Clément d'Alexandrie





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Biographie
Naissance

Vers 150Voir et modifier les données sur Wikidata
AthènesVoir et modifier les données sur Wikidata
Décès

Vers 215Voir et modifier les données sur Wikidata
AlexandrieVoir et modifier les données sur Wikidata
Nom dans la langue maternelle

Κλήμης ὁ ἈλεξανδρεύςVoir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance

Κλήμης ὁ ἈλεξανδρεύςVoir et modifier les données sur Wikidata
Époque

Empire romainVoir et modifier les données sur Wikidata
Domicile

AlexandrieVoir et modifier les données sur Wikidata
Formation

École théologique d'AlexandrieVoir et modifier les données sur Wikidata
Activités

Théologien, philosophe, écrivainVoir et modifier les données sur Wikidata













Autres informations
Religion

Église catholiqueVoir et modifier les données sur Wikidata
Étape de canonisation

Prélat (d)Voir et modifier les données sur Wikidata




Œuvres principales

Exhortation aux GrecsVoir et modifier les données sur Wikidata



Clément d’Alexandrie, né à Athènes vers 150 et mort en Asie Mineure vers 215, est un lettré grec chrétien, Père de l’Église. Il chercha à harmoniser la pensée grecque et le christianisme. On l’appelle « saint » Clément sans qu’il soit canonisé. On connaît au philosophe une œuvre abondante mais elle est en partie perdue.




Sommaire






  • 1 Biographie


  • 2 Doctrine


  • 3 Bibliographie


    • 3.1 Éditions anciennes


    • 3.2 Éditions


    • 3.3 Traductions françaises modernes


    • 3.4 Études anciennes


    • 3.5 Études modernes




  • 4 Annexe


    • 4.1 Articles connexes


    • 4.2 Liens externes




  • 5 Notes et références





Biographie |


Son nom complet est Titus Flavius Clemens, homonyme du consul romain qui a été exécuté en 95 sur l'ordre de Domitien, probablement parce qu'il était chrétien. Il était probablement un descendant de cette branche de la famille flavienne. Sa vie est peu connue. Païen de naissance, il se familiarisa avec tous les systèmes de philosophie de son temps. Il se convertit au christianisme et entame une série de voyages (Grèce, Italie). Il rencontre en Égypte, à Alexandrie, où régnait le mouvement intellectuel le plus animé de cette époque, la secte des éclectiques, celui qui deviendra son maître, Pantène, qui dirigeait alors l'École théologique d'Alexandrie. Désigné par le pape Démétrius Ier (12e pape d'Alexandrie) pour aller mener une mission chrétienne aux Indes, Pantène doit abandonner la direction de l'École Théologique d'Alexandrie. Il choisit alors le plus brillant de ses élèves, Clément, pour prendre sa succession. Clément d'Alexandrie prend ainsi avant Origène la direction de l'École d'Alexandrie.


En 202, les persécutions de Septime Sévère l'obligent à trouver refuge en Cappadoce, auprès de l'évêque Alexandre.


Clément d'Alexandrie est un des premiers théoriciens de l'Église à avoir présenté le christianisme comme une philosophie, en cherchant à réconcilier les prophètes bibliques et les philosophes grecs. Il fait constamment référence aux gnostiques, des références qui semblent bien souvent hétérodoxes. Il donne une grande place à l'initiation et utilise le vocabulaire des mythes païens. Son utilisation de ce vocabulaire est étrange, elle varie et présente peu de constance. Un même mot désigne des réalités bien différentes. Cela constitue des glissements dialectiques qui favorisent son idée rejetée par les Pères de « bonne gnose ». Le Christianisme oriental utilisait le mot « gnose » au sens de « théologie ». Ce n'est pas le cas de Clément qui propose des secrets réservés aux élites et des Apôtres supérieurs aux Apôtres.


Dans son Protreptique (discours persuasif), tout en polémiquant contre les dieux païens, il s’efforce de montrer la grandiose unité de la révélation divine dans l’œuvre des philosophes, des poètes et de leurs maîtres à tous, les prophètes de l’Ancien Testament. Le logos divin, apparu sous la forme du Christ, unifie tous ces messages.


Dans son Pédagogue, il affirme que tout chrétien est un « spirituel » capable de percevoir Dieu. Le propos du livre est de prendre en mains l’éducation chrétienne : il présente une éthique adaptée aux besoins des chrétiens de la classe moyenne. Le traité est divisé en trois livres : la première partie développe la formation que Dieu donne à ses enfants par l’action éducatrice de son Fils. La seconde partie (livres II et III) fournit au chrétien une règle de vie quotidienne qui doit s’imprégner de l’exemple évangélique.


Les Stromates est un ouvrage dont l’approche s’avère plus complexe. Pour l’essentiel, l’œuvre se présente sous la forme d’une réfutation des hérésies et d’un exposé de la « vraie gnose », permettant l’union mystique avec Dieu. Les théologiens ont discuté son orthodoxie doctrinale et sa fidélité à la foi chrétienne.


Son martyre n’étant pas attesté, il a cessé depuis 1751, sous Benoît XIV, de figurer dans les rares martyrologes ou il figurait. Dans sa massive Histoire générale de l’Église, l’abbé Darras signale qu’il a été inscrit sur un martyrologe de manière clandestine. De là vient la rumeur sur le fait qu’il soit déclaré saint.



Doctrine |




Opera omnia, 1715


C’est en acquiesçant à la bonté essentielle de la Création que Clément d’Alexandrie entra dans la foi chrétienne. Comme Justin le Philosophe, il accorda sa préférence philosophique à Platon qui, selon lui, s’approchait le plus de la Vérité chrétienne.


C’est dans une double perspective que Clément d'Alexandrie perçut le christianisme : d’une part en tant que « philosophie », mais aussi en tant que réalité qui, par sa force mystérieuse, est en mesure de transformer et de sublimer l’homme jusqu’au plus profond de son être. De plus, ce n’est pas tant par goût du mystère que par recherche du vrai que Clément adhéra au christianisme. Dans la doctrine chrétienne, il découvrit la vérité pleine et sévère, entière et définitive, en laquelle toute quête philosophique devait aboutir. Cette vérité comporte la connaissance de Dieu, le jugement moral et la raison.


Tandis que la lecture de Platon lui avait donné l’intuition de la Vérité, il en acquiert la certitude par la connaissance de l’Épiphanie divine, c’est-à-dire du Christ. Il lit ses expériences spirituelles comme la traduction en acte de la Vérité encore obscure du platonisme, délivrée par Dieu sous la forme d’un don à la fois rationnel (la parole du Christ) et expérimental (la vie chrétienne). Fénelon a repris ces idées ésotériques. Ce dernier a été l’objet pour cela de critiques fermes de la part des érudits de son temps.




  • Un riche peut-il être sauvé ?

Ô riche, si tu es raisonnable, navigue vers cette assemblée de fêtes (He 12, 22) et, s’il le faut, parcours toute la terre (Mt 23, 15) ! N’évite ni les dangers ni les efforts pour te procurer ici-bas un royaume céleste. Ce royaume, un homme te le donnera, parce qu’il imite Dieu. Pour avoir un peu reçu ici-bas, il te fera habiter là-haut avec lui pour toujours. Supplie-le d’accepter, hâte-toi, lutte et crains qu’il ne te juge indigne, car il ne lui a pas été ordonné de recevoir, mais il t’a été ordonné d'offrir[1].

  • Mais lui devint sombre et s'en alla tout triste


Si quelqu’un fait pénétrer l’amour dans son âme, il peut venir à bout de ses erreurs, même s’il est né dans le péché (Jn 9,34) et qu’il a commis beaucoup d’actes défendus, à condition de faire grandir en lui l’amour et d’éprouver un repentir sincère. Ne t’abandonne pas à un désespoir insensé, puisque tu sais quel est le riche qui n’a pas sa place aux cieux et comment user de ses biens pour échapper à la malédiction de la richesse, à l’obstacle qu'elle met devant la vie, et pouvoir jouir de l'éternité bienheureuse.

Admettons que, par ignorance, faiblesse ou circonstance involontaire, on tombe dans des fautes ou des erreurs après avoir reçu le sceau et la rédemption, au point d’être totalement abattu, Dieu ne prononce pas pour autant une condamnation définitive ! Les portes restent ouvertes à tout homme qui se tourne en vérité vers lui de tout son cœur, et le Père reçoit avec une immense joie le fils qui se repent vraiment (Lc 15,20-24). Le repentir véritable consiste à ne plus retomber dans les mêmes fautes et à extirper complètement de l'âme celles qui avaient entraîné une condamnation à mort ; dès qu'elles auront été éliminées, Dieu viendra de nouveau habiter en toi[2].


Clément d'Alexandrie s'appuie ici sur un dialogue de Platon mettant en scène Socrate (Premier Alcibiade, 109 e) pour expliquer l'Évangile.


Docte ignorance

« Le juste recherchera une découverte pleine d’amour et, dans son effort pour l’atteindre, il trouve le bonheur ; à qui frappe, dit la Parole, on ouvrira ; demandez, et il vous sera donné (Lc 11, 9). Car ceux qui s’emparent du Royaume ont été appelés violents (Mt 11, 12), parce qu’ils exploitent non la violence des controverses, mais celle de la continuité d’une vie droite et des prières ininterrompues.
S’arrêter à l’examen de son ignorance, voilà ce que doit d’abord apprendre celui qui marche selon la raison. L’ignorance a poussé à chercher ; en cherchant, on trouve le maître ; l’ayant trouvé, on a cru et, croyant, on a espéré ; puis, par l’amour, on s’assimile alors à l’aimé, se hâtant d’être ce qu’on a commencé par aimer.
Telle est à peu près la méthode que Socrate suggère à Alcibiade, qui l’interroge ainsi : « Ne pense-tu pas que je trouverai ? – Tu le pourras, si tu cherches. – Et ne crois-tu pas que je chercherai ? – Assurément, si tu penses que tu ne sais pas. »
C’est aussi le sens des lampes des vierges sages, qui de nuit sont allumées dans les ténèbres de l’ignorance que l’Écriture a désignée indirectement par la nuit (Mt 25, 1-13). Les âmes sages, pures comme des vierges, comprenant qu’elles sont elles-mêmes placées dans l’ignorance du monde, allument les ténèbres, chassent l’ignorance, recherchent la vérité et attendent l'apparition du Maître[3]. »



Bibliographie |



Éditions anciennes |


Le meilleur manuscrit de Clément d'Alexandrie, daté du XIe siècle, a été ramené de Constantinople par Janus Lascaris pour la bibliothèque de Laurent le Magnifique. Il est utilisé pour la première édition de l'intégralité des œuvres survivantes en 1550, préparée à Florence par Piero Vettori. Une traduction latine de Gentien Hervet est imprimée en 1551 par le même imprimeur, Lorenzo Torrentino.



Éditions |


Parmi les éditions les plus récentes, on peut signaler celle des Sources Chrétiennes publiée au Cerf, commencée en 1949 (2e édition revue et corrigée en 1991-2011), et celle de la Cambridge University Press (2005).


A noter que, aussi étonnant que cela puisse paraître, l’édition des « Sources chrétiennes » n’est pas complète, bien que la figure de Clément d’Alexandrie fût l’un des points de départ de la collection dans les années 1940. Il manque inexplicablement le 3e volume des Stromates. Personne ne sait pourquoi, ni quand cette œuvre majeure des premiers écrits chrétiens sera lisible en entier dans le monde francophone : si l’on prend en compte la date de parution des premièrs volumes, cela fait presque 80 ans que le travail est inachevé.



Traductions françaises modernes |




  • Extraits de Théodote, trad. F. Sagnard, 2° éd., Paris, Le Cerf, coll. "Sources chrétiennes", 1970, 280 p. Trad. Antoine Eugène Genoud, Le divin maître, ou Le pédagogue, 1839 [1]


  • Le pédagogue, trad. Claude Montdésert, Henri-Irénée Marrou, Chantal Matray, Paris, Le Cerf, coll. "Sources chrétiennes", 1976, 3 vol.


  • Protreptique, trad. Claude Montdésert et A. Plassart, 4° éd., Paris, Le Cerf, coll. "Sources chrétiennes", 216 p.


  • Stromates : livres I-V, trad. Pierre Voulet, Paris, Le Cerf, coll. "Sources chrétiennes". Stromates (vers 193 ss.) : livre I, trad. M. Caster, 2006, 180 p. ; livre II : trad. Claude Mondésert, 2006, 146 p. ; livre IV : trad. Claude Montdésert, 2001, 368 p. ; livre V, en 2 t. : trad. P. Voulet, 1981 ; livre VI : trad. P. Descourtieux, 1999, 432 p. ; livre VII : trad. A. Le Boulluec, Le Cerf, 1997, 360 p. Trad. Antoine Eugène Genoud, 1839 [2]


  • Le Pédagogue, traduction de B. Troo et P. Gauriat et commentaires, Édition J-P.Migne, coll. « Les Pères dans la Foi », 1991, (ISBN 2-908587-06-8)


  • Quel riche sera sauvé ?, trad. P. Descourtieux, Paris, Le Cerf, coll. "Sources chrétiennes", 2011.



Études anciennes |




  • Victor Hébert-Duperron, Essai sur la polémique et la philosophie de Clément d'Alexandrie, thèse présentée à la Faculté des lettres de Caen. Caen : A. Hardel, 1855.


  • Joseph Cognat, Clément d'Alexandrie, sa doctrine et sa polémique. Paris : E. Dentu, 1859.



Études modernes |


Clément d'Alexandrie a fait l’objet de nombreuses études, y compris dans les années les plus récentes. Voir sa notice dans CPG (Clavis Patrum Graecorum), 1375-1399.



  • André Méhat, Études sur les Stromates de Clément d'Alexandrie, Éditions du Seuil, 1966 Collection Patristica Sorbonensia, Recension dans la Revue des Études Grecques, Recension dans la Revue des Études Anciennes.


  • Claude Mondésert, Clément d'Alexandrie. Introduction à l'étude de sa pensée religieuse à partir de l'Écriture, Paris, Aubier, 1944.

  • Vera Araújo, Un riche peut-il être sauvé, Nouvelle cité, 1995 (ISBN 2853132803)



Annexe |



Articles connexes |



Liens externes |




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  • Le Pédagogue et Stromates traductions de M. de Genoude, 1846.


  • Le Pédagogue et le discours « Quel riche sera sauvé ? » en traduction française à télécharger (dans un volume de "Défense du Christianisme par les pères des premiers siècles")

  • Patristique.org, des textes des Pères de l'Église

  • Audience du pape Benoît XVI du 18 avril 2007 consacrée à Clément d'Alexandrie



Notes et références |





  1. Clément d'Alexandrie, Quel riche peut être sauvé ? 31,7 - 32,5 ; 38,4 - 39,2, trad. P. Descourtieux (Sources Chrétiennes 537, Cerf, Paris, 2011, p. 183-187)


  2. Op. cité : trad. P. Descourtieux (Sources Chrétiennes 537, p. 183-187)


  3. Stromates, 5, 16,6 - 17,3, trad. P. Voulet et A. Le Boulluec, Sources Chrétiennes 278, Cerf, Paris, 1981, p. 51-53.





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