurs très divers ; que les considérations de personnes, de temps, de nécessités, de circonstances, dont le détail ne peut être circonscrit dans des principes généraux, déterminent, règlent notre devoir et tantôt rendent blâmables, et tantôt justifient les démarches que fait faire l’amitié. »


  263. « Philia » (φιλία) est le mot grec pour exprimer l’amitié ou la camaraderie. Il désignait à l’origine l’hospitalité (Émile Benveniste, Vocabulaire des institutions indo-européennes : I, 1969)


  264. En grec ancien, Περὶ εὐδαιμονίας. Mentionné par Cicéron, De finibus, V, et Athénée, Deipnosophistes [détail des éditions] (lire en ligne), XIII.


  265. attesté d’après le scholiaste d’Apollonios de Rhodes (Livre II, Chant IV)


  266. un extrait subsiste dans le Livre VI du Banquet des Deipnosophistes d’Athénée


  267. En grec ancien, Περὶ κολακείας. Le flatteur est le deuxième portrait du traité Des Caractères, et la définition de la flatterie est mentionnée par Cicéron, De Finibus, Livre V.


  268. Le papyrus Pap Hibeh 16 en conserverait 2 colonnes plus ou moins préservées.


  269. un passage est conservé chez Athénée (Livre XIII) : Une oie fut amoureuse d’un enfant : Dans son Érotique, Théophraste nous précise que l’enfant, Amphilique, est originaire d’Olène, ville d’Achaïe.


  270. D'après Athénée, au Livre Premier du Banquet des Deipnosophistes


  271. Plusieurs extraits sont conservés chez Démétrios de Phalère, dans son Traité de l'Éloquence (en grec ancien, περὶ ἑρμηνείας).


  272. En grec ancien, Περὶ πλούτου, dont parle Cicéron dans son Traité des devoirs (XVI) : Théophraste, qui pourtant exhortait les hommes à mettre leur espérance dans l'instruction plutôt que dans les richesses, dit dans son livre De la richesse que l’avantage du riche est de pouvoir se permettre les somptuosités des fêtes fastueuses données au peuple.


  273. Le soucis est que dans les trois manuscrits les plus anciens de la compilation de Diogène Laërce, à la suite du titre, il est indiqué le nombre 61, soit un nombre de livres beaucoup trop grand pour être vraisemblables. Les manuscrits les plus récents donnent le nombre de 17 livres. Les éditeurs sont divisés sur la correction à apporter, certains pensant que c'est une compilation d'ouvrages rhétoriques, d'autres que c'est une analyse des formes de discours, le nombre 61 ne désignant pas les livres.


  274. Sans doute conservé dans les œuvres d'Aristote.


  275. un fragment est conservé chez Simplicios de Cilicie, dans ses Commentaires des Topiques d'Aristote


  276. Akhikar : Sage babylonien, grand vizir des rois d’Assyrie Sennacherib et Assarhaddon ; philosophe et astronome (Mosaïque et culture dans l'Occident romain, par Janine Lancha - sortie : 1997 - p. 135)


  277. Περί εὐσεβείας, conservé par Porphyre de Tyr, que cite Eusèbe de Césarée dans De l'abstinence.



Bibliographie |



Ouvrages de Théophraste |




Théophraste.



  • (grc + fr) Théophraste (trad. O. Navarre), Caractères, Paris, Les Belles Lettres, coll. « Budé-Série grecque » (no 5), 2012 (1re éd. 1921), 104 p. (ISBN 978-2251006239). 

Texte établi par le traducteur. Rééd. 1964Texte en ligne



  • Les Caractères (trad. Nicolas Waquet, préf. Nicolas Waquet), Paris, Payot & Rivages, coll. « La Petite Bibliothèque », 2010, 112 p. (ISBN 978-2743621384)


  • Théophraste (trad. Suzanne Amigues), Des Pierres, Les Belles Lettres, coll. « Budé-Série grecque », 2018, 136 p. (ISBN 978-2251006239). 

  • Théophraste (trad. Jules Tricot), Métaphysique, Éditions Vrin (1re éd. 1948), 56 p. (ISBN 978-2-7116-0698-6)


  • Métaphysique Texte établi et traduit par A. Laks, G. W. Most, Ch. Larmore, E. Rudolph et M. Crubellier. Paris, Les Belles Lettres, 1993, LXXXII-132 p. 


  • Opinions des philosophes de la nature, édition des fragments en grec, par Hermann Diels, Doxographi Graeci, Berlin, 1879, rééd. 1958, p. 475-495. Titre latin : Physicorum opiniones. Hermann Diels a tenté de reconstituer l'histoire des états textuels successifs d'œuvre héritière lointaine, selon lui (voir Doxographi Græci, p. 102-118), des Opinions des Philosophes de Théophraste.


  • Traité des lois. Théophraste : Traité des lois., 1870 (Œuvre numérisée)


  • Sur les Sensations. Théophraste : Sur les Sensations., 1930 (Œuvre numérisée par Marc Szwajcer)


  • Des pierres. Théophraste : Le livre des Pierres.


  • Recherches sur les plantes. Texte établi et traduit par Suzanne Amigues. Paris, Les Belles Lettres. Tome 1 : Livres I-II. LVIII-211 p. 1988. Tome 2 : Livres III-IV.X-423 p. 1989. Tome 3 : Livres V-VI. XII-264 p. 1993. Tome 4 : Livres VII-VIII. XII-237 p. 2003. Tome 5 : Livre IX. Index. 399 p. 2006. Cette édition, qui s’appuie complètement sur l’Urbinas, renouvelle la compréhension de Théophraste tant au niveau de ses concepts que de l’identification des plantes, révisée avec l’aide de plusieurs botanistes, dont Pierre Quézel et Werner Greuter. Les notes permettent au lecteur d’en faire un usage critique.


  • Les causes des phénomènes végétaux. Texte [du De causis plantarum] établi et traduit par Suzanne Amigues. Paris, Les Belles Lettres, 2012, Livres I et II. 237 p.


  • De la vertu et du vice (en grec ancien : Περὶ ἀρετῆς καὶ κακίας) traduit par Paul Chemla, Éd. Mille et Une Nuits (2002) (ISBN 2-84205-670-1).


  • Sur les signes du temps, édi. D. Sider et C. W. Brunschön, Theophrastus of Eresus: On Weather Signs, Leyde, Brill, 2007.



Études sur Théophraste |




  • Suzanne Amigues (texte établi et traduit), Théophraste. Recherches sur les plantes, Paris, Les Belles Lettres. (5 tomes)


  • Théophraste (trad. Suzanne Amigues), Recherches sur les plantes : À l’origine de la botanique, Belin, 2010, 432 p. (ISBN 978-2-7011-4996-7). 

  • I. Bochenski, La logique de Théophraste, Fribourg, Suisse, Librairie de l'Université de Fribourg, 1947.

  • William W. Fortenbaugh, Theophrastus of Eresus. Sources of his Life, Writings, Thought and Influence, Leyde, 1992, 2 t.

  • M.-P. Loïcq-Berger, Athènes au quotidien à l'époque de Théophraste, Folia Electronica Classica (Louvain-la-Neuve) - Numéro 4 - juin-décembre 2002

  • O. Regenbogen, Theophrastos, in Realencyclopädie der classischen Altertumswissenschaft, vol. suppl. VII, Munich, 1940

  • Arnaud Zucker, Théophraste à mots découverts sur les animaux qui mordent et qui piquent selon Priscien, in Mélange Bouffartigue 2008, p. 341-350.



Sources |




  • Marcel Detienne, Les dieux d'Orphée, Éditions Gallimard, coll. « Folio Histoire », 2007 (1re éd. 1989), 240 p. (ISBN 978-2070341825), p. 174. 

  • Christian Habicht, Athènes hellénistique, Paris, Les Belles Lettres, 2006(ISBN 9780300165395)

  • Jules Simon, Du commentaire de Proclus sur le Timée de Platon, Moquet, 1839, 195 p.

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